Surface sera l’un des événements de France 2 en mini série dans les prochaines semaines et est adaptée du roman d’Olivier Norek.
Affectée dans un commissariat d’une petite ville d’Occitanie après une intervention qui a défiguré la moitié de son visage, la capitaine de police parisienne Noémie Chastain voit sa mission de convalescence forcée prendre une sombre tournure. Alors qu’elle devait faire un rapport sur l’activité du commissariat et son éventuelle fermeture, elle se retrouve soudainement plongée dans une affaire de disparition datant d’il y a vingt ans. Un fût contenant le squelette d’un enfant remonte à la surface du lac artificiel, au fond duquel repose l’ancien village englouti… En dépit de sa hiérarchie qui la considère fragile, la capitaine saisit à bras le corps cette affaire. Mais au travers de cette étrange enquête, elle verra tout un pan enfoui de sa propre vie, refaire surface lui aussi.
PRESENTEE A CANNESERIES 2025
L’essentiel
Olivier Norek, figure du roman policier que l’on connaît sur France 2 pour Tout le monde ment, voit son roman « Surface » adapté en un 6x 52 minutes, que l’excellent Slimane-Baptiste Berhoun met en scène sur des scénarii de Catherine Touzet, Marie Deshaires, Laura Piani et Gaëlle Bellan. Côté distribution, Laura Smet ou Tomer Sisley assurent les rôles titres de ce thriller rural aux airs de western autour de disparitions d’enfants, de villages engloutis et de secrets cachés.
La patte d’Olivier Norek assure à la série un style sombre, âpre et rythmé centré sur les personnages et la quête de rédemption plus forts que les artifices narratifs.
On aime ?
S’inscrivant dans les pas de la série L’éclipse, Surface propose une histoire pensante et dont l’ambiance est teintée d’un aspect « western rural » du plus bel effet. Ambiance lourde, moite même (on aurait pu imaginer la même dans les bayous de Louisiane), elle tend son propos au fil des épisodes qui s’égrènent, ne dévoilant que progressivement une nouvelle couleur à son ensemble. Avec ces deux entités, ces deux lieux d’actions (deux parties d’un village dont une sous les eaux), la série offre presque deux univers, deux visions totalement différentes et en même temps complémentaires. L’intrigue policière est certes totalement prenante mais elle ne débarque pas comme un « cheveu sur la soupe » mais au terme d’une exposition d’un lieu clos tout aussi lourd. C’est ce qui rend Surface réellement passionnante.
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Par la suite, la série continue de dévoiler son intrigue et de la complexifier pour mieux amener à un final et une résolution où l’on reconnaît toute la patte des auteurs, que ce soient Olivier Norek et son sens du récit que les autrices qui donne corps à des situations fortes. Rien n’est gratuit et la forme ne se fait jamais au détriment du fond. L’histoire est puissante et sert avant les personnages.
Des personnages maîtrisés
Les personnages de la série se montrent incroyablement réussis, avec une mention spéciale à Laura Smet qui trouve avec Noémie un rôle comme la fiction française en montre peu : une femme forte, border par moment, et qui va au bout de ses conviction, sans oublier de se chercher et se réparer non plus, à l’image de la très belle séquence de fin de l’épisode 6. Une telle obscurité dans un personnage littéralement marquée par ses expériences de vie est bien trop rare pour ne pas être souligné. Et par effet quasi miroir, n’oublions pas la nouvelle jolie prestation de Éloïse Rey en jeune femme « prisonnière » d’un village et de son passé (qu’elle a déjà subliment incarné dans L’éclipse).
Mais aucun des personnages autour d’elle ne sont pour autant oubliés, certains lorgnant du côté du redneck américain comme pour accroitre l’aspect « western » de la série. Et le travail soigné de l’écriture des personnages se retrouve dans le plus petit des détails et dans le plus simple personnage. En incarnant Hélène Saulnier, Juliette Plumecocq-Mech, pourtant réduite à peu de dialogues et de présence, délivre la prestation la plus bouleversante de la série et démontre s’il le fallait qu’elle est une immense actrice. Une intensité dans le regard qui donne à son personnage l’épaisseur de 10 personnages dans la série.
Une mise en images éblouissante
Le parfait équilibre entre ces personnages confère à la série un aspect pleinement maîtrisé que Slimane-Baptiste Berhoun sublime par une mise en scène redoutable, au pus près des personnages comme pour ne jamais laisser au spectateur la possibilité de respirer. Et qui au passage démontre une fois de plus la grande maestria qui anime son travail de réalisateur.
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S’il n’est pas secoué par ce qu’il a vu, nulle doute que le spectateur sera perpétuellement en apnée, balancée entre l’évolution de l’intrigue et celle passionnante et maîtrisée des personnages. Les séquences sous-marines sont réellement bluffantes grâce à une mise en scène et un travail sur la photo absolument remarquables. Bien moins utiles dans la gestion du suspense, elles sont avant tout la carte maîtresse de l’allégorie des traumas qui remontent, alternants entre des moments authentiques et métaphysiques du plus bel effet.
Grâce une écriture soignée, un travail d’orfèvre sur les personnages et une réalisation gérée de main de maître, Surface n’est pas seulement le suspense intense que l’on pourrait penser à la découverte des premiers épisodes. C’est une série qui parle de l’intime, des blessures et qui mettre faire un pas arrière pour ne gâcher l’histoire par des ressorts scénaristiques faciles. En somme une excellente série !