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On débriefe pour vous … Bosch (saison 5), constante dans l’excellence

Portée par un récit ambitieux et la formidable interprétation de Titus Welliver, la série Bosch tirée des romans de Michael Connelly creuse son sillon et séduit à nouveau.

C’est quoi, Bosch (saison 5) ? Plus d’un an après l’assassinat de son ex-femme, Harry Bosch (Titus Welliver) est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un pharmacien et met au jour un trafic de médicaments. Tandis qu’il tente de remonter la filière lors d’une mission sous couverture, l’inspecteur est sur la sellette et doit faire face à la réouverture d’un vieux dossier, lorsqu’un détenu incarcéré pour meurtre depuis 22 ans l’accuse d’avoir falsifié les preuves. Et Maddie Bosch (Madison Lintz), désormais employée par le bureau du procureur, découvre des documents qui la poussent à s’interroger sur l’éthique de son père… L’affaire survient au moment où le LAPD est sous pression , en proie à des polémiques, des restrictions budgétaires et les exigences de la hiérarchie.

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Série originale de Amazon Prime créée par Eric Overmeyer (qui a notamment travaillé sur The Wire et Treme), déjà renouvelée pour une saison supplémentaire, Bosch a fait son retour avec une cinquième saison dans la lignée des précédentes. Nous n’avons jamais tari d’éloges sur cette fiction policière qui met en scène  l’inspecteur du LAPD Hieronimus Bosch, héros créé par le romancier Michael Connelly. Malgré quelques légères différences, la série reprend l’essence des personnages, inscrit la structure narrative des livres dans une Los Angeles réaliste aux multiples facettes et soigne sa réalisation et sa photographie. En bref, elle exploite intelligemment le matériau littéraire pour en tirer un récit classique, intense et élégant.

A lire aussi : Du roman de Michael Connelly à la série d’Amazon

Tirée du roman Two kinds of truth, cette cinquième saison s’appuie vraiment sur tous les protagonistes, construit patiemment un récit choral avec plusieurs arcs entremêlés. Derrière un Bosch toujours au cœur de l’histoire, la narration s’étend dans d’autres directions et la série fait le pari de mener de front une multitude d’intrigues. La mission d’infiltration de Bosch, la réouverture de cette vieille affaire où il est accusé d’avoir placé de fausses preuves, deux vétérans du LAPD que la hiérarchie tente de pousser à la retraire après un accident de voiture, l’assassinat de l’informateur de l’inspecteur Edgar, les restrictions budgétaires au sein du commissariat, les manœuvres politiques du chef Irving, la falsification de statistiques, la relation du héros avec sa fille Maddie…

Et encore, la liste n’est pas exhaustive. Plus ou moins essentielles à long terme, ces intrigues sont toutes importantes dans l’avancée des dix épisodes ; équilibrées et bien construites, elles s’articulent avec fluidité, se déroulent méthodiquement mais sans le moindre temps mort ou scène inutile, et aboutissent presque toutes à une conclusion. Suivre les collègues de Bosch ou ses supérieurs, les avocats ou le bureau du procureur enrichit considérablement le propos, qui plonge alors dans toutes les nuances claires-obscures du monde judiciaire, policier et politique.


Bosch, père et fille

Mais comme on l’a dit, Bosch reste évidemment au centre du récit. Le premier épisode s’ouvre sur le seul faux pas de la saison : un flash-forward un peu maladroit où l’on découvre Bosch en danger, lors d’une mission sous couverture qui a visiblement mal tourné. Les épisodes vont retracer les événements de manière linéaire, en revenant au début de l’affaire. Et même si on se doute bien de l’issue pour le héros, l’intrigue reste sous-tendue par un suspense prenant. En parallèle,  les accusations portées contre lui dans une vieille affaire permettent d’approfondir son rapport complexe à la loi et de tracer un portrait toujours plus ambigu. Inspecteur old school mi-Philip Marlowe mi-cowboy solitaire, on sait que Harry obéit à son propre code éthique, quitte à enfreindre quelques règles.

La nuance est subtile et nourrit les doutes de Maddie envers son père lorsque, employée au bureau du procureur, elle a entre les mains des documents sensibles… La relation entre le père et la fille est du reste l’un des aspects les plus réussis de cette saison, avec des séquences intimistes pleines de tendresse et parfois d’incompréhension, en particulier maintenant que Bosch est obligé d’assumer son rôle de père à plein temps et que Maddie doit surmonter la mort de sa mère.  

Outre une écriture ciselée, Bosch bénéficie d’excellents acteurs. Madison Lintz trouve le ton juste pour traduire la palette d’émotions de Maddie, Amy Aquino est convaincante en lieutenant navigant entre sa loyauté envers son équipe et l’obéissance à ses supérieurs, de même que Jamie Hector dans le rôle d’un Edgar confronté à la dure réalité du terrain. Et n’oublions pas Lance Reddick, toujours charismatique et délicieusement cryptique en tant que chef de la police aux ambitions politiques. Cette saison, ils sont rejoints  par Chris Vance (Prison Break), Juliet Landau (Buffy contre les vampires) et un Ryan Hurst (Sons of Anarchy) formidable dans le rôle d’un enquêteur privé à la recherche d’éléments susceptibles de faire tomber Bosch.


Titus Welliver, incarnation parfaite de Harry Bosch

Et puis, il y a Titus Welliver. On connaît le talent de l’acteur, qui en fait la preuve à de multiples reprises (Deadwood, Lost, Sons of anarchy…) ; ici, il se surpasse. Il prend Bosch à bras le corps, s’empare de sa réserve et de ses émotions, de sa froideur et de sa colère, de sa mélancolie et de sa solitude pour faire ressortir épisode après épisode, de manière puissante et réaliste, toutes les nuances et contradictions du héros. Au point qu’il est presque devenu impossible d’imaginer le personnage de Connelly avec un autre visage que le sien – y compris pour les fans de ses romans.

Avec cette cinquième saison, Bosch reste constante dans l’excellence. A la fois moderne et old school, sans grands effets ou artifices, la série puise sa force dans son mécanisme parfaitement rodé, dans son héros magnifique porté par un Titus Welliver exceptionnel, mais aussi dans ses personnages et intrigues secondaires où s’entrelacent enquêtes de terrain, meurtres non résolus, manipulation politiques et fantômes du passé.  On n’hésite pas à l’affirmer : Bosch est l’une des meilleures séries policières actuelles. Peut-être même la meilleure…

Bosch (Amazon Prime Video)
Saison 5 – 10 épisodes de 45′ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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