Pour cette soirée d’Halloween, on vous conseille fortement de vous replonger dans la très réussie série Marianne sur Netflix.
C’est quoi Marianne ? De retour dans sa ville natale Elden, Emma, une célèbre écrivaine de livres d’horreur découvre que l’esprit malin qui hante ses rêves sème désormais la désolation dans le monde réel.
« La première série d’horreur française » peut-on lire dans la com’ de Marianne, nouvelle production pour Netflix. Le culte du superlatif comme outil promotionnel a décidément la dent dure. Ce n’est en rien la première série d’horreur, il y a même une tradition française dans la télévision des années 70 avec des séries comme La poupée sanglante. Mais Marianne est assurément son meilleur représentant depuis très longtemps, tant la télévision a pu oublier son rôle de diversification des formes et des genres. Si Les revenants (Canal+) avait sa part d’horreur sans être graphique, la série de Samuel Bodin que Netflix s’apprête à lancer l’embrasse totalement. Débarrassé des barrières qu’une chaîne « classique » impose à ses créateurs, le jeune auteur et réalisateur s’amuse (et nous aussi) et ça se voit.
Marianne est un hommage assumé à tout un versant de la pop culture qui a bercé la vie de ses auteurs. En premier lieu Stephen King qui semble présent à tous les étages de la série. Tout d’abord avec la réflexion sur l’écriture et la force de l’écrit. Le passage de l’écrit au réel et l’entité littéraire qui prend vie peut renvoyer au roman La part des ténèbres. Et comment ne pas penser à une petite bourgade du Maine (Etat qu’aime Stephen King) quand on voit Elden. Enfin, « les enfants de l’épave » dans Marianne ne sont pas sans rappeler la bande de Dery dans Ça qui combat le clown tueur. Mais ce ne sont assurément pas les seules références dont se nourrissent les auteurs, évoquant pêle-mêle aussi bien Buffy pour l’héroïne du roman Lizzie Larck ou même Les griffes de la nuit avec la comptine de la sorcière. L’univers est riche, foisonnant mais ces références n’alourdissent jamais le propos et sont totalement digérées pour servir une histoire toujours fun, pop et décomplexée. L’humour, si présent dans l’univers de Samuel Bodin, trouve une place toute légère et jamais étouffante, de manière à ce que la série ne sorte jamais de son écrin horrifique.
L’autre grande réussite de Marianne, au delà d’une écriture et d’une réalisation folle, c’est son casting. Outre les habitués des séries de Samuel Bodin comme Tiphaine Daviot, Alexandre Philip et Alban Lenoir toujours savoureux, il convient de saluer la naissance d’une héroïne et la révélation d’une actrice en la personne de Victoire Du Bois. Déjà vue dans de nombreux projets dont le film Call me by your name, elle explose dans Marianne en héroïne badass, assumant ce qu’elle est et sachant aussi nous bouleverser dès qu’on ne s’y attend pas. A ses côtés, on notera son excellente sidekick Camille jouée par Lucie Boujenah et la non moins excellente et glaçante Mireille Herbtsmeyer dans le rôle de Marianne.
Comme d’habitude avec Netflix, nous n’avons pu voir l’intégralité de la saison donc on ignore si la qualité se maintient mais ces 5 premiers épisodes nous régalent au plus haut point, sachant nous embarquer dans un univers méchamment dingue comme on l’aime. Pour que la magie opère dans ce genre d’histoire, il faut croire à la figure démoniaque créée, à l’image d’un Freddy ou un Jason. Marianne semble rejoindre un bestiaire dont la France semblait absente. Mais ça, c’était avant. On peut désormais le dire : enfin une bonne série française sur Netflix.