Dans les nouveaux épisodes de Evil, le Mal resserre son étau autour de David, Kristen et Ben : l’enfer est vide et tous les démons sont ici.
C’est quoi, Evil (saison 2) ? Le séminariste catholique David Acosta (Mike Coulter), la psychologue Kristen Bouchard (Katja Heberts) et l »expert en technologie Ben Shakir (Aasif Mandvi) poursuivent leur collaboration : mandatés par l’Église afin de déterminer si des phénomènes étranges sont explicables scientifiquement ou d’origine mystique, ils voient leurs convictions respectives vaciller quand certaines manifestations semblent les concerner personnellement. Dans le même temps, Leland Townsend (Michael Emerson) sollicite leur aide pour être exorcisé du démon auquel il a vendu son âme.
On n’avait pas tari d’éloges sur la première saison de Evil, série fantastique créée par le couple Robert et Michelle King. On y suit Kristen, David et Ben, chargés par l’Église de déterminer si des phénomènes apparemment mystiques (possessions, miracles, hantises) le sont réellement, ou s’il existe une explication rationnelle. A travers les différents cas traités, Evil jongle entre horreur et humour tout examinant la question de la nature du Mal à travers le prisme de la foi et de la science, sans jamais apporter de réponse définitive.
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Plus de vingt mois se sont écoulés entre la diffusion des deux saisons ; disponible en France sur Salto, la série est passée de CBS à Paramount+ aux États-Unis. Un changement de diffuseur, mais toujours la même ligne directrice – ou plus précisément, un approfondissement et une évolution logique et convaincante dans les thèmes traités et le parcours des différents personnages.
Cette fois, Evil met moins l’accent sur la nature du Mal, thème central de la saison précédente. Sans surprise, les mystères auxquels sont confrontés nos héros aboutissent toujours à un dénouement ambigu, avec deux explications (rationnelle et mystique) aussi convaincantes l’une que l’autre. Evil s’intéresse en revanche à quelque chose d’encore plus dérangeant et pertinent : l’impact du Mal et la manière dont il peut frapper n’importe qui. Peu importe finalement que le Mal en question soit d’origine humaine, surnaturelle, psychologique, diabolique ou spirituelle.
Si la série met toujours en scène différentes manifestations du Mal en allant des démons aux goules en passant par les vampires, les poupées maléfiques, les cannibales, les fantômes ou les incubes, elle montre surtout comment ces expériences affectent Ben, Kristen et David. Les convictions des premiers et la Foi du troisième semblaient inébranlables ; or, elles vacillent dangereusement dans ces nouveaux épisodes. Ainsi, David est ébranlé dans sa croyance en Dieu à l’approche de son ordination ; il s’interroge sur la chasteté, le racisme dans l’Église, il en vient à consommer des hallucinogènes pour essayer de communiquer avec des entités célestes et se confie à Sœur Andrea (nouveau personnage inénarrable qu’on vous laisse le plaisir de découvrir).
Quant à Ben et Kristen, leur confiance dans la raison et la science est mise à mal par leurs expériences personnelles, et ils ont du mal à faire la part des choses entre hantises et hallucinations, possessions et traumatismes psychologiques. Kristen voit par exemple apparaître sur son ventre des stigmates en forme de croix – peut-être parce qu’elle est devenue maléfique, peut-être parce qu’elle culpabilise suite à l’acte qu’elle a commis ou peut-être simplement à cause d’une réaction allergique au cuivre.
Le trio est notamment poussé dans ses retranchements par Leland Townsend (bluffant Michael Emerson, qui arrive à être hilarant et inquiétant dans la même scène). Celui-ci, qu’on a vu discuter tranquillement avec un bouc satanique dans la première saison, devient leur client : il sollicite un exorcisme et demande expressément à être tuteuré par David. Il a évidemment un tout autre dessein, et il compte bien profiter de la situation pour manipuler nos trois héros. Il prédit par exemple à Ben, athée convaincu, la visite nocturne d’une entité ; celui-ci est alors harcelé par une succube. Réalité ou suggestion suite aux propos de Leland ? Encore une fois, Evil joue intelligemment avec la psyché de ses personnages et dévoile certains aspects de leurs personnalités. Et personne n’est épargné – pas même la mère de Kristen ou son psychiatre.
Au final, Evil est une série délicieusement perturbante, perfidement drôle et subtilement effrayante. On peut l’aborder de deux façons : comme une émulation intellectuelle qui remet en question les notions de Bien et de Mal, de spiritualité et de science, la manière dont chacun vit sa Foi qu’elle soit dans la Religion, dans la raison ou dans un mélange des deux ; ou comme un pur divertissement. Car au-delà des questionnements que peut soulever la série, elle reste aussi… diablement réjouissante.
Chaque épisode est parsemé de touches d’humour, notamment parce que chaque histoire voit son thème central illustré en introduction par le « Grand livre popup des choses effrayantes », un ouvrage graphique et… interactif (disons-le comme ça) qui réserve son lot de surprises et qui n’est pas juste un truc visuel puisqu’on découvrira qu’il a son importance. Surtout, Evil continue de surprendre et de bluffer le spectateur tout au long de la saison : toujours excellente, elle comporte une poignée d’épisodes qui sortent du lot. Soit par une mise en œuvre originale parfaitement exploitée (S if for Silence), soit par une histoire particulièrement terrifiante (E is for elevator). Et même si ça va vous sembler bizarre, on vous promet que vous ne regarderez plus tout à fait les jonquilles comme avant.
La deuxième saison de Evil précipite ses personnages dans un Enfer plus personnel et donc plus effrayant, avec phénomènes, créatures et questionnements perturbants. Le voile commence aussi à se lever sur la vaste intrigue qui court depuis la série – la signification des mystérieux symboles, le rôle que joue Leland ou l’implication d’une certaine clinique. Une chose est certaine : on sera au rendez-vous de la troisième saison (officiellement confirmée) pour plonger un peu plus profondément au cœur d’un Mal exploré par le couple King avec une intelligence et un talent… décidément diaboliques.
Evil
Saison 2 – 13 X 48′ environ.
Disponible sur Salto.