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On débriefe pour vous … Orphan Black (BBC America / Netflix)

Avant la diffusion du dernier épisode de la saison 5, qui met un point final à Orphan Black, on débriefe pour vous l’un des succès les plus inattendus de ces dernières années.

C’est quoi, Orphan Black ? Sarah Manning (Tatiana Maslany) est une marginale fauchée et à la dérive, qui a perdu la garde de sa fille Kira, confiée à la garde de sa mère adoptive Siobhan (Maria Doyle Kennedy). Lorsque, sous ses yeux, une jeune femme qui lui ressemble étrangement se suicide en se jetant sous un métro, Sarah y voit une opportunité : elle usurpe l’identité de la victime, un inspecteur de police, le temps de vider ses comptes en banque. A sa grande stupeur, elle découvre que son double enquêtait sur d’autres sosies… qui sont en fait des clones. Sarah comprend qu’elle et ses alter ego font partie d’une expérience à grande échelle ; surveillées et traquées par une mystérieuse organisation, elles vont s’allier pour tenter de découvrir qui se cache derrière ce projet, quitte à mettre leurs vies en danger.

A lire aussi : Orphan Black, de l’eugénisme à la démesure

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Créée par le réalisateur canadien John Fawcett et le scénariste Graeme Manson, Orphan Black est lancée en toute discrétion en mars 2013. Le pilote retient pourtant l’attention des critiques et du public, et Orphan Black devient rapidement la série dont on parle. Si elle reste encore confidentielle, elle rencontre un succès inattendu grâce à l’enthousiasme des spectateurs, et le bouche-à-oreille fait le reste…Il faut dire que dès les premières minutes, on y trouve tous les ingrédients qui en font une série à part. A commencer par un scénario original, au rythme rapide et qui se met en place avec fluidité.

Marginale en rupture familiale, Sarah Manning découvre par hasard l’existence de plusieurs sosies, totalement identiques à elle physiquement mais dotés de personnalités radicalement différentes. En usurpant l’identité de Beth, qui s’est suicidée sous ses yeux, elle se sert du travail effectué par l’inspectrice pour enquêter. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance d’Alison, mère au foyer de banlieue alcoolique et accro aux médicaments ; de Cosima, une scientifique spécialisée dans la génétique ; et d’Helena, le mouton noir du groupe, violente et mentalement instable. En se rencontrant, nos héroïnes commencent à entrevoir avec stupeur qu’elles sont l’objet d’une expérience de clonage à grande échelle. Réalisant que certains de leurs proches sont chargés de les surveiller, et que plusieurs de leurs « sœurs » ont été assassinées, les jeunes femmes unissent leurs forces pour percer le mystère de leurs origines. Elles remontent ainsi jusqu’à une organisation prônant l’eugénisme (la néolution) et à un organisme de recherche scientifique, l’institut Dyad, lui-même dirigé par la froide et calculatrice Rachel… un autre clone. En parallèle, Cosima est atteinte d’une maladie génétique dont le remède pourrait résider dans l’ADN de la fille de Sarah, Kira, faisant de l’enfant un objet de convoitise pour l’institut Dyad.

Attention, un clone peut en cacher un autre

 

A partir de là, difficile de s’appesantir sur les nombreux rebondissements qui vont jalonner les 5 saisons sans trop en révéler. Contentons-nous d’évoquer (entre autres) l’existence d’une secte religieuse, d’un complexe militaire, d’enjeux commerciaux, d’une histoire rocambolesque de trafic de médicaments, d’une île servant de base arrière aux instigateurs du projet, et d’une expérience parallèle avec des clones masculins.

Très riche, le scénario part dans plusieurs directions… au risque de se perdre en multipliant les pistes et les intrigues. La narration est parfois confuse, avec des longueurs et des rebondissements un peu forcés. On peut aussi regretter certaines séquences comiques, centrées sur Allison et son mari, plus légères mais souvent répétitives et caricaturales. Malgré ces quelques défauts, l’ensemble reste très efficace. Sur un fond conspirationniste, l’action et le suspense accordent une large place aux développements des personnages et certains thèmes affleurent de façon pertinente sans toutefois constituer l’essentiel du propos (l’opposition entre science et religion, la construction de l’identité, les dilemmes éthiques.) A l’instar de la séquence d’ouverture, les épisodes sont ponctués de scènes fortes et impressionnantes (au hasard : Helena en robe blanche, couverte de sang…).

L’inquiétante Helena, dans une scène impossible à oublier

 

A eux seuls, ces arguments devraient déjà vous convaincre de regarder Orphan Black. Mais soyons francs : la vraie raison s’appelle Tatiana Maslany. L’actrice canadienne accomplit le prodige d’incarner tous les clones et de donner vie à des personnages complètement différents (les clones que nous avons évoqués, et d’autres encore qui apparaissent au fil des saisons) tant du point de vue de la gestuelle que de la diction ou de l’interprétation. Toujours convaincante, elle réussit l’exploit de leur donner une identité et une dimension propre. Le clou du spectacle surgit lorsqu’un clone doit se faire passer pour un autre (par exemple, Cosima fait semblant d’être Allison) : non seulement on devine d’emblée qui imite qui, sans avoir besoin d’explication, mais en plus, il est totalement crédible que les autres personnages s’y laissent prendre !  Autres scènes étonnantes, celles qui réunissent deux ou plusieurs clones : elles sont souvent spectaculaires et marquent les esprits – comme celle de la « danse des clones ».

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Revers de la médaille, la performance de Maslany souligne les limites des autres acteurs. Et notamment celles d’Ari Miller, qui joue les clones masculins sans arriver à la cheville de sa comparse. Restent deux exceptions : Jordan Gravis dans la peau de Felix, l’artiste gay et frère adoptif de Sarah, dont l’attitude empruntée et les réparties hilarantes font merveille ; et leur mère adoptive Siobhan, à qui Maria Doyle Kennedy donne une aura de mystère et de soufre. En revanche, tous les personnages gravitent autour de Sarah et de ses sœurs, et la plupart manquent d’épaisseur et perdent leur intérêt dès qu’ils sortent de leur orbite – par exemple  Delphine, l’inspecteur Bell, Gracie, Paul ou même Kira… Mais au fond, peu importe : Tatiana Maslany a le talent nécessaire pour porter Orphan Black sur ses épaules. Séduisante et originale, la série méritait de retenir l’attention du public ; c’est le talent de son incroyable interprète principale qui en fait une série incontournable.

Tatiana Maslany, alias Sarah. Et Cosima. Et Alison. Et Helena…

 

Dès le départ, les créateurs d’Orphan Black avaient envisagé une histoire sur 5 saisons, avec une idée claire du dénouement. L’ultime saison est un peu lente au démarrage, mais l’action s’accélère par la suite et les rebondissement s’articulent extrêmement bien, laissant présumer d’un excellent final…  Juste avant la diffusion de ce dernier épisode, il faut toutefois le reconnaître : Orphan Black, c’est d’abord Tatiana Maslany. Révélation de la série, cette fille a un talent unique. A moins de clones éventuels.

Orphan Black (BBC America)

5 Saisons – disponibles en France sur Netflix

A lire aussi : On debriefe pour vous … Atypical une délicieuse et différente comédie familiale 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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