Capitaine Marleau revient avec des inédits sur France 3 avec un épisode forcément attendu. Nouvelle intrigue et nouveau guest prestigieux : Marleau fait face à l’immense David Suchet, mythique Hercule Poirot pour la BBC.
C’est quoi Capitaine Marleau, « Sang et lumière » ? Maggie, ex journaliste anglaise mariée au maire d’un village de Dordogne a été enlevée et du sang retrouvé dans sa voiture. Marleau enquête dans cette commune peuplée d’expatriés Anglais, recevant l’aide malgré elle d’un fin limier de Scotland Yard à la retraite. Tout le monde en voulait à l’exécrable Maggie, comme l’hôtelier local et sa fille. A moins que quelqu’un cherche à atteindre son mari, responsable de l’installation d’éoliennes sur la commune ? Mais quand un couvreur est assassiné, après s’être livré à un mystérieux chantage, Marleau décide de se fier à son seul instinct et de prendre ses distances avec Scotland Yard…
Rencontre au sommet pour Capitaine Marleau
La formule de Capitaine Marleau est immuable et fonctionne à merveille : une gendarme que personne ne soupçonne est confrontée à un assassin souvent incarné par un guest de renom (façon Columbo). D’immenses comédiens-nes se sont retrouvé-es confronté-es au flair de ce flic au genre bien particulier. Depardieu, Marielle, Victoria Abril, ou encore Muriel Robin et Pierre Arditi se sont suivis dans ce polar réalisé par Josée Dayan. Mais cette fois-ci, Marleau fait face à un invité so british en la personne de David Suchet, immense comédien anglais qui incarna durant quelques 25 années Hercule Poirot pour la BBC. Comme un jeu de miroir inversé, il se retrouve ici dans la position du policier britannique face à une héroïne venue d’outre-Manche (comme Poirot, venant de Belgique, l’était face aux inspecteurs de Scotland Yard, notamment Japp).
Un peu à la façon du roman d’Agatha Christie Le meurtre de Roger Ackroyd, Marleau garde près d’elle celui qu’elle trouve bien trop honnête pour être sincère sans que l’on ne vire jamais vraiment au face à face pur. Ce petit village peuplé de beaucoup d’anglais donne à la série un petit côté Barnaby pas déplaisant du tout et l’ambiance insufflée par la réalisation de Josée Dayan fonctionne à bloc.
Si l’intrigue (et la solution) est vraiment très (trop) classique et ménage aucune surprise, David Suchet est toujours d’une grande classe dans son jeu et dans sa présence à l’écran. Le duo avec Masiéro est empli de tendresse et de profond respect. Ces deux là aiment à jouer ensemble et ça se voit clairement. Suchet est un poil trop en retrait dans cet épisode, sans doute aimerait-on le voir davantage mais de très belles scènes lui sont offertes, notamment les quelques moments échangés avec Laura Smet, également une des guests de choix de cet épisode.
Laura SMET et David SUCHET
En l’espace de seulement 9 épisodes, Corinne Masiero a su créer un personnage réellement attachant, drôle, efficace dont le couvre chef est tellement devenu une marque de fabrique (comme l’imper de Columbo) que même en pleine été au fond de la Dordogne, on trouve un moyen de lui trouver un équivalent. Dans son sens du comique face à la langue de Shakespeare, impossible de ne pas penser à Louis de Funès dans La grande vadrouille. Attention cependant à ne pas devenir sa propre caricature, certains gags ou gimmicks reviennent très (trop) souvent au sein d’un même épisode.
Enfin on appréciera fortement les multiples clins d’œil un poil méta que Josée Dayan a glissé ici et là, comme quand Suchet se redresse la fausse moustache façon Poirot, ou encore la reconstitution moyenâgeuse qu’elle nous offre en guise de final et qui n’est pas sans rappeler Les rois maudits que Dayan a refait pour France 2.
Une fois de plus, Capitaine Marleau nous offre un épisode fort plaisant, efficace, portée par un guest remarquable qui nous manquait cruellement sur les écrans de la fin de Hercule Poirot il y a 5 ans. C’est certes du polar très classique mais objectivement très réussi.