Présentée à Séries Mania, la série Intraçables est un vrai pari pour TF1 : proposer un thriller paranoïaque, genre prisé des américains.
Il y a 5 ans, Giulia a perdu son mari, David, dans un tragique accident. Depuis, elle a tout fait pour se reconstruire. Son quotidien est désormais rythmé par son nouveau travail, sa relation difficile avec son fils, et cette cicatrice qui continue de la brûler de temps en temps… Un soir, un inconnu monte à l’arrière de son taxi. Giulia reconnaît son visage et se souvient de tout un pan de l’accident qu’elle avait oublié…Elle se lance alors dans une quête vertigineuse pour la vérité… alors qu’un mystérieux hackeur s’acharne à la faire taire. Pour échapper à cet ennemi fantôme, Giulia est forcée de fuir avec son fils et de se mettre en état de « mort numérique ». Plus de téléphone, plus d’ordinateur, plus de cartes de crédit. À bord de la vieille voiture de David, mère et fils disparaissent des radars et s’engagent dans une fuite désespérée contre la technologie. En cherchant à comprendre qui leur veut du mal, Giulia et Achille vont découvrir que la clé se trouve quelque part dans le passé de David, cet homme qu’ils pensaient connaître mieux que personne…
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L’essentiel
Avec Intraçables, TF1 s’offre un registre pour lequel elle a peu l’habitude : le thriller paranoïaque comme le cinéma américain américain en a beaucoup proposé dans les années 90, à l’image de Traque sur internet ou L’affaire Pélican. A l’écriture de ce thriller, on retrouve l’excellent Ami Cohen (Missions) et Raphael Meyer avec qui il œuvra sur Hors saisons. Pour mettre la série en scène et lui donner le rythme dont elle a besoin, le choix de la production s’est arrêtée sur l’excellent Louis Farge (à qui l’on doit le récent carton Culte – et qui tourne Eldorado pour Arte). Coproduction entre la Suisse et la France, la série a la chance d’être produite par une grande société de production, à l’avant garde de l’innovation en télévision depuis 15 ans au moins, Empreintes digitales.
Enfin côté casting, Sofia Essaïdi en est la brillante héroïne aux côtés de Alexis MICHALIK, Arcadi RADEFF, Irène JACOB, ou Vincent HENEINE.
On aime ?
Nous n’avons vu que les 2 premiers épisodes de la série donc difficile de se faire une vue d’ensemble. Mais ces deux premiers épisodes signent une entrée en matière prenante, captivante même et nous plonge directement dans la paranoïa totale que traverse Giulia depuis que le mystère entourant la mort de son mari a refait surface. Le temps d’exposition est assez court mais suffit à poser les bases de l’histoires évidemment mais aussi de Giulia et sa relation avec son fils, en perdition totale depuis la mort de son mari / père. Sofia Essaïdi, qui préfère choisir les bons plutôt que les multiplier, prouve une nouvelle fois que son flair ne l’a pas trahi. Elle est le choix évident pour incarner Giulia, aussi lumineuse dans l’intro de la série que sombre et désespérée une fois la partie thriller amorcée. Puisque la référence aux thrillers paranos sera le fil conducteur de cet article, instantanément, Sofia Essaïdi nous rappelle ici Sandra Bullock qui fut une des grandes et belles héroïnes de films de ces années là (dont Traque sur internet).
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La grande réussite, outre un scénario qui sur ces deux épisodes tient parfaitement ses promesses en se révélant totalement addictif, réside dans les codes visuels de ces films que Louis Farge a « récupéré » et parfaitement apposé sur notre territoire français pourtant peu coutumier du genre. Quand les héros de ces films voulaient survivre, soit ils se fondaient dans la marée humaine des grandes villes, soit ils partaient sur les routes des grands espaces américains. On y retrouvait alors la vieille voiture pour fuir, la musique folk pour accompagner, les grands espaces, les petits motels sur le bord de la route pour se cacher et d’où on part pour sa quête, pour aller au plus près des méchants sans qu’ils ne repèrent nos héros (même s’il y a toujours LA petite erreur qui fait vaciller). Ces codes, on les retrouve ici dans le 2e épisode notamment comme un vibrant hommage à un imaginaire qui animent nos pensées depuis que l’on a tous vu ces films à un moment de notre vie.
Et puis le grand méchant, opaque et diffus, qu’on ne parvient pas à identifier et qui a toujours un surnom qui claque, ici c’est Jézabel, ces hackers qui semblent traquer Giulia et son fils. Pour achever le cocktail, il faut aussi le représentant de l’ordre qui va permettre la rédemption du héros ou de l’héroïne. Il est toujours droit dans ses bottes dans le respect de la loi, mais assez ouvert pour ne pas avaler tout cru ce qu’on essaye de lui faire croire. Ici c’est le personnage de Josèphe (Irène Jacob parfaite dans ce rôle de flic) qui n’est pas sans rappeler sous bien des aspects l’US Marshall Gerard dans Le Fugitif. Et cerise sur le gâteau pour parfaire cet hommage global, la musique délicieusement rétro d’Antony d’Amario et Edouard Rigaudière qui rappelle ces bandes originales des films des années 90 ou celle de la série Halt and catch fire. Que du bon en somme !
Sans doute pourra-t-on trouver à redire sur la série, que certains twists sont convenus et que certains twists qui pourraient survenir (on ne connaît pas la suite) semblent ultra prévisible (personne ne peut croire qu’on a fait appel à Alexis Michalik pour qu’il disparaisse aussi vite), mais Intraçables est un excellent divertissement, prenant, bien écrit et réalisé, porté par une très belle distribution. Une série enlevée qui sort des clous de ce que l’on peut voir et ça fait vraiment du bien !