Kong : Skull Island voit le retour au premier plan d’une icône du cinéma qui devrait être la pierre angulaire de l’univers partagé de Warner avec Godzilla
Trois ans après le Godzilla de Gareth Edwards, Warner pose une nouvelle pierre à l’édifice de son univers partagé de monstres en faisant appel à une figure de l’Histoire du cinéma et pas des moindres: King Kong. Si le King Kong de Peter Jackson avait en 2005 étalé toute sa classe et s’était posé comme un classique en puissance malgré ses détracteurs, le retour du King dans ce nouvel univers n’est pas du tout comparable. L’ambition n’est pas la même quand bien même le budget pharaonique (pas loin de 200 millions de dollars) de Kong : Skull Island pourrait le laisser penser. En confiant la réalisation au néophyte Jordan Vogt Roberts (un seul film au compteur), le pari de la Warner pour ce film monstre était énorme. Pari gagnant ou non ?
Mais c’est quoi déjà… Kong : Skull Island ? Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…
Destiné à préparer un univers partagé tentaculaire qui devrait faire apparaitre de nombreux monstres iconiques de l’histoire du cinéma, Kong : Skull Island prend le contre-pied de l’ambiance de Godzilla, sombre et désespérée, pour apparaitre comme un film fun et pulp, bourré de testostérone et de références qui auraient pu être écrasantes mais qui, par une alchimie et un équilibre miraculeux, s’avèrent extrêmement réjouissantes. Le film n’a pas la tonalité d’un classique du genre, ni même la tessiture pour être une grande tragédie ce qu’il n’essaye d’ailleurs d’être à aucun moment, mais il se présente comme un divertissement XXL qui, non content d’offrir son quota de séquences d’action tonitruantes, n’en est pas pour autant vide d’intentions de mise en scène et peut même se targuer d’une ambition formelle assumée qui détonne dans le cadre d’un blockbuster appelé à faire partie d’une franchise.
Si l’écueil principal qui pouvait guetter Kong : Skull Island était de tomber dans la parodie au vu des nombreuses références auxquelles le film rend hommage (au premier rang duquel figure Apocalypse Now), jamais Jordan Vogt Roberts ne distord les classiques pour les faire entrer dans son récit par le prisme de l’humour. Chaque clin d’œil, qu’il soit de premier plan ou seulement suggéré fait avancer le récit sans jamais devenir une béquille pour que celui-ci existe. En mélangeant à la fois l’imagerie du film de guerre et de monstres l’ensemble devient extrêmement efficace et maintient la tension même lorsque les créatures n’apparaissent pas à l’écran. L’humour, s’il est bien présent par petites touches ne monopolise pas non plus les scènes horrifiques pour les dédramatiser et leur conférer un côté cool qui aurait pu nuire à l’ensemble. Le casting cinq étoiles du film s’en sort à merveille, jamais phagocyté par les monstres et il y a du beau monde entre Tom Hiddelston, Brie Larson, Samuel L. Jackson, John Goodman et John C. Reilly (qui nous surprend avec le rôle le plus réjouissant du film) notamment.
Entre des effets spéciaux réellement bluffants, un sens du gigantisme poussé à son extrême (chaque scène avec Kong vous fera ramasser votre mâchoire dans la foulée) des idées de réalisation inventives et réjouissantes, Jordan Vogt Roberts signe un film plein de générosité et d’allant, qui s’inscrit dans la catégorie des divertissements haut de gamme, de ceux qui anoblissent le genre. Certes tout n’est pas parfait, l’écriture des personnages notamment est parfois très légère et caricaturale, les enjeux dramatiques sont cousus de fil blanc et on n’est guère surpris et certains des angles narratifs peuvent laisser circonspects, mais au-delà de ces quelques réserves, Kong : Skull Island est un film à grand spectacle qui fait plaisir à voir et qui s’assume comme tel, ni plus, ni moins qu’un de ces films pop corn à l’instar des séries B d’antan dont on disait qu’elles avaient du cachet.
Kong : Skull Island de Jordan Vogt Roberts – En salles le 8 mars 2017