Prix de la meilleure série française à Séries Mania, Ad Vitam est la nouvelle série très attendue sur Arte, créée et réalisée par Thomas Cailley. Verdict sur les deux premiers épisodes.
C’est quoi Ad Vitam ? Alors qu’on pense avoir vaincu la mort, sont découverts les corps de sept suicidés, tous mineurs. Dérive sectaire, acte politique, cri d’alarme d’une jeunesse qui cherche sa place ? Darius, flic de 120 ans, mène l’enquête avec Christa, jeune fille révoltée.
« Seuls les actes parlent, seuls les actes ne mentent pas »
Bien que présentée comme une série au long court par ses auteurs, Trepalium ne sera pas allé plus loin que la saison 1, en cause de trop nombreux défauts inhérents à la série. La tentative d’Arte de faire de l’anticipation se solde donc par un échec tant critique que public. Depuis, a été diffusée Transferts, beaucoup plus réussie, et maintenant arrive Ad Vitam, deux séries qui partagent un point commun : l’anticipation y est distillée de manière bien plus dosée et se manifeste moins dans une société futuriste que dans son évolution et son rapport à la mort. Pas de voitures volantes ni d’engins futuristes, mais la science qui dompte la mort. Car qu’il s’agisse du transfert d’âmes ou de la régénération des corps, le but est le même : l’accession à l’immortalité. Pour y parvenir, Ad Vitam repose sur le bon vieux concept du polar en lui insufflant une dose de métaphysique : dans une société qui ne meurt plus, on n’enquête aussi bien sur des suicides que sur des meurtres. Pourquoi vouloir mettre fin à ses jours quand la vie est sans limite ?
L’univers dans lequel Darius, personnage central, mène l’enquête, est filmé de manière extrêmement lumineuse, comme pour préfigurer que d’avoir dompter la mort nous rapprochait du « Paradis ». Embrigadement de la jeunesse, terrorisme, dérives sectaires, rapport à la vie et à la mort, Ad Vitam aborde de manière assez juste ces questions et la série devient moins une enquête policière que la quête initiatique de deux personnages différents (quoi que) qui se rencontrent.
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Le flic désabusé et la révoltée
Outre la réalisation réussie de Thomas Cailley, la grande force de Ad Vitam réside dans son binôme de héros. En premier lieu Darius, campée par un Yvan Attal impérial en flic désabusé, en flic à l’ancienne façon Philip Marlowe. Profondément affecté par la mort d’un enfant, il se jette à corps perdu dans une quête pour sauver cette jeunesse résignée face à la mort et la perspective de « non mort ». Il est LE bon choix pour ce rôle, d’une grande classe dans son jeu. A ses côtés, la confirmation de cette série est sans aucun doute Garance Marillier. Révélation du film Grave de Julia Ducournau, elle confirme son talent aux côtés de Yvan Attal, en rescapée d’un massacre prête à basculer de nouveau dans la radicalité. Écorchée vive, blessée, meurtrie, Christa est le personnage central de cette série, celui qui nous bouleverse dans nos certitudes, et ce bien plus que le personnage de Darius. Une vraie claque.
Auréolée d’un prix remis par la presse étrangère à Séries Mania, Ad Vitam soigne son arrivée prochaine sous les meilleures hospices. La série devra néanmoins confirmer ce très bon démarrage par la démonstration que son intrigue est maîtrisée jusqu’au bout et ne retombe pas aussi vite qu’elle est montée.
une série de : Thomas Cailley / créateurs et scénaristes : Thomas Cailley, Sébastien Mounier / compositeurs : HiTnRuN / avec : Yvan Attal, Garance Marillier, Niels Schneider, Rod Paradot, Hanna Schygulla, Anne Azoulay, Ariane Labed, Victor Assié, Anthony Bajon / producteurs : Kelija (Katia Raïs), ARTE France / vendeur international : Lagardère Studios Distribution / diffuseur France et Allemagne : ARTE