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On a vu pour vous … Talamasca, la nouvelle série de l’univers d’Anne Rice

Thriller d’espionnage gothique, Talamasca : L’Ordre Secret nous plonge dans les rouages de l’organisation secrète imaginée par Anne Rice et développe son univers télévisuel. 

C’est quoi, Talamasca ? Guy Anatole (Nicholas Denton) possède un pouvoir particulier : il est télépathe. Ce don attire l’attention de Helen (Elizabeth McGovern),  figure de la société secrète Talamasca chargée de surveiller les créatures surnaturelles. Elle lui propose d’intégrer l’organisation, et Guy part à Londres où une série d’événements occultes a laissé des traces inquiétantes. Lorsque Guy découvre que lui-même est lié depuis toujours à Talamasca et alors qu’il tente de comprendre ce que  Helen attend vraiment de lui, il croise la route de Jasper (William Fichtner), un vampire aussi fascinant qu’imprévisible et dangereux. Il entre dès lors dans un labyrinthe d’alliances précaires, de jeux de pouvoir, de conflits internes et de manipulations.

Après le succès critique de Entretien avec un vampire et l’accueil plus divisé réservé à Mayfair Witches, c’est la série Talamasca qui vient enrichir le Immortal Universe, vaste projet d’adaptations connectées de l’œuvre littéraire d’Anne Rice. Disponible sur Netflix, Talamasca  aborde un angle jusque-là secondaire en se centrant sur l’organisation secrète introduite discrètement dans les séries précédentes. 

Une organisation secrète au cœur du surnaturel

Talamasca s’intéresse aux coulisses de la surveillance du paranormal. L’institution éponyme,  société clandestine multiséculaire, a pour vocation de recueillir, documenter et contrôler les phénomènes surnaturels : vampires, sorcières, fantômes, entités occultes. Elle se veut garante d’un équilibre fragile entre humains et créatures immortelles.

Mais derrière cette façade protectrice se cache une machinerie implacable. Le personnage de Guy traverse les niveaux de l’organisation, révélant des guerres internes, une hiérarchie oppressante, des archives interdites et des règles où la fin justifie trop souvent les moyens. La relation ambiguë entre Guy et Helen, mentor qui semble le manipuler dans un but qui lui est propre, incarne cette tension permanente — loyauté forcée, confiance incertaine, dépendance affective.

Talamasca
Helen et Guy, une relation ambiguë

Les couloirs feutrés, salles souterraines et bureaux murés renforcent l’image d’une institution qui observe tout mais ne révèle jamais rien : we watch and we are always there est sa devise. Mais qu’advient-il d’un système qui prétend protéger le monde quand il échappe à toute forme de contrôle ? À quel prix préserve-t-on l’ordre quand la transparence disparaît ?

Thriller d’espionnage plutôt qu’épopée fantastique

Prenant le contre-pied du reste de l’Immortal Universe, la série construit un récit autonome qui lorgne presque davantage vers le thriller d’espionnage que vers l’horreur. Pas de débauche de gore, pas de révélations tonitruantes à chaque épisode mais de la retenue, une construction lente, l’atmosphère étouffée des couloirs secrets et des bureaux fermés qui nous accompagnent dans les pas de Guy, télépathe recruté par cette institution secrète chargée d’observer les créatures surnaturelles. 

La mise en scène de John Lee Hancock s’inscrit dans un héritage cinématographique proche des films d’espionnage des années 1970 : plans rapprochés, silences lourds, architecture écrasante et omniprésence du secret. Londres devient un labyrinthe nocturne de verre et de pierre, brillant et humide, où nul n’est jamais en sécurité. La photographie gothique mêle manoirs victoriens, ruelles brumeuses et archives clandestines, évoquant un univers à la croisée de John Le Carré et Penny Dreadful.

Talamasca révèle les failles et la corruption de ceux qui prétendent protéger le monde et questionne la frontière entre contrôle et domination. Au lieu de privilégier le spectaculaire, le gore (même s’il y en a, rassurez-vous) et les rebondissements incessants, Talamasca adopte une progression lente, pas toujours maîtrisée mais prenante. Peu de créatures surgissant soudainement de l’ombre, pas d’explosion d’effets spéciaux : la série mise sur la tension psychologique, la paranoïa étouffée et les jeux de pouvoir. Avec une montée en puissance au fil des épisodes et une accélération nette dans les deux derniers épisodes, jusqu’à un final fort qui laisse la porte ouverte à une deuxième saison. 

Le nouveau maillon de l’Immortal Universe

Si Guy est au centre du récit, c’est un autre personnage qui se démarque : Jasper, interprété avec brio par William Fichtner (Prison Break). Monstre sanguinaire, victime du Talamasca en quête de vengeance, manipulateur ou manipulé ? Il incarne à lui-seul toute l’ambiguïté qui traverse toute la série : la tentation du pouvoir absolu, la peur et le désir d’immortalité et le vertige du contrôle. Chaque scène avec lui fait basculer la narration, et son lien avec Guy, façonné sur le fil du rasoir, est l’un des ressorts dramatiques les plus puissants de la série.

Le vampire Jasper fait une entrée fracassante dans l’Immortal Universe

Plus qu’un spin-off, Talamasca occupe une place stratégique dans l’écosystème narratif de l’Immortal Universe tiré de l’œuvre de Anne Rice. Alors que Entretien avec un vampire explore la passion, la violence intime et les tourments existentiels, alors que Mayfair Witches explore le poids de l’héritage et la magie familiale, Talamasca choisit une autre perspective : celle des observateurs. Les archivistes, les agents de terrain, les espions du surnaturel — ceux qui voient tout et ne disent rien.

La série relie ces œuvres entre elles grâce à des clins d’œil subtils, caméos (le journaliste Daniel Molloy) et intrigues croisées, sans jamais exiger que le spectateur maîtrise l’intégralité de l’univers. Le fil rouge de la saison — la recherche de l’objet 752, archive légendaire et disparue — devient un moteur autour duquel se cristallisent enjeux politiques, révélations et lutte pour le savoir et le pouvoir. Car la vraie question au centre de Talamasca est peut-être celle-ci : qui détient réellement le pouvoir ? Les monstres ou ceux qui les surveillent ? Les agents sur le terrain ou ceux qui tentent de les manipuler ? Ceux qui agissent ou ceux qui savent ? 

Malgré quelques défauts, Talamasca est une réussite sobre et élégante, portée par une atmosphère gothique maîtrisée, des performances d’acteurs impeccables et un univers narratif qui s’épaissit intelligemment. Sans atteindre l’ampleur de Entretien avec un vampire, elle propose une immersion mystérieuse et captivante, à savourer sans chercher la frénésie. C’est une invitation à arpenter les rues sombres de Londres et à sonder le brouillard des vampires, du Talamasca et de leurs intrigues occultes. 

Talamasca
6 X 50′ environ
Disponible sur Netflix

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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