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On a vu pour vous…. Normal people, la romance extraordinaire de personnages ordinaires

La série Normal People explore la relation vibrante et tumultueuse de deux jeunes gens, avec une immense sensibilité et un naturel désarmant. 

C’est quoi, Normal people ?  Dans la petite ville nord-irlandaise de Sligo, Marianne (Daisy Edgar-Jones) est une adolescente solitaire et renfermée, régulièrement victime des moqueries et humiliations de la part des autres élèves de son lycée. A contrario Connell (Paul Mescal), dont la mère travaille comme femme de ménage chez Marianne, est un garçon populaire et sportif, apprécié de tous ses camarades. Malgré leurs différences, ces deux jeunes gens que tout semblent opposer sont si proches sur le plan émotionnel qu’un lien profond se tisse entre eux. Une attirance irrésistible va les emporter dans une relation sentimentale complexe, à la fois lumineuse et douloureuse. 

Normal people, série de la BBC 3 que s’apprête à diffuser StarzPlay et présentée dans le cadre du festival Série Séries, a créé la surprise : l’histoire de deux adolescents dans une petite ville côtière irlandaise, avec deux acteurs totalement inconnus, a suscité un engouement inattendu auprès des spectateurs britanniques et son succès n’a cessé de grandir grâce au bouche à oreille et aux réseaux sociaux. On comprend vite les raisons de cet enthousiasme, dès qu’on plonge dans ce récit intimiste et sensible.

La série est tirée du roman éponyme (inédit en France) de l’écrivaine irlandaise Sally Rooney, qui s’est directement impliquée dans l’adaptation puisqu’elle a co-écrit le scénario des six premiers épisodes et a personnellement choisi l’irlandais Lenny Abrahamson en tant que réalisateur.  A noter que le succès de Normal People a incité la BBC à commander l’adaptation de Conversartion with Friends, premier roman de Rooney, qui sera confiée à la même équipe créative. 

Ces Normal People, ce sont donc Marianne et Connell. Adolescente issue d’une famille aisée, Marianne est une élève brillante mais qui ne s’intègre pas au sein de son lycée ; elle erre seule dans les couloirs, n’a pas d’ami et répond avec un humour acide aux provocations des autres élèves. Solitaire, elle a choisi de s’isoler d’une communauté qui, de toute façon, ne veut pas d’elle. En revanche, Connell est un garçon populaire, doué en sport, mais venu d’un milieu plus modeste – sa mère travaille comme femme de ménage chez Marianne. Contre toute attente, ils vont nouer une relation sentimentale et amoureuse complexe et délicate, qu’ils vont longtemps garder secrète, faite de rencontres et de séparations, d’affinités et de divergences, de proximité et de distance. 

Marianne et Connell, les héros ordinaires de cette histoire

Normal People : le titre dit tout des intentions de ce récit. Mais évoquer la normalité, mettre en scène des personnages comme vous et moi dans des situations ordinaires, c’est peut-être la chose la plus difficile qui soit. Or, la série prend le risque de parler de la relation amoureuse de deux personnages « normaux »,  et elle le fait de manière extrêmement sensible et convaincante, en s’adressant franchement et directement à son public. Il n’y a rien de spectaculaire dans cette série, pas de grands rebondissements ; elle est même d’une simplicité désarmante. 

Certes, on retrouve certains éléments typiques du teen drama : l’élève populaire et l’élève marginalisée, le bal de promo, les relations avec les parents… Mais Normal people s’écarte vite des stéréotypes et traite ses personnages comme s’ils existaient réellement. En outre, il y a tout de suite une alchimie quasiment palpable entre les deux acteurs choisis pour interpréter Marianne et Connell (Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal) ; tous les deux sont véritablement extraordinaires… dans le rôle de ces personnages ordinaires, qu’ils incarnent avec une délicatesse étonnante et qu’ils rendent « vrais ». 

En l’occurrence, Marianne et Connell sont deux jeunes gens complexes, qui tentent de se construire malgré un ensemble de traumatismes et  sont animés par des sentiments contradictoires, qui se sentent différents et ont peur d’être rejetés en se montrant tels qu’ils sont. Mais face à face, ils trouvent  dans l’autre un écho, ils s’acceptent et se comprennent. C’est cette connexion et cette attirance quasi magnétique qui les précipitent dans une relation intime qui va bouleverser leurs vies à jamais. 

Love will tear us apart. Again

Cette relation amoureuse est abordée avec subtilité et élégance, dans un récit parfois lumineux et parfois sombre, toujours émouvant et plein d’accents d’authenticité. On scrute l’évolution de Marianne et Connell – indépendamment et en tant que couple – dans un récit linéaire scindé en deux parties : d’abord, la manière dont ce lien sentimental étroit se forme lors des années de lycée à Sligo ; puis les six derniers épisodes qui explorent les conséquences de cette relation tandis que chacun poursuit sa route, à travers des ellipses temporelles et des changements de lieux (avec des incursions en Suède, à Dublin ou en Italie). 

Au fil des épisodes, on les voit se sentir perdus face à des sentiments qu’ils ne comprennent pas, découvrir la sexualité dans des scènes crues hyper réalistes, partager des moments de connexion authentique, dissimuler leur relation par peur du jugement des autres, se disputer et se réconcilier, être séparés par la vie…  Ils se trouvent, se perdent et se retrouvent ; tous les deux ont changé mais la magie renaît dès qu’ils sont ensemble. Leurs discussions, les regards qu’ils échangent et la musique en arrière-plan créent toute une atmosphère délicate et intimiste qui fait constamment appel aux sentiments du spectateur. Tout le paradoxe intrinsèque de Normal People est là : l’histoire d’amour de deux personnages comme vous et moi, avec leurs forces et leurs faiblesses, devient extraordinaire justement parce qu’elle est simple et réaliste.

En à peine douze épisodes de trente minutes, Normal People peint avec subtilité, finesse et sensibilité le tableau d’une histoire d’amour à la fois intense et banale, sans jamais faiblir ni perdre en intérêt ou en émotion. Le public britannique s’est laissé emporter par Normal People, a été séduit par cette relation ambiguë car à la fois toxique et libératrice, a vibré avec Marianne et Connell. A votre tour d’être ému par les héros ordinaires de cette série qui est loin de l’être. 

Normal People (BBC3)
12 épisodes de 25′ environ.
Diffusion en France sur StarzPlay cet été

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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