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On a vu pour vous… A confession, Martin Freeman dans les méandres d’une enquête

Austère mais passionnante, la mini-série A confession raconte un fait divers réel en retraçant scrupuleusement l’enquête et ses complications judiciaires. 

C’est quoi, A confession ? En 2011 dans la petite ville anglaise de Swindon, Sian O’Callaghan ne rentre pas chez elle après une soirée passée entre amis. Sa famille contacte la police pour signaler sa disparition et l’inspecteur Steve Fulcher (Martin Freeman) est chargé de l’enquête. Il parvient à localiser un suspect, Christopher Halliwell (Joe Absolom) qui avoue le meurtre de Sian mais aussi celui d’un autre jeune femme disparue des années auparavant. Fulcher est confronté à un dilemme : suivre le protocole en emmenant le suspect au poste de police, ou profiter de ses aveux spontanés pour tenter de retrouver les corps et établir un lien entre les disparitions. Sa décision va peser lourdement sur les suites de l’affaire, mais aussi sur sa carrière.

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Mini-série britannique disponible sur Salto, A Confession semble au premier abord nous raconter une histoire que l’on connaît par cœur pour l’avoir vue cent fois : une jeune femme disparaît dans une petite ville anglaise, la police lance une battue pour la retrouver, on interpelle un suspect qui s’avère être un tueur en série. Pourtant, le scénariste Jeff Pope  (Philomena, ou la série Le veuf noir disponible sur MyCanal) et le réalisateur Paul Andrew Williams (Broadchurch) s’emparent du sujet pour nous proposer quelque chose d’un peu différent. D’abord, il s’agit d’un vrai fait divers, raconté dans un livre par Stephen Fulcher – soit l’inspecteur qu’interprète Martin Freeman (le Watson de Sherlock ou Le hobbit au cinéma…). Ensuite, l’affaire est retracée de manière minutieuse et scrupuleuse, avec tous les détails de l’enquête, de la procédure, des complications et des suites juridiques. 

L’histoire peut être divisée en deux parties, avec un certain déséquilibre dans la durée et la forme de la narration. Dans les deux premiers épisodes, on suit l’investigation depuis le début : une jeune femme de 22 ans prénommé Sian a été portée disparue, la police ouvre une enquête confiée à l’inspecteur Fulcher, la population locale participe aux recherches, les délinquants sexuels de la région sont interrogés et les témoins entendus… Avec son équipe, Fulcher identifie rapidement un suspect en la personne de Christopher Halliwell, un chauffeur de taxi. Contre toute attente, celui-ci avoue non seulement le meurtre de Sian, mais en reconnaît aussi un autre, spontanément : celui de Becky, une prostituée disparue des années plus tôt. L’affaire semble donc simple, le dossier plié et l’enquête résolue… mais en réalité, les choses ne vont pas se passer ainsi.

Malgré les aveux du suspect, l’affaire sera dévastatrice pour Fulcher

C’est ce que l’on va découvrir dans les autres épisodes. Dans cette deuxième partie,  A confession reste passionnante, bien qu’elle s’appuie cette fois sur des détails de procédure complexes et austères, qui peuvent parfois paraître abscons pour le spectateur lambda. Fulcher est alors confronté aux conséquences d’une décision prise face aux aveux de Halliwell, et tout le dossier est fragilisé. En effet, il existe en Grande-Bretagne un protocole appelé PACE : pour que des aveux soient jugés admissibles devant un tribunal, le suspect doit être conduit au poste de police et entériner ses déclarations en la présence de son avocat. Un système qui permet d’éviter les accusations de pression et de crédibiliser les aveux en question… mais qui offre aussi la possibilité à la personne interrogée de se rétracter, empêchant les enquêteurs d’obtenir les informations nécessaires pour résoudre une affaire.  Et c’est un des éléments centraux de la série, qui interroge sur ce protocole qu’elle présente en l’occurrence comme un procédé contre-productif, voire absurde et néfaste. 

Dès lors, on plonge dans les méandres techniques et juridiques du dossier : la violation du protocole PACE est du pain béni pour la défense, des désaccords surgissent au sein de la police, les agents de liaison doivent expliquer la situation aux familles des victimes. Surtout, la hiérarchie désavoue Fulcher qui se retrouve isolé, marginalisé et même reconnu coupable de faute grave et sanctionné par une commission d’enquête ; c’est toute sa vie qui vole en éclats. 

La mère de Becky témoigne lors du procès du meurtrier présumé de sa fille

Pour préparer le rôle, Martin Freeman a rencontré le vrai Stephen Fulcher. Sa performance est impressionnante : il incarne magistralement cet inspecteur méthodique et obstiné, mais aussi en empathie avec les familles des victimes. Ses hésitations au moment de contourner le fameux protocole, sa discussion presque surréaliste avec un suspect qui lui révèle spontanément un meurtre sur lequel personne n’enquêtait, la manière dont il parvient à garder son sang-froid, sa désillusion lorsqu’il est lâché par ses supérieurs dessinent un personnage riche et complexe, auquel on s’attache immédiatement. 

S’il porte véritablement la série, Freeman est accompagné par deux actrices tout aussi remarquables : la grande Imelda Staunton (la Dolores Umbridge de Harry Potter, entre autres), bouleversante dans le rôle d’une mère qui cherche sa fille disparue depuis des années et qui ne demande qu’à clore ce chapitre de sa vie en obtenant justice ; et Siobhan Finneran (Downton Abbey, Happy Valley) qui interprète la mère de Sian, la jeune fille dont la disparition a déclenché toute l’affaire. Joe Absolom est également très convaincant dans le rôle de Halliwell, particulièrement lors des scènes de procès.  De sorte que, malgré des détails de procédure un peu complexes,  on se laisse vite emporter par cette affaire hors norme qui suscite l’émotion et soulève aussi des questions sur le fonctionnement de la justice.

Basée sur un fait divers qui a choqué la Grande-Bretagne, A confession raconte le déroulement de l’enquête criminelle et du dossier judiciaire, du point de vue de l’inspecteur chargé de l’affaire. Si la mise en œuvre académique et la dimension technique de la procédure la rendent parfois un peu austère, c’est toutefois une  mini-série bien construite, pleine de suspense pour qui ne connaît pas les faits, et extrêmement bien interprétée. Elle est surtout frappante dans la manière dont elle montre la tragédie vécue par les familles des deux victimes, mais aussi celle d’un enquêteur dont la vie a basculé pour avoir essayé de leur rendre justice. 

 A confession.
6 épisodes de 45′ environ.
Disponible sur Salto le 31 Mars.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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