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On a vu pour vous… La mafia tue seulement en été (Arte.tv)

« La mafia tue seulement en été » raconte la vie quotidienne d’une famille dans une Sicile gangrenée par la mafia, à travers le regard candide et malicieux d’un enfant.

C’est quoi, La mafia tue seulement en été ? En 1979, la famille Giammarresi habite à Palerme. Lorenzo (Claudio Gioè) et Pia (Anna Foglietta) ont deux enfants, l’adolescente Angela (Angela Curri) et le petit Salvatore (Eduardo Buscetta) . C’est lui qui nous raconte son histoire, celle d’un petit garçon amoureux d’une copine de classe et qui fait les quatre cent coups avec ses copains. Mais Salvatore sent confusément que des choses étranges se passent en Sicile… Petit à petit, il découvre la mainmise de Cosa nostra qui fait régner sa loi : extorsion, agressions, chantage et assassinats impactent la vie de tous les siciliens. Même celle d’un gamin de 10 ans.

La mafia tue seulement en été, c’est d’abord un film sorti en 2013 et qui a rencontré un certain succès en Italie. Trois ans plus tard, son réalisateur Pierfrancesco Diliberto (dit Pif), décide de reprendre la même histoire pour la décliner en série. Sa comédie dramatique aux airs de Les années coup de cœur à la sauce sicilienne est disponible sur Arte.tv à partir du 2 Août. 

Cosa Nostra vue par un enfant

Le procédé est familier: en voix off, un narrateur adulte (interprété par Pif lui-même) raconte son enfance.  Remontant à l’époque de ses 10 ans, Salvatore retrace le quotidien de sa famille à Palerme, en 1979.  Ses journées à l’école, son coup de foudre pour sa copine Alice, et surtout les joies, les peines, les disputes et l’amour qui lie son père Lorenzo (excellent Claudio Gioè, connu pour avoir incarné… le parrain Toto Riina dans Il capo dei capi), sa mère Pia, sa grande sœur Angela et son oncle Massimo. 

Le ton est léger, merveilleusement naïf comme seul peut l’être celui d’un enfant. Et ce, même si Salvatore sent bien qu’il y a quelque chose de pourri, au royaume de la mafia. Mais c’est bien connu : la mafia ne tue qu’en été ; omniprésente, elle agit dans l’ombre et les gens ne veulent rien voir. A l’instar des parents de Salvatore qui cherchent à le protéger en niant l’existence de l’organisation. 

Pourtant, la vie de cette famille de la classe moyenne se heurte de plein fouet à la mafia. Car nous sommes alors au cœur des années de plomb, au moment où le clan des Corleonais prend le contrôle de Cosa Nostra par la violence et la brutalité. Une période marquée par les attentats et les meurtres, mais aussi par l’influence croissante de l’organisation dans tous les rouages de la société.

Salvatore et sa famille

Une histoire de mafia

C’est donc une histoire de mafia – quoi qu’avec une approche différente. D’abord, la série ne se focalise pas sur les criminels mais sur une famille ordinaire ; ensuite, ce n’est pas un thriller comme Gomorra mais une comédie. Dans la série, les mafieux sont loin d’être des génies du crime ou des personnages charismatiques. Ils sont certes sadiques et violents, mais c’est surtout une belle bande de crétins. En prison, Tommaso Buscetta est un dandy nonchalant obsédé par ses cheveux ; le parrain Totó Riina, un plouc sale et hirsute, passe son temps à jouer aux cartes ; ses hommes de main n’ont visiblement pas inventé la poudre.

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Malgré tout en Sicile, tout repose sur une économie criminelle souterraine, avec l’aval de la mafia à laquelle personne ne peut échapper. Pas même des gens aussi ordinaires que les Giammarresi. Lorenzo, témoin du meurtre d’un policier, a peur de témoigner ; Pia hésite à solliciter l’aide d’un parrain local pour obtenir un poste de titulaire ; l’oncle Massimo finit en prison après s’être impliqué dans des trafics pour s’acheter une nouvelle voiture.

Dans la mafia, on s’entre-tue quand des guerres éclatent entre clans, on abat les fonctionnaires récalcitrants, on fait exploser les voitures des juges, on fait chanter les politiciens, on extorque les commerçants, on achète les chantiers publics pour construire des grandes tours d’habitation au détriment de la vieille ville baroque. Tout le monde ferme les yeux, mais tout le monde est concerné. Vous cherchez du travail ? Demandez à la mafia. Vous souhaitez déménager dans un appartement plus grand ? Demandez à la mafia. La moitié de Palerme manque d’eau ? Demandez à… vous avez compris l’idée. 

Du haut de ses 10 ans, Salvatore s’interroge

Un récit plus profond qu’il n’y paraît

Pif adopte une approche douce et pleine d’humour pour parler de ce sujet dramatique et de cette réalité historique. Face aux crimes, abus et  injustices perpétrés par la mafia, chaque personnage réagit différemment. Il y a ceux qui refusent de céder quel qu’en soit le prix, ceux qui s’associent au crime organisé par appât du gain, ceux qui ferment les yeux et font comme si de rien n’était ; ceux qui,  par lassitude ou frustration,  acceptent de transiger et de se salir les mains.  

Pourtant, ce sont surtout les moments de bonheur que nous raconte Salvatore, notamment la tendresse et la complicité qui unissent sa famille malgré les difficultés du quotidien. Et à travers le regard naïf, innocent et pourtant étonnamment lucide de son jeune héros, le dilemme moral n’est finalement pas si compliqué. Salvatore n’est qu’un enfant, mais il sait ce qui est bien et ce qui est mal, qu’il y a les gentils et les méchants et que la moindre compromission vous fait basculer dans le second camp. Le message est candide mais il apporte la lueur d’espoir nécessaire : l’espoir des idéalistes et des gens de bien. Comme les juges Falcone et Borsellino – et comme le petit Salvatore. 

La mafia tue seulement en été est un récit charmant.  Entre le regard délicieusement léger du petit Salvatore et le portrait grotesque des mafieux,  la série retrace tout un pan de l’Histoire de la Sicile avec légèreté et humour.  C’est une chronique décalée des années de plomb en Sicile à laquelle se superpose le parcours initiatique d’un jeune héros certainement naïf mais aussi profondément idéaliste. 

La mafia tue seulement en été.
12 X 48′ – en VOSTFR
Sur Arte.tv à partir du 2 Août. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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