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On débriefe pour vous … Channel Zero – The dream door, entrez à vos risques et périls

Effrayante et perturbante, cette quatrième saison confirme que Channel Zero est une des meilleures séries d’horreur du moment.

C’est quoi, Channel Zero : The dream door ? Alors qu’ils viennent de se marier, Jillian Hodgson (Maria Sten) emménage avec Tom (Brandon Scott) dans la maison d’enfance de ce dernier. A peine installés, ils découvrent dans leur sous-sol une porte… qui n’existait pas la veille. Une porte qu’ils ouvrent après bien des difficultés, et qui donne sur une volée de marches au bout de laquelle se trouve… une autre porte. Une porte que Jillian ouvre, sans se douter de ce qu’il y a derrière. Entre déchaînement sanglant et secrets du passé, le cauchemar peut commencer.

Si l’horreur est un genre qui se décline avec succès depuis plusieurs années dans les séries, Channel Zero ne bénéficie pas de l’écho qu’elle mériterait. Somme toute assez confidentielle, voilà maintenant quatre saisons que la série créée par Nick Antosca (l’un des scénaristes de Hannibal) donne des cauchemars au public de Syfy. Et ce n’est pas avec The Dream Door, quatrième volet de cette anthologie, que les spectateurs vont retrouver le sommeil.

Channel Zero s’inspire des Creepypasta, légendes urbaines diffusées sur internet. Cette saison s’appuie sur un récit né de l’imagination de Charlotte Bywater, intitulé I Found a Hidden Door in My Cellar and I Think I’ve Made a Big Mistake. Et effectivement, Jillian et Tom Hodgson  trouvent une porte mystérieuse dans le sous-sol de leur maison et font la grossière erreur de l’ouvrir, libérant tout ce qui se cache derrière…

Pour parler de The dream door, on pourrait rester sibyllin et se contenter de dire que, derrière la fameuse porte qui donne son titre à cette salve de 6 épisodes, se cache la matérialisation des angoisses, troubles et insécurités du personnage de Jillian ; que ce sont ses failles inconscientes qui donnent naissance à une horreur palpable, qui va plonger son couple dans une spirale effroyable. L’approche est juste, mais ne fait qu’effleurer le sujet. A vous de voir si vous vous en contentez ou si vous poursuivez votre lecture – en sachant que les paragraphes suivants vont largement vous spoiler la saison.

Attention : spoilers derrière cette porte

 

L’un des secrets cachés derrière la porte s’appelle Pretzel Jack (sublimement interprété par l’artiste Troy James). Soit un clown contorsionniste particulièrement flippant, au visage recouvert de maquillage blanc. Pretzel Jack est une invention de Jillian, un ami d’enfance imaginaire qu’elle a dessiné après un spectacle de cirque.  Dans ses dessins, Pretzel Jack se contorsionne, se disloque dans des mouvements presque inhumains – et c’est exactement la manière dont il se déplace dans la réalité. Oh, et il tue des gens. Il les éventre, il les poignarde, il les égorge – regard fou et sourire dément vissés sur le visage. Il n’a rien à envier à Pennywise de Ça ou au Twisty de American Horror Story, mais ce clown psychopathe va pourtant se révéler étrangement attachant. Pour des raisons que, cette fois on ne révélera pas, on en arrive presque à rêver d’un Pretzel Jack à soi…  Et c’est ce qui rend le personnage si dérangeant.

En tant que série d’horreur, The dream door reste classique mais efficace, maintient une tension constante malgré quelques éléments un peu sous-exploités (comme le personnage de Vanessa Moss, interprétée par Barbara Crampton). Réalisateur de cette saison, Evan Kratz fait un travail remarquable : avec une palette de couleurs vibrantes et des angles et mouvements de caméra surprenants, il crée une ambiance originale et oppressante, des séquences de poursuites intenses, et parvient à faire sursauter un spectateur pourtant cramponné à son siège. (Attention : la première apparition de Pretzel Jack pourrait bien vous faire tomber du canapé…)  Et comme dans les trois saisons précédentes, Channel Zero lie l’horreur à tout un arrière-plan psychologique, les deux se nourrissant l’un l’autre avec intelligence. La dimension humaine enrichit considérablement l’histoire, qui n’est jamais aussi prenante que lorsqu’elle établit le lien entre les deux et donne une signification plus profonde à Pretzel Jack et compagnie.

Clown contorsionniste meurtrier : Pretzel Jack va vous hanter

 

Car Pretzel Jack n’est pas le seul hôte de la pièce secrète dissimulée derrière la (ou les?) porte(s). On l’a dit, il a pris vie à partir de l’imaginaire de Jillian, et la porte renferme donc d’autres mystères, tout aussi effrayants. La série prend le temps nécessaire pour dévoiler la vérité, parsème les épisodes de révélations inattendues entre deux meurtres gore pour expliquer comment cette « porte des rêves » établit une connexion entre le monde physique et l’inconscient de la jeune femme, entre son passé et son présent.

Comme le rappelle le charmant voisin du couple, Ian (Steven Robertson), la porte a une forte signification  dans la psychologie jungienne. Pour Freud, les portes ont sûrement quelque chose à voir avec la sexualité mais pour Jung, elles ouvrent sur un monde de secrets inconscients à partir duquel nous nous construisons. D’après cette symbolique, The dream door explore la manière dont les secrets et mensonges empoisonnent les relations humaines. En l’occurrence le couple de Jillian et Tom, tous deux perturbés par leur bagage émotionnel et prisonniers des non-dits qui planent en permanence sur leur mariage. Clown meurtrier mis à part, c’est l’absence de communication qui risque de tuer (symboliquement et littéralement) leur couple.

Jillian et Tom. Ne jamais ouvrir une porte sans savoir ce qu’il y a derrière…


Six épisodes, une poignée de meurtres et un clown cauchemardesque plus tard,
Channel Zero conclut une excellente quatrième saison. Avec une intrigue inquiétante et bien menée, la série analyse les ressorts psychologiques et la dynamique relationnelle entre ses personnages, en restant accessible et sans jamais tomber dans des prétentions digressives. A la fois divertissante, effrayante et intelligente, The dream door confirme que Channel Zero est incontournable, pour tous ceux qui aiment se faire peur. A une exception près : coulrophobes s’abstenir.


Channel Zero – The dream door (SyFy)
6 épisodes de 45′ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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