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On a vu pour vous… Why women kill, des Desperate housewives meurtrières

Marc Cherry revient avec une série Why women kill qui rappelle Desperate Housewives, et qui s’avère tout aussi addictive et pétillante.

C’est quoi, Why women kill ? Une maison d’un chic quartier résidentiel est habitée par trois femmes à trois époques différentes. Au milieu des années 1960, Beth Ann (Ginnifer Goodwin) s’efforce d’être la femme au foyer parfaite malgré la liaison extraconjugale de son mari Robert (Sam Jaeger). En 1984, la mondaine Simone Grove (Lucy Liu) est défaite lorsqu’elle découvre que son mari Karl (Jack Davenport) la trompe… avec des hommes. De nos jours, Taylor (Kirby Howell-Baptiste) et Eli (Reid Scott) s’engagent dans un ménage à trois avec la jolie Jade (Alexandra Daddario). Les situations sont différentes mais toutes vont aboutir au même résultat : un meurtre. Qui va tuer qui ? Comment et surtout pourquoi ? 

En 2004, Marc Cherry nous faisait entrer dans l’intimité de quatre Desperate Housewives ; sept ans après la fin des (més)aventures de Bree, Susan, Lynette et Gabi, il nous ramène en banlieue avec Why Women kill, série de  CBS All Access diffusée en France  sur M6. Au départ, on a l’impression qu’il nous ressert sa série précédente et accumule les poncifs (le mari infidèle, la femme au foyer, la voisine langue de vipère, le jeune amant…). Pourtant, Why women kill mérite qu’on lui laisse une chance : avec ses rebondissements et une bonne dose d’humour noir (voir les titres des épisodes), elle monte en puissance et précipite des personnages moins caricaturaux qu’il n’ y paraît dans des situations tour à tour soap-esques, comiques ou tragiques. Et elle devient vite addictive et moins légère que ce qu’on pouvait croire. 

Nous voici à Pasadena, où la même maison est occupée à différentes époques par trois femmes qui ne se connaissent pas ; comme le montrent le titre de la série et son générique très réussi, toutes les trois vont être impliquées dans un meurtre. On ignore comment ou pourquoi mais l’on suppose que leurs victimes seront leurs maris respectifs. Or, les choses ne sont pas aussi simples… 

Beth Ann, femme au foyer désespérée, et son mari

Commençons en 1963, lorsque Beth Ann et Robert emménagent dans la fameuse maison. Le couple a perdu sa fille unique lors d’un tragique accident mais Beth reste une femme au foyer soumise et attentionnée, qui cherche à combler son mari. Lorsqu’elle apprend qu’il entretient une liaison avec une serveuse (Sadie Calvano), elle va contre toute attente se lier d’amitié avec elle tout en tentant de le reconquérir. Ici, Ginnifer Goodwin est parfaite dans le rôle d’une Beth Ann à la fois drôle et attachante, et derrière le thème classique de l’infidélité conjugale, c’est une trahison bien plus terrible qui va se dévoiler… 

Deux décennies plus tard, la maison est occupée par Simone, une mondaine capricieuse qui découvre, effarée, que son troisième mari Karl a des aventures avec des hommes. Par crainte du jugement des voisins, Simone décide de sauver les apparences en restant avec son époux… tout en ayant une liaison avec Tommy (Leo Howard), le fils de sa meilleure amie. Lucy Liu est formidable dans le rôle de Simone qu’elle sauve de la caricature, et cet arc narratif est le plus inattendu, le plus sensible, le plus drôle mais aussi le plus bouleversant.  

Back to the 80s avec Simone et Karl

Enfin, en 2019, Taylor est une brillante avocate qui forme un couple libre avec Eli, un scénariste raté et ancien toxicomane. Lorsqu’ils s’impliquent dans un ménage à trois avec la jeune et jolie Jade, les mensonges s’accumulent et leur relation déjà fragile se détériore. Cette fois, les protagonistes du trio amoureux ne sont pas totalement convaincants car assez superficiels, et la série raconte l’histoire de manière globale au lieu de se focaliser sur le point de vue d’une seul d’entre eux (comme avec Ann Beth ou Simone), ce qui nuit un peu à la cohésion de l’ensemble. 

Why women kill se démarque en juxtaposant les trois histoires et les trois époques de manière très habile, en les rendant immédiatement identifiables à l’écran. D’un côté, une ambiance élégante et des couleurs douces à la Mad Men ; de l’autre les tenues flashy, coiffures improbables et décors dignes de Dynastie  ; enfin le cadre contemporain de notre époque. Sur le fond, c’est aussi une évolution sociale qui se dessine : une épouse au foyer dépendante financièrement de son mari précède une femme beaucoup plus libre (y compris sur le plan sexuel) sur fond de discrimination à l’égard des homosexuels et de peur du Sida, puis un couple égalitaire est adepte de l’amour libre, alors qu’elle a gardé son nom de famille et les fait vivre tous les deux avec son salaire.   

Le lien entre les trois histoires va toutefois au-delà du lieu (la maison) et du thème (le meurtre). Au fur et à mesure des dix épisodes de la série, il s’établit une sorte de synergie, un lien intangible grâce à des transitions fluides et astucieuses – un objet, une vue de la maison, une photo ou une situation permettent de glisser d’une époque à l’autre. En point d’orgue, le dernier épisode comporte une séquence magistrale qui entrecroise les trois récits et qui abolit brièvement les distances physiques et temporelles. Et on sait enfin pourquoi les femmes – en tous cas, celles-là – tuent. Croyez-nous, elles ont leurs raisons. 

Renouvelée pour une deuxième saison, Why women kill prendra la forme d’une anthologie avec la même maison mais de nouveaux couples, de nouvelles épouses, de nouveaux drames et donc de nouvelles raisons de tuer. En attendant, Marc Cherry parvient à créer une histoire… ou plutôt trois, qui sont à la fois drôles, émouvantes et pleines de suspense.  Avec cette série pétillante et prenante, on ne pourra plus dire que le crime ne paye pas.

Why women kill (CBS)
10 épisodes de 45 à 55 minutes environ. 
Diffusée en France sur M6. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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