Très attendue, la série Mayans MC arrive sur nos écrans – entre fidélité à l’univers des Sons et nécessité de s’en démarquer.
C’est quoi, Mayans MC ? Alors qu’il semblait promis à un brillant avenir, Ezekiel « EZ » Reyes (JD Pardo) sort tout juste de prison. Grâce à son frère Angel (Clayton Cardenas), membre de la branche californienne du club des bikers du Mayans MC, il intègre le club en tant que prospect. Encore amoureux de son ex, Emily (Sarah Bolger), EZ découvre qu’elle a épousé Miguel (Danny Pino), chef du cartel de Galindo, pour lequel les Mayans assurent le transport de drogue. En liant son sort à celui du club et des cartels, le jeune homme va être confronté à la violence et plonger dans un univers auquel rien ne semblait le destiner.
Spin off de Sons of anarchy, Mayans MC. se focalise sur une branche du club du même nom, d’abord rivale puis alliée de Samcro. Créateur et showrunner des Sons, Kurt Sutter n’a eu de cesse de le répéter : l’histoire se situe après les événements survenus dans la série originale et il n’était pas question d’en faire une déclinaison latino. C’est tout l’enjeu de Mayans MC : avec le concours de Elgin James (co-créateur de la série) et d’auteurs essentiellement latino, Sutter fait le pari de s’appuyer sur ce qui a fait le succès des Sons, tout en proposant autre chose.
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La scène d’ouverture du pilote ne laisse guère de doute sur les intentions : sur la route, un chien errant dévore un corbeau, lorsque déboule une moto qui écrase les restes du volatile. Le message ne saurait être plus clair : les Sons sont morts, place aux Mayans ! Et à son tout nouveau membre, EZ Reyes.
Pour autant, la comparaison est inévitable, ne serait-ce qu’en raison de l’environnement et du contexte. Les fans des Sons ne seront pas dépaysés : à quelques centaines de kilomètres du fief de SAMCRO, les bikers des Mayans qu’ils connaissent bien paradent en Harley, sur fond de rock et de blues ; violence graphique, esthétique forte, relations au sein du club et fusillades parachèvent le tableau. Comme on pouvait s’y attendre, la brutalité et les séquences symboliques ne manquent pas. L’un des arcs narratifs du pilote pourrait figurer dans un épisode des Sons (les Mayans traquent ceux qui leur ont volé une cargaison de drogue et règlent leur compte), et le corbeau de Samcro cède la place à un chien errant présent jusque dans le titre de l’épisode – sans qu’on saisisse encore toute la portée de l’image.
Essayons toutefois de nous affranchir du parallèle. Mayans MC suit donc EZ, jeune homme autrefois plein d’avenir et ex-étudiant de Stanford, qui sort de prison et rejoint le club de bikers des Mayans Santo Padre, à la frontière mexicaine. En tant que prospect, il n’en est pas encore membre, il est cantonné à des tâches subalternes et doit faire ses preuves, même s’il bénéficie du soutien de son frère Angel, Mayan à part entière. Il peut aussi s’appuyer sur son père Felipe (Edward James Olmos), un boucher qui n’a rien à voir avec le gang. Dans le rôle d’EZ, JD Pardo semble a priori convaincant, mais il faut attendre de voir s’il est capable de porter la série. A sa décharge, son personnage est entouré de zones d’ombre : les raisons de son engagement au sein du MC et son passé restent mystérieux et ne se dévoilent qu’au compte-goutte.
Notre héros est également impliqué dans un triangle amoureux pour l’instant au second plan – Emily, son ex, ayant épousé le chef du cartel Galindo (avec un ressort dramatique que l’on voit venir à des kilomètres…). En revanche, la dynamique et les rivalités qui agitent le club se mettent en place d’emblée, avec oppositions internes et rivalités extérieures. Avec notamment un traître au sein du club ; le cartel Galindo dirigé par Miguel (étonnant Danny Pino), le genre de type qui torture et tue un rival, avant de dîner tranquillement avec sa famille ; l’apparition de la branche locale des Sons ou celle du président des Mayans (Emilio Rivera) ; ou encore le groupe d’auto-défense des Olvidados, emmené par Adelita (Carla Baratta), victime de la violence des cartels. Parmi les Mayans, trois personnages semblent se détacher du groupe : Angel (Clayton Cardenas), Johnny “Coco” Cruz (Richard Cabral, vu dans American Crime), et le président du chapter, Obispo Losa (Michael Irby).
Les relations s’annoncent d’autant plus complexes que dans cet épisode, l’intrigue s’appuie sur les faux-semblants et un récit subjectif, qui bascule au rythme des révélations. On est obligé de rester évasif pour ne pas dévoiler certains éléments, mais concrètement, plusieurs personnages semblent poursuivre un objectif caché, pour ou contre le club. Voire les deux. Une construction qui accentue en outre la question de l’ambiguïté morale – un domaine dans lequel Kurt Sutter excelle, comme il l’a prouvé dans The Shield. Et, oui : dans Sons of anarchy.
On avait pourtant dit : pas de comparaison…Puisque, apparemment, on n’en sort pas, allons-y gaiement ! Fondamentalement, Mayans MC reprend l’atmosphère, les codes, les touches d’humour et le mélange de violence et d’émotions de Sons of anarchy. Reste à voir si la série trouvera sa propre identité, tout en préservant l’héritage de Jax Teller. Il est encore un peu tôt pour se prononcer. Toutefois, avec une dynamique intéressante à défaut d’être radicalement novatrice, des personnalités fortes et une probable succession de coups de théâtre, la série a de bonnes bases. Les Mayans viennent seulement de prendre la route : laissons-leur le temps de mettre les gaz, et la chance de devenir autre chose qu’un simple trip nostalgique pour fans en manque de Sons of anarchy.
Mayans M.C. (FX)
Épisodes de 50′ environ.
Diffusion sur Canal + Séries en US+24, dès le Mercredi 5 septembre à 22H25