Après Lycée Toulouse-Lautrec et Les randonneuses, Fanny Riedberger signe « Le diplôme », une nouvelle série absolument remarquable.
Qui n’a jamais rêvé – ou plutôt cauchemardé – qu’il repassait son bac ? Étape essentielle de notre vie et premier VRAI examen de notre futur d’adulte. Ce petit mais néanmoins primordial diplôme qui nous permettra d’aller plus loin. Et pourtant, certains n’ont pas leur bac. Nombreuses sont les raisons : difficultés sociales, familiales, raisons de santé, parcours de vie chaotique, décrochage… « Le diplôme » raconte le parcours de Delphine (60 ans), Leïla (39 ans), Pierre (35 ans) , Sam (66 ans), Hussein (26 ans) et Jen (21 ans), 6 personnages qui a priori n’avaient aucune raison de se rencontrer et qui ont décidé, chacun pour des raisons différentes, de s’inscrire au lycée pour Adultes de Paris. Ces héros du quotidien, aux trajectoires de vies très différentes vont donc passer leur bac à un âge de raison où il n’est plus si raisonnable de s’asseoir sur les bancs de l’école.
FESTIVAL DE LA FICTION TV 2025
📺 LE DIPLÔME, une nouvelle série avec Clémentine Célarié, Camille Lellouche, Marc Riso… PROCHAINEMENT sur TF1 ! 🎓 #LeDiplôme pic.twitter.com/yOeuT9rmlv
— baguette. 📺 actus médias (@sirhcgd) December 13, 2025
L’essentiel
Fanny Riedberger avait su nous cueillir avec ses deux premières séries très différentes. Avec Lycée Toulouse-Lautrec, elle prolongeait l’expérience du teen drama exclusif comme l’avait déjà fait la chaîne Les bracelets rouges. Puis avec Les randonneuses, elle nous contait le destin de femmes fortes qui se dépassent pour aller au bout d’elles-mêmes. Elle signe son grand retour avec la série Le diplôme (cocréée avec Sylvie AUDCOEUR et Élodie NAMER), une grande série chorale et pleine d’émotion.
De nouveau, elle propose un casting 5 étoiles pour sa série avec notamment Bernard Campan (dont c’est la première série), mais aussi Clémentine CÉLARIÉ, Camille LELLOUCHE, Guillaume LABBE, Julie SASSOUST et Ahmad KONTAR. Et ne vous fiez pas au pitch de la série, Le diplôme c’est tout autre chose que ce qui transparaît dans les quelques lignes d’un pitch destiné à « vendre la série ». Car on peut le dire : Le diplôme est une véritable pépite comme on ne les attend sans doute pas.
« Est-ce qu’avoir le bac est vitale pour vous ? »
Nous n’avions pu voir que les deux premiers épisodes de la série au Festival de la Fiction TV. C’était même dur de s’arrêter aussi vite en cours de route. Car on peut le dire, on s’est fait avoir avec Le diplôme comme on s’est fait avoir par Les randonneuses. Dans les deux cas, on se demandait bien ce que les auteurs allaient pouvoir nous raconter dans un pitch qu’on ne voudrait pas voir dépasser la durée d’un film. Bien suffisant vous avez dit ? C’était sans compter sur le talent d’auteurs et d’autrices (Élodie NAMER, Sylvie AUDCOEUR, Laurent MERCIER, Clément PENY, Déborah HASSOUN, Nicolas PLESKOF et Géraldine DE MARGERIE) qui ont décidé de nous secouer une nouvelle fois.
« Secouer » est le mot qui convient ! Epousant la même forme narrative que Les randonneuses, mais décuplée (aller-retour entre la narration présente et les flashbacks façon Lost), Le diplôme raconte l’histoire de 6 personnages dont le bac n’est pas seulement un moyen de « rattraper » quelque chose, c’est une question de survie. Littéralement pour certaines et certains.
Chaque épisode est dédié à un personnage qui se retrouve éclairé d’un jour nouveau : Delphine (Clémentine Célarié) en épisode 1 ou Jen (Julie Sassousts) dans le 2e, allant jusqu’à Sam dans l’épisode 6, même si c’est le personnage que l’on apprend à connaître tout au long de la série, sans que jamais son « secret » ne soit révélé avant un événement majeur du dernier épisode.
Les épisodes ont une structure assez similaire : on suit leur rapport au bac et au reste du groupe ; les flashbacks exposent eux ce qui les amènent à cette situation comme un besoin extrême ; un événement semble les tirer vers la lumière avant qu’un drame ne les plonge un peu plus loin dans les abîmes à la fin des derniers instants de l’épisode. A l’image des personnages, le spectateur fait le « yoyo » « émotionnel » face à l’enchaînement des difficultés qui se dressent devant eux (les autres personnages ne sont jamais oubliés et le scénario dresse les contours de ce qui pourrait leur arriver. Mais avec toujours un effet de surprise, voire de stupeur qui ne manque pas de frapper.
Une grande série ?
Le diplôme n’est pas une série facile, simple, et si il y a une mécanique qui se dessine, elle n’est jamais aussi forte que le travail qui est fait sur les personnages. Jamais les auteurs n’oublient que la série est le lieu des personnages et ils sont parfaitement soignés. En premier lieu, Clémentine Célarié se montre absolument magistrale dans cette série face à Charles Berling absolument terrifiant. Le masque de la noirceur se pose sur son regard dès lors qu’il va partir en vrille. Vraiment bluffant ! Et le final de l’épisode 1 sur la musique de Joe Dassin « A toi » est purement et simplement une démonstration de la manière dont il fallait raconter cette histoire. Vous ne pourrez plus écouter cette chanson de la même façon ! Et vous ne pourrez pas oublier le regard de Delphine à cet instant précis. Mais elle se montre tout aussi éblouissante de résilience comme de fragilité : de résilience en se montrant capable de prendre la décision qu’il faut, mais aussi de fragilité quand elle parvient à « excuser » le pire.
L’autre découverte de la série est Julie Sassouts dont on connaissait déjà le talent dans Ici tout commence mais qui montre toute sa palette de jeu dans Le diplôme dans un épisode dédié tout aussi bouleversant, explorant une autre facette de la violence faite aux femmes. La jeune femme est là aussi réellement impressionnante, à mesure que ne se déploie la narration.
Enfin, est-il besoin de souligner combien Bernard Campan est un immense acteur et ce qu’il donne à voir de son personnage dans la série est absolument remarquable, d’une intensité rare dans une sobriété nécessaire (et quel plaisir au passage de revoir Pierre Santini qui incarne un père qui ne saisit pas l’urgence de ce fils qui n’a guère le temps de voir). Il est le personnage qui offre une conclusion que l’on pressent assez vite à la série en jouant sur ce film que les plus grands maîtrisent avec génie et intelligence (à l’image d’un grand Bourvil). L’ultime « rencontre » entre père et fils dans l’épisode est un moment d’une justesse totale.
On attendait avec tellement d’impatience de voir l’intégralité de la série et on n’est pas déçu. Jamais ! Car Le diplôme n’est pas seulement une nouvelle réussite de fiction de TF1, c’est tout simplement un petit miracle qui fait rentrée immédiatement la série parmi les plus belles réussites des 20 dernières années. Un chef-d’œuvre total qui jamais ne s’essouffle et garde intact e panel d’émotions qu’elle véhicule. Elle est enfin la démonstration définitive que les bonnes séries ne se trouvent pas que sur certaines séries mais résultent bien de la volonté de chaînes et de créateurs de faire monter notre fiction vers le meilleur du meilleur. Le diplôme est de ces séries !