Calls, la série sans images de CANAL +, rempile pour une seconde saison bien moins emphatique, au profit de drames plus prosaïques. Une nouvelle réussite.
C’est quoi Calls ? A rebours de l’inflation d’images à laquelle nous accoutument les écrans, la création de Timothée Hochet y renonce pour dépeindre des histoires courtes sans lien narratif apparent, mais baignées dans une même noirceur aux relents fantastiques. Des enregistrements se succèdent ainsi, où figurent les voix prestigieuses de Ramzy Bedia, Lambert Wilson, Charlotte Le Bon, Mathieu Kassovitz ou encore Karin Viard.
« Je crois qu’il y a quelqu’un chez moi » susurre Emilie à l’agent de police, après avoir entendu un bruit. Hallucination auditive portée par une ouïe grandement sollicitée ? Possible, Emilie étant aveugle. Comme le téléspectateur, qui comprend dès ce premier épisode qu’il sera soumis à ses peurs instinctives, où l’imagination prédomine. Suggérer sans jamais montrer, le dispositif horrifique est particulièrement bien huilé, d’autant plus au vu de l’incroyable travail sonore opéré : en misant sur la prise de son directe, les scènes gagnent en authenticité, ce qui amplifie l’immersion. Les voix, tantôt haletantes, tantôt brouillées, viennent parachever la tension latente qui s’y émane ; on regrettera cependant la conclusion abrupte de certains épisodes, qui utilise bien trop aisément la ficelle de la « libre interprétation » pour masquer une certaine facilité dans l’écriture.
La banalité du mal
Globalement en deçà de la saison précédente – où tous les épisodes s’offraient tel un gigantesque puzzle à reconstituer, dans un cadre apocalyptique – la narration fait cette fois la part belle à des drames plus personnels ; les liens entre les épisodes – quand ils ne sont pas inexistants- étant bien moins évidents. Les plus perspicaces verront ici et là des références à la première saison de Calls, insuffisantes toutefois pour espérer répondre aux multiples questions en suspens.
Le viol, l’alcoolisme, la dépression ou l’infidélité sont donc tour à tour évoqués, symboles d’un mal protéiforme qui irradie le quotidien de chacun. Le surnaturel, au cœur de la saison 1 de Calls, est ici mis sur le bas-côté – les épisodes qui le mettent en scène sont d’ailleurs les moins réussis -, afin de s’attarder sur la complexité des relations humaines. Il en résulte des scènes particulièrement émouvantes, à l’image de ce quatrième épisode, petit bijou où défilent sobrement les moments triviaux mais pourtant marquants dans la vie d’un couple. Ou bien cet enfant probablement violenté, qui deviendra quelques épisodes plus tard cet adulte aux émotions exacerbés, dont les larmes finales déchireront l’armure si longtemps arborée.