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Coup de cœur – On a vu pour vous … HP saison 1, la nouvelle série d’OCS

Dans un paysage audiovisuel français paralysé par le manque d’audace pour sortir de genres éculés, les paris de OCS continuent de faire un bien fou. En témoigne sa nouvelle série présentée au Festival de la Fiction TV et attendue pour la fin de l’année : HP.

C’est quoi HP ? Sheila est une jeune interne en psychiatrie. La folie, elle pense pouvoir la définir, la contenir, la soigner. Pour elle, les limites entre ce qui est socialement acceptable et ce qui ne l’est pas, sont très précisément définies mais peu à peu ses repères vont changer. Au fil des jours et des cas qu’elle va rencontrer, le monde si cruel de l’hôpital psychiatrique va s’avérer bien plus accueillant que la dureté d’une vie bien trop normée. Un à un ses patients vont mettre en lumière ce qui a toujours été contenu chez elle.

Un work place drama hospitalier

Très en vogue dans la fiction américaine, le work place drama (série de bureau comme on dit) a du mal à se faire une place en France. Avocats et associés en son temps en fut un. Plus récent, Dix pour cent dépeint assez finement l’univers d’un cabinet d’agents artistiques.
Nouvelle incarnation de ce genre avec HP, bientôt sur OCS et programmée au Festival de la Fiction TV de la Rochelle. Sujet casse gueule qui doit tout à la fois parler des médecins, de la manière d’appréhender leur travail, tout en n’oubliant pas de montrer les patients et la raison pour laquelle ils en sont arrivés là. Mais bien plus qu’une autre série médicale, HP ne doit jamais donner l’impression de se moquer des patients, de leur pathologie. Pour y parvenir, une solution : faire des patients des personnages à égalité avec les médecins. Si l’on peut sourire de certaines pathologies (comme cette femme blanche d’une cinquantaine d’années qui se prend pour Beyoncé), la tendresse que l’on éprouve pour eux est immédiate et sincère. Parfaitement caractérisés, ces personnages sont la pièce maîtresse d’une série qui montre avec beaucoup de tendresse et de bienveillance la folie « ordinaire » et la manière dont nous pourrions, toutes et tous, nous aussi, basculer du jour au lendemain. A mesure qu’on les découvre mieux, que l’on perçoit leur souffrance, ces personnages se chargent d’une intensité dramatique passionnante, bouleversante. Qu’il s’agisse donc de Beyoncé, du King ou même du ténébreux Ulysse, comment ne pas être attachés à ces personnages tout en relief ?
Et le générique de la série de nous définir ce qui caractérise le réel, le nôtre ou celui des patients. En forme de kaléidoscope, ce superbe générique rythmé par la sublime chanson de Julie Roué Only silence is crazy (tout un programme) nous explique que la réalité n’est qu’une question de perception parfois déformée.


A lire aussi : Angela Soupe et Sarah Santamaria-Mertens (scénaristes) : « Pourquoi eux et pas nous ? »


Une série juste, bouleversante servie par un casting étonnant

Pour incarner ces personnages, médecins ou patients, les auteures (Angela Soupe, Sarah Santamaria-Mertens et Camille Rosset) et la réalisatrice Emilie Noblet ont su s’entourer d’un casting qui sert au plus juste les partitions écrites pour cette histoire. Qu’il s’agisse de l’excellent Eric Neggar (professeur VDB) que l’on prend plaisir à voir aussi bien exploité ; que Raphaël Quennard (Jimmy), médecin cynique et assez imbu de lui même, drôle aussi par moment et sans doute le personnage le plus à même de sombrer à tout moment dans cette folie qu’il tente de soigner ; ou encore Wim Willaert, poignant King que la médecine tente de soigner mais qu’elle pourrait bien en réalité briser. Mais la vraie belle « découverte » s’il en est de cette série c’est l’éblouissante Tiphaine Daviot. « Découverte » pas tant que ça car on l’a déjà vu dans Lazy Company ou encore Zone Blanche. Mais elle explose dans HP avec un rôle qui la fait passer du rire aux larmes avec une émotion sincère et extrêmement touchante. Cette sublime jeune actrice nous fait passer par un échantillon d’émotions saisissant.
Plus largement, malgré son manque de moyens visible par moment à l’écran, HP est une superbe série que l’on sent faite avec passion par toutes et tous. On rit, un peu ; on s’émeut, beaucoup ; et l’on admire le travail accompli, passionnément.

HP est une série complète comme nos amis américains en font beaucoup mais comme on en fait encore trop peu. S’emparant d’un sujet courageux abordé par le prisme de l’humain et non du polar (enfin !!! … pas de meurtre pour ouvrir l’histoire), HP fait preuve d’une grande maturité pour sa première saison. De bonne augure pour la suite. 

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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