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On a vu pour vous : Fleabag, une saison 2 touchée par la grâce

Entre ses relations familiales toxiques et son attirance pour un homme d’Église, Fleabag revient, toujours aussi acerbe, hilarante et par moments émouvante.

C’est quoi, Fleabag (saison 2) ? Un an et demi après les événements de la saison précédente, Fleabag (Phoebe Waller-Bridge) rejoint sa famille lors d’un dîner au restaurant pour célébrer les fiançailles de son père (Bill Paterson) avec sa marraine et future belle-mère (Olivia Colman) qu’elle déteste. Tandis que le mariage de sa sœur Claire (Sian Clifford) et de son beau-frère Mark  (Brett Gelman) traverse une crise, la jeune femme tombe sous le charme d’un autre invité : le prêtre (Andrew Scott) qui doit officier lors du mariage. D’emblée, leur complicité est évidente et, sans son vœu de chasteté, cet ecclésiastique atypique serait l’homme idéal pour Fleabag. Sans doute vaudrait-il mieux renoncer à séduire le prêtre. Mais la chair est faible, et l’homme d’Église vraiment très très sexy…

Comédie portée par son auteure et actrice principale Phoebe Waller-Bridge (showrunner de Killing Eve), la première saison de Fleabag avait été diffusée sur la BBC3 en 2016 et n’aurait pas dû avoir de suite. A défaut d’une deuxième saison, on attendait Mouche, l’adaptation française avec Camille Cottin qui devrait du reste arriver très prochainement. Mais contre toute attente, la série originale s’est finalement poursuivie avec six nouveaux épisodes, disponibles le 17 mai sur Amazon Prime. Avec en bonus la présence d’Andrew Scott (Sherlock) dans le rôle d’un prêtre dont on ignore le nom, mais aussi de Fiona Shaw (Killing Eve) et Kristin Scott Thomas en guest stars (qui jouent respectivement la thérapeute de l’héroïne et une femme d’affaires).

Sans surprise, l’humour noir, le langage cru, les scènes un peu trash et les adresses directes de l’héroïne au spectateur (quoi que moins appuyées et plus subtiles) restent les maîtres-mots de Fleabag, qui continue d’aborder d’une manière à la fois hystérique et exquise les relations familiales, amicales, sexuelles et amoureuses de son héroïne anonyme. La patte de Phoebe Waller-Bridge est omniprésente : son écriture acérée fouraille dans les plaies ouvertes de ses personnages. Chaque scène est potentiellement explosive, que les protagonistes s’enferment dans des non-dits  ou qu’ils


Fleabag, sa sœur et sa belle-mère

Le récit reprend un an et demi après la révélation qui avait conclu la première saison. Pour rappel, on découvrait que Fleabag avait couché avec le petit ami de sa meilleure amie Boo, juste avant le suicide de celle-ci. En affrontant son sentiment de culpabilité, l’héroïne semblait avoir achevé un cycle et pouvoir tourner la page, de sorte que malgré quelques allusions, le thème du deuil est nettement moins présent. En revanche, la série persiste à explorer les difficultés relationnelles de la jeune femme et la manière dont elle tente de guérir de toutes ses blessures émotionnelles.

Le récit revient sur sa relation avec son père, à la fois pleine de distance et de tendresse suite à la mort de sa mère. En particulier à la veille de son mariage avec la marraine de Fleabag, un monstre passif-agressif qu’elle déteste et réciproquement. Dans le même temps, ses rapports avec son beau-frère Mark, crétin misogyne et volage, sont toujours aussi tendus. Cette saison approfondit aussi le lien complexe qui existe entre Fleabag et Claire. La première oscille entre son désir d’apaiser les tensions et son envie de provoquer sa sœur (dont elle fait de nous les complices lorsqu’elle nous regarde à travers la caméra) ; la seconde affiche un mépris flagrant envers les choix de vie de sa cadette. Un événement va pourtant les rapprocher, lorsque Claire prend conscience de l’échec de son mariage et de ses aspirations personnelles, se montre moins rigide et commence à s’inspirer de la  liberté et de la désinvolture (du moins apparente) de Fleabag. L’affrontement quasi-systématique laisse alors la place à une relation plus apaisée, où leur affection mutuelle leur permet de se soutenir et de cesser de se juger.


Fleabag et le prêtre. Ne nous soumets pas à la tentation, etc

Et puis, cette fois, Fleabag ressent pour un homme des sentiments qui vont au-delà du désir charnel. Avec son don inné pour le chaos et l’autodestruction, la jeune femme s’implique toutefois dans une relation impossible, parce qu’interdite : elle tombe sous le charme d’un prêtre. Avec le visage d’un Andrew Scott merveilleux dans le rôle, ce prêtre n’a rien de conventionnel : il ne porte pas le col blanc, il boit, il jure et il est sexy… en diable. Mais, malgré l’attirance qu’il ressent pour Fleabag et leur évidente complicité (il est le seul à entrevoir la manière dont l’héroïne s’adresse au spectateur, comme s’il devinait sans la comprendre cette interaction et partageait avec elle la même voix intérieure), il tient à rester fidèle à  son vœu de chasteté. S’en suit une relation aussi drôle que sulfureuse ( « Oh my God. I want to fuck a priest ! » s’écrit Fleabag face à sa psy, en prenant conscience de la situation), faite de tension érotique mais aussi d’émotions à mesure que les deux personnages se rapprochent, se repoussent, luttent contre leurs sentiments ou se laissent submerger. Jusqu’au dénouement, dont on ne dira évidemment rien…

C’est toutefois une fin cohérente avec l’ensemble de la série – qui, a priori, semble cette fois bel et bien terminée. Au-delà du dénouement de la possible liaison entre Fleabag et le prêtre, une ultime scène referme la boucle : l’héroïne fait ses adieux en brisant une dernière fois la barrière de l’écran, et jette à la poubelle la statuette qu’elle avait volée dans le tout premier épisode, comme si se débarrasser de cet objet récurrent symbolisait la fin d’une phase dans sa vie. Une fin digne d’une série délicieusement douce-amère, à travers laquelle Waller-Bridge a tracé avec humour et acuité le portrait d’une héroïne atypique et attachante.  

Fleabag – saison 2 (BBC3)
6 épisodes de 30′ environ
Disponible dès le 17 Mai sur Amazon Prime Video

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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