Cruel Summer raconte trois étés au cours desquels la vie de deux adolescentes va basculer, lors d’une sombre histoire d’enlèvement.
C’est quoi, Cruel Summer ? Dans une petite ville du Texas en 1995, Jeanette Turner (Chiara Aurelia) est devenue la personne la plus détestée d’Amérique. Deux ans plus tôt, cette jeune fille n’était pourtant qu’une adolescente banale et un peu gauche. Comment en est-on arrivé là ? Tout est lié à Kate (Olivia Holt), la jolie blonde ultra-populaire du lycée dont elle rêvait d’être l’amie. Retrouvée quelques mois après avoir été enlevée en 1994, Kate accuse Jeanette d’avoir quelque chose à voir avec sa disparition. Jeanette est-elle réellement impliquée ? Ou Kate ment-elle, et pourquoi ? De 1993 à 1995, nous allons découvrir ces deux jeunes filles, ce qui leur est arrivé et les sombres secrets qu’elles ont cachés au cours de ces trois étés fatidiques.
Sur le papier, certaines séries ne se distinguent ni par l’originalité de leur scénario, ni par de grands noms au casting ; on se dit qu’on les a déjà vues mille fois et pourtant, il y a quelque chose, un ensemble de facteurs qui rendent l’histoire diaboliquement addictive et redoutablement efficace. C’est exactement ce qui se passe avec Cruel Summer, série coproduite par Jessica Biel et déjà renouvelée par Freeform, dont la première saison de huit épisodes est disponible sur Amazon Prime Vidéo.
Une adolescente est retrouvée saine et sauve quelques mois après sa disparition dans une petite ville des États-Unis, mais l’affaire est plus complexe qu’il n’y paraît et met au jour des secrets qui vont bouleverser la vie de tous les protagonistes. L’histoire est classique, structurée de manière atypique mais pas inédite, et si l’on croise quelques visages familiers (dont celui de Sarah Drew de Grey’s Anatomy), les deux actrices principales sont quasiment des inconnues. Retenez quand même leurs noms : inconnues, Chiara Aurelia et Olivia Holt ne devraient pas le rester longtemps tant elles sont absolument fantastiques dans des rôles chargés et complexes. Bref, au départ, Cruel Summer semble être un petit thriller anodin. Or, la série est tout de suite prenante, passionnante voire obsédante. C’est Pretty Little Liars et Esprits Criminels qui rencontrent Damages.
Avec plusieurs lignes temporelles qui se répondent comme dans This is us ou justement Damages, la construction n’est donc pas foncièrement nouvelle ; elle n’en garde pas moins une certaine originalité et elle se prête surtout admirablement bien à l’histoire. Cruel Summer se déroule en effet sur trois étés successifs (1993, 1994 et 1995) qui se croisent continuellement dans des épisodes qui couvrent chacun la même journée spécifique sur ces trois années. En sautant sans cesse de l’une à l’autre, la série illustre de façon frappante l’évolution des héroïnes, de leur entourage et de la situation ; les différences sont si fortes qu’on ne peut qu’avoir envie de comprendre ce qui s’est passé pour Jeanette, pour Kate et, dans une moindre mesure, pour leurs proches (parents, amis voire toute la petit ville de Skylin , de plus en plus sombre et grise à mesure que l’on avance dans la chronologie.)
Puisqu’il s’agit d’un thriller dont tout l’intérêt réside dans le suspense, le mystère et les rebondissements qui se produisent tout au long des épisodes (et en particulier dans des cliffhanger saisissants), nous ne dévoilerons rien de l’intrigue ou presque. Disons seulement que, en 1993, Kate est une jolie preppy girl blonde et populaire, avec une famille idéale, une relation solide avec son petit ami et sa bande de copines ; Jeanette est son opposé, un vilain petit canard timide affublé de grosses lunettes et d’un appareil dentaire qui traîne à vélo avec ses deux seuls amis. En 1994, Kate traumatisée est retrouvée après une disparition de plusieurs mois et elle porte des accusations graves contre une Jeanette métamorphosée, qui a quasiment pris l’apparence, la place, le petit ami et les copines de la disparue. En 1995, cheveux courts et look androgyne, Jeanette poursuit en justice une Kate en colère contre le monde entier…
L’histoire est racontée sur trois temporalités mais alterne aussi à chaque épisode les points de vue de Jeanette et de Kate. Le récit est volontairement déroutant avec autant de flashback, de flashforward ou d’événements montrés selon plusieurs perspectives, mais il n’est jamais confus. Chaque période est immédiatement identifiable grâce à une palette de couleurs différente ou au look des personnages ; les transitions sont habiles (chaque fois, un événement trouve son écho dans les années suivantes, dans une version plus sombre ou perverse) ; le changement de point de vue nous amène à penser successivement que Kate puis Jeanette est la « méchante » de l’histoire ; enfin les variations de lignes temporelles jouent intelligemment avec les attentes et les questions des spectateurs.
On ne cesse de s’interroger sur ce qui s’est vraiment passé, sur les secrets de Kate et de Jeanette et sur le rôle qu’elles ont joué dans l’enlèvement de la première. Pour autant, Cruel Summer n’est pas une enquête à proprement parler ; elle aborde l’affaire à travers le prisme des relations, des sentiments, de l’amitié, de la colère, des rancœurs, des trahisons et de la haine. Entre l’admiration et la jalousie, ce sont deux adolescentes que tout oppose et qui ne se comprennent pas, dont les mondes en apparence ordinaires s’effondrent sous le poids des mensonges et des secrets.
Qui ment, qui dit la vérité ? Jeanette, Kate… ou les deux ? Quels sombres secrets cachent l’enlèvement de Kate, sa réapparition ou la métamorphose de Jeanette ? Cruel Summer s’empare d’une histoire somme toute classique, la saupoudre d’une dose de drame et de mystère, puis la décompose en un récit éclaté sur trois ans et deux points de vue. Avec pour résultat un puzzle intrigant dont il manque toujours des pièces, un labyrinthe sombre et effrayant dans lequel on se perd avec plaisir et frissons.
Cruel Summer
10 épisodes de 45′ environ.
Disponible sur Amazon Prime Video le 6 Août.