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On a vu pour vous … Les invisibles, remake québécois de Dix pour cent

C’est le 7 janvier dernier que la chaîne québécoise TVA a lancé la série Les invisibles, remake de notre série Dix pour cent. Réussite ou échec ? Voici notre verdict !

C’est quoi Les invisibles ? Quatre agents d’artistes et leurs assistants,  qui se démènent comme des fous pour dénicher les meilleurs contrats pour leurs prestigieux clients.  Ces personnages hauts en couleur, aux vies plutôt compliquées, représentent un grand éventail de vedettes québécoises, admirées et respectées,  que le public a faussement l’impression de connaître. Dans les coulisses de l’agence AMG,  à travers le regard naïf d’une nouvelle employée (et fille illégitime de l’un des agents), nous verrons bientôt nos artistes sous un autre jour

« On travaille dans l’ombre. Toi ton job c’est d’être invisible »

Véritable succès en France, Dix pour cent s’est exportée dans le monde entier via Netflix. Baptisée Call my agent, elle est aussi arrivée au Québec sous le titre Appelez mon agent. Tout naturellement, un remake a été enclenché écrit par Catherine Léger et réunissant dans la peau des agents Bruno Marcil (reprend le rôle Thibault de Montalembert), Karine Gonthier-Hyndman (reprend le rôle de Camille Cottin), Benoit Mauffette (reprend le rôle de Greg Montel) et Danièle Lorain (reprend le rôle Liliane Rovère).

Première différence notable entre les deux séries : le format. Outre le changement de titre, Les invisibles devient une série de 24 épisodes pour sa première saison (contre 6 en France). Ce changement considérable implique de développer encore plus la vie des agents, voire même de créer de nouvelles storylines. Le personnage d’Arlette par exemple n’est pas encore agent au début de Les invisibles mais assistante du fondateur de l’agence AMG (ASK en France). Autre différence, la série jongle entre des scripts adaptés des épisodes français (l’histoire de Cécile de France ou celle de Françoise Fabian et Line Renaud) et de nouvelles histoires (le second épisode centré sur un acteur auditionnant pour une nouvelle série mais à qui on demande de raser sa barbe).
Dans l’ensemble, un air de famille flotte quand même dans Les invisibles pour quiconque aura vu Dix pour cent : le fondateur de l’agence meurt et sa veuve veut vendre ses parts ; Jean-Frédéric voit débarquer sa fille « illégitime » Camille (incarnée ici par Carla Turcotte) qui devient assistante de Alexandra Martel et tombe amoureuse sans le savoir de son demi-frère ; Sofia, standardiste a des rêves de comédie et va se faire représenter par son ami Gabriel Savoie …

Alexandra et Gabriel

« Votre job c’est de trouver du talent et le mettre au monde. Pas seulement d’être au service des vedettes »

Les invisibles, si proche soit elle de Dix pour cent, parvient à déployer sa propre identité et se révèle être une vraie réussite. Pour le spectateur français, novice sur la connaissance des guests québécois, il peut sans peine du coup juger si le travail autour des agents a été fait ou pas car il ne peut se rattraper à la présence de visages connus. Non seulement les agents sont parfaitement caractérisés (suivant les plans dessinés par Fanny Herrero et sa team sur Dix pour cent), mais ils parviennent à avoir une vie propre une fois passées les premières minutes d’adaptation à ces « nouveaux visages ». Dotés d’une mécanique de jeu redoutable, chacun se révèle tantôt drôle, attachant, ou même énervant. Ils n’ont rien à envier à leurs homologues français et ont même (à l’instar de Camille Cottin chez nous) un vrai savoir faire dans la comédie (deux d’entre eux sont apparus dans la comédie Les Simones).

Mais la vraie bonne idée de la série c’est d’avoir fait ce que Dix pour cent ne faisait pas. De part sa place dans la culture française, le cinéma est omniprésent dans Dix pour cent. Au point par exemple qu’il n’est jamais fait mention à des séries comme Engrenages ou Un village français dans l’épisode avec Audrey Fleurot. Dans Les invisibles, chaque guest est une star de séries au Québec et on site clairement des noms de programmes. Ainsi on voit apparaître des comédiens qui ont joué dans des séries comme Au secours de Béatrice, 30 vies, Scoop, Les beaux malaises,… Parfois même, des guests ont joué dans la même série et sont invités du même épisode.
Mais la série pousse plus loin le côté méta. L’exemple le plus frappant est celui de la comédienne-réalisatrice et productrice Sophie Lorain. Elle apparaît dans l’épisode 2 dans son rôle, cherchant à persuader Pierre-Luc Brillant de se raser la barbe pour intégrer sa nouvelle série. Or, Sophie Lorain et Pierre-Luc Brillant ont été partenaires de jeu dans la série Scoop (comme France Castel et Louise Marleau de l’épisode 3); c’est la sœur de Sophie Lorain, Danièle Lorain, qui joue le rôle d’Arlette ; enfin Sophie Lorain est aussi productrice de Les invisibles et réalisatrice de quelques épisodes de la saison 1.
Dans Les invisibles, il n’y a pas de frontière entre cinéma et télévision et la représentation de cette dernière dans la série démontre la vraie reconnaissance du 8e Art en Amérique du Nord.

Les assistants

Un remake peut être réussi et même égaler l’original, la preuve avec Les invisibles. Reste une inconnue : comment la série va-t-elle se comporter sur le long terme et notamment avec une saison bien plus longue que Dix pour cent ? Même si le modèle d’une saison de 24 épisodes est en vigeur aux Etats-Unis depuis des décennies sans poser soucis… Et comme bien d’autres « work place drama », nous n’avons jamais douté que Dix pour cent ait un univers bien assez riche pour se raconter dans beaucoup plus d’épisodes et de saisons, la série Les invisibles pourra sans doute le démontrer. 

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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