Presque 3 ans après son tournage et 1 an après la présentation à la presse, L’homme que j’ai condamné arrive ENFIN sur M6.
C’est quoi L’homme que j’ai condamné ? Désignée pour être jurée dans un procès criminel, Inès, une infirmière de 40 ans, contribue à faire condamner l’accusé, un homme au passé violent. A l’issue du procès elle est prise d’un terrible doute : et si elle venait d’envoyer un innocent derrière les barreaux ?
Un nouveau pari pour les créatrices de Profilage
« Une passion commune pour la psychologie et le polar »
Sophie Lebarbier / Fanny Robert sur la création de Profilage (VL Média)
Avec la série Profilage, Sophie Lebarbier et Fanny Robert ont créé une héroïne borderline, pétrie de contradictions et qui va révéler toutes ses failles psychologiques à mesure que la série avance. « Psychologie » était le maître mot de la série, un vrai intérêt partagé par ses deux autrices bourrées d’imagination et qui n’ont eu de cesse de nous surprendre en jouant avec les codes d’une fiction télé très formatée. Cette attrait pour la psychologie, on le ressent aussi dans leur nouvelle série pour M6 L’homme que j’ai condamné.
Sous couvert d’un thriller à l’efficacité redoutable (on y reviendra), elle réexplore ce sujet qui les intéresse tant en se penchant sur la manière dont le poids d’un passé trop pesant peut affecter non seulement notre vie future mais aussi nos décisions, nos actes.
L’homme que j’ai condamné se penche sur plusieurs personnages qui, à leur manière, hérite d’un passé psychologique qui peut les faire basculer d’un côté ou de l’autre. Le personnage campé par Stanley Weber en est un exemple probant. Dans une vie où la violence a été son quotidien, comment ne pas penser que cela ait pu conditionner son passage à l’acte meurtrier ? Ce sont ces questions que Inès (Ophélia Kolb) va se poser durant les 4 épisodes que compte la série. Le titre à l’international de la série reflète bien ce questionnement, « Doubt« . De doute, il en sera question tout au long de la série : doute une sur culpabilité, doute sur sa santé mentale, et doute quant à une vérité établie. Avec de telles interrogations, la série oscille entre questionnement psychologique et philosophique, et entraîne le spectateur dans ces « doutes » quasiment sur toute la série.
Un thriller psychologique et judiciaire
Du thriller judiciaire au thriller psychologique, il n’y a qu’un pas que la série franchit assez vite. Servie par une réalisation enlevée et efficace signée Laure de Butler et un scénario redoutable qui balade le spectateur, L’homme que j’ai condamné est une série addictive qui ne ménage jamais ses effets de surprise même s’ils deviennent plus prévisibles dans le dernier épisode.
Outre son scénario, la série bénéficie d’un casting vraiment très réussi. Bien sûr, le plaisir de retrouver Ophélia Kolb est toujours intact rôle après rôle, mais son face à face à un Stanley Weber habité par son rôle est vraiment totalement maîtrisé. On aurait aimé que l’exploration de son passé torturé dure plus longtemps car on touche là à la facette vraiment très intéressante de la série. La série bascule trop vite sur ce coup dans le thriller et on doit abandonner cet aspect pour se focaliser sur la résolution des intrigues.
Mais la vraie révélation de cette série c’est Lucile Marquis. Son rôle de détective privée est une très belle réussite et on se plairait à imaginer cette série comme un « pilote » à une série centrée sur elle, comme le fut en son temps Entre vents et marées sur France 3 pour Marleau. Drôle, féminine, moderne et incisive, la comédienne laisse parler son talent et donne tout son peps à la série, rendant chacune de ses interventions savoureuses.
Comme beaucoup de séries françaises, L’homme que j’ai condamné a le défaut de ses qualités. En se voulant très efficace, la série se révèle sans doute trop gourmande par moment et trop riche pour un format aussi court. Ainsi, le dernier épisode accélère des révélations rendues certes nécessaires mais qui se succèdent les unes aux autres et deviennent sans doute trop prévisibles. Comme souvent, la fin est assez rapide et l’ultime surprise sans doute aussi attendue.
Mais ne boudons pas notre plaisir : la série (et ses auteures) nous a apporté beaucoup de surprises durant 4 épisodes et nous a emmené dans un univers une nouvelle fois étonnant dans lequel la musique très rythmée a achevé de nous transporter. Espérons que la série saura rencontrer son public face à une programmation assez lamentable de M6 qui a laissé la série dans les placards de la chaînes pendant aussi longtemps. Présentée à Biarritz en septembre 2020, la série fut présentée à la presse en octobre 2020 … pour ne plus jamais faire parler d’elle (si ce n’est sa sélection au Festival de Luchon en mars 2021). On a du mal à comprendre pourquoi la chaîne continue de produire des séries si c’est aussi mal les traiter !
Ce que l’on retient de L’homme que j’ai condamné