Premier choc de la rentrée : la nouvelle série de Canal+, Les Sauvages, va vous scotcher et vous emporter pour 6 épisodes d’une intensité folle.
C’est quoi La Sauvages ? A la veille de l’élection présidentielle, le candidat donné vainqueur, Idder Chaouch, est victime d’une tentative d’assassinat. Le jeune cousin de Fouad, futur gendre du Président, est désigné coupable. Fouad, acteur en vogue, voit son monde s’écrouler. Poussé par Marion, la responsable de la sécurité présidentielle, il accepte d’enquêter dans sa propre famille pour comprendre ce geste, persuadé qu’il a été orchestré par son frère Nazir… Vengeance, lutte fratricide ou manipulation ?
Première création originale de la saison, Les sauvages est aussi une première grosse réussite. Tout à la fois série politique, thriller et chronique familiale, la série nous embarque dans un tourbillon émotionnelle intense sans jamais ménager les effets sériels nécessaires à une bonne narration.
Une bonne série politique : « Vous êtes le candidat de la vengeance ? Je suis le candidat de la vie »
De part son arène, Les sauvages se devait de nous présenter un univers politique crédible. Cet univers est en mode dystopie, non par l’identité de son candidat principal mais le cadre extra-ordinaire dans lequel il évolue. Pour que l’on croit à cet univers, il faut créer un homme politique crédible et auquel on s’identifie. En une joute verbale dans le débat de l’entre deux tours, c’est fait. On est rangé derrière Chaouch, impeccablement incarné par Rochdy Zem. Charismatique jusqu’au bout des ongles, il est un Président né. La scène d’introduction qui nous le présente n’est pas sans rappeler celle de Baron Noir mais c’est là le seul élément de comparaison. La tension dramatique y est toujours maintenue mais le sens de la chose politique jamais oublié. Même si le rythme souffre parfois d’un excès de rapidité transformant les actes de Chaouch en éléments de communication (la scène brillante au stade de St Etienne), la série évolue au fil des épisodes en oubliant jamais ce cadre politique si important. Parmi les révélations de la série, on retrouve dans le premier cercle du Président la remarquable Souheila Yacoub (Marion) qui n’a rien à envié à ces illustres parents sériels, notamment Rochdy Zem.
Un thriller politique redoutable inséré dans une histoire familiale bouleversante
Le second niveau de narration, qui devient finalement le principal à mesure que la série avance, c’est le thriller politique qui se confond avec un drame familial. Dès le second épisode, Les sauvages nous emmène dans un cadre extra-ordinaire, celui d’un attentat contre le Président et la manière dont le pays pourrait basculer dans le chaos. Pour sauver sa réputation entachée, Marina Foïs se retrouve à devoir découvrir si Nazir, dangereux islamiste, en est le principal responsable. Si son personnage n’est pas sans rappeler celui de Claire Danes dans Homeland, il se retrouve assez vite éclipsé par le duel fratricide annoncé entre Fouad et Nazir, deux frères qui s’opposent sur à peu près tout, de la famille à la religion en passant par leur place dans la société française. Il convient de saluer la prestation absolument remarquable des deux autres révélations de la série : Dali Benssalah et Sofiane Zermani, ce dernier parvenant à donner une épaisseur incroyable à Nazir pourtant hautement haïssable, notamment dans le contexte français marqué par les attentats de 2015-2016 sur notre territoire. Jusqu’à un final des plus saisissants où le politique et le familial se confondent, où Chahouch fait de nouveau preuve d’un humanisme implacable (sans jamais oublier l’animal politique qu’il est), Les sauvages ne nous épargnent jamais, jouant avec nos certitudes et nos aprioris, et ne nous relâchent qu’à la toute fin … Et encore … Le discours final devrait résonner longtemps en chacun de nous.
« Nous sommes les deux à fois : les plus civilisés des hommes et les plus parfaits sauvages »
Réussite totale, Les sauvages est la première belle surprise de la saison. Si la série souffre d’un rythme beaucoup trop soutenu qui donne lieu à des invraisemblances comme 24 heures chrono en avait le secret, elle sait en revanche soigner ses personnages et son action du début à la fin. On en redemande !
Création de Sabri Louatah et Rebecca Zlotowski. Adaptation des romans de Sabri Louatah
Crédit photo © Rudy Waks/David Koskas/CPB FILMS/ SCARLETT PRODUCTION/ CANAL+