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On débriefe pour vous … Hacks, one-woman show … en duo

Une légende du stand-up en perte de vitesse est obligée de collaborer avec une jeune auteure décomplexée : c’est Hacks, et ça fait des étincelles.

C’est quoi, Hacks ? Légende du stand-up, Deborah Vance (Jean Smart) est résidente depuis de nombreuses années dans un grand casino de Las Vegas où elle s’apprête à donner la 2500ème représentation de son spectacle. Mais après tant d’années, l’usure se fait sentir. Pour moderniser le show qu’il juge démodé, l’agent de la star (Paul W. Downs) lui suggère de collaborer avec Ava (Hannah Einbinder), une jeune scénariste de Los Angeles en disgrâce après un tweet malheureux. Ava n’est pas du tout intéressée mais elle n’a pas d’autre proposition et elle accepte le job ; Deborah n’a aucune envie de travailler avec la jeune femme ou même de réécrire son show. La collaboration s’annonce houleuse. Pourtant, malgré leurs différences, elles ont plus en commun qu’elles ne le pensent. 

Lancée en 2021 et actuellement diffusée sur Teva, créée par Lucia Aniello et Paul W. Downs (Broad City), Hacks a été récompensée à de multiples reprises – notamment par le Emmy Award du meilleur scénario pour une comédie. Et dès les premiers épisodes, c’est évident : drôle, rythmée, bien écrite et portée par un formidable duo d’actrices, Hacks mérite bien ces distinctions.

Jean Smart incarne Deborah Vance, légende du stand-up qui a sacrifié son mariage et sa relation avec sa fille sur l’autel de sa carrière.  Alors qu’elle est résidente à Las Vegas avec un spectacle permanent, elle apprend que le propriétaire du casino veut réduire le nombre de ses spectacles pour réserver la scène à des artistes plus jeunes. Dans le même temps, la jeune scénariste Ava, réputée pour ses comédies sans filtre, est tricarde sur tous les plateaux de Los Angeles suite à un tweet malavisé. Or, elle a le même agent que Deborah, et celui-ci  a une idée : envoyer  Ava à Las Vegas, afin qu’elle travaille avec la star pour écrire de nouveaux sketchs, plus dans l’air du temps. Ava accepte à contrecœur, sans se douter que Deborah n’a pas été prévenue. Malgré une première rencontre désastreuse, les deux femmes comprennent qu’elles n’ont pas d’autre solution pour sauver leurs carrières respectives. Commence alors une collaboration houleuse, entre choc des générations et humour radicalement différents… mais peut-être pas aussi inconciliables que ce qu’on croit.

A lire aussi : Fary, l’humoriste qui réinvente le stand-up | VL Média (vl-media.fr)

Deborah et Ava, un duo qui fait des étincelles

L’idée de base, qui consiste à suivre la relation de deux personnages complètement opposés, est classique. Mais même si l’on se doute que, après des tensions et désaccords, les protagonistes vont se rapprocher et trouver un terrain d’entente, la dynamique est toujours efficace. Ici, les deux héroïnes s’affrontent sur deux sujets principaux :les concepts opposés de l’ancienne et la nouvelle école de l’humour, et la différence de générations. 

Sur le premier plan, Ava  méprise ouvertement le type d’humour de Deborah, qu’elle trouve has been avec ses punchlines ringardes et ses chutes en guise de conclusions ; elle préfère un humour plus indirect, moins évident et plus provocateur. Quant à Deborah, elle ne comprend tout simplement pas les blagues de Ava. Mais – comme on s’en doutait –  les deux femmes vont progressivement infléchir leurs positions jusqu’à  trouver un certain point de conciliation, une situation dans laquelle les deux se sentent à l’aise. 

Côté conflit générationnel, les deux femmes comprennent vite qu’il n’est pas aussi important que ça. Malgré les 45 ans qui les séparent, elles mènent des combats très similaires : femmes dans un monde majoritairement masculin, elles doivent se battre constamment pour imposer leur voix et ont toutes deux choisi de privilégier leur carrière au détriment de leur vie privée. Divorcée et ayant de mauvaises relations avec sa fille, Deborah n’est proche que de son équipe tandis que Ava, sans relation sentimentale stable, se retrouve complètement seule lorsqu’elle commet un faux-pas et qu’elle devient « radioactive » à Los Angeles. 

La relation entre les deux est la clé de voûte de Hacks, passant d’une hostilité initiale à ce qui ressemble à une forme de complicité. La collaboration forcée engendre une relation d’amour / haine compliquée – mais hilarante. La première rencontre en est un parfait exemple : les deux femmes se lancent dans un échange rapide et mordant de plaisanteries aux dépens l’une de l’autre, et commencent déjà à se respecter à défaut de s’apprécier. Une dynamique omniprésente dans la série, avec de nombreux échanges à l’avenant, toujours enlevés et spirituels, qui doit beaucoup  à l’alchimie évidente entre la grande Jean Smart et la jeune Hannah Einbinder dans son premier rôle important.  

Jean Smart, impeccable dans le rôle de Deborah Vance

Derrière un humour redoutable, Hacks parvient aussi à faire vibrer la corde sensible sans jamais tomber dans le sentimentalisme, les moments plus touchants étant toujours colorés par des dialogues exquis – comme il sied à des héroïnes qui sont des reines du stand-up et de la comédie. La plus grande qualité de la série consiste justement à équilibrer les différences et les similitudes entre les deux. Opposées par bien des côtés mais extraordinairement similaires par d’autres, l’approche des deux femmes envers la comédie, envers le monde et envers la vie est certes différente mais fondamentalement complémentaire. Déjà frappants dans la première saison,  ces parallèles sont peut-être encore plus présents dans la deuxième, lorsque Ava persuade Deborah de partir en tournée à travers les États-Unis avec un nouveau spectacle. Tout en accordant plus de place aux personnages secondaires, Hacks raconte alors ce road trip qui permet à Deborah de renouer avec ce qu’est véritablement le stand-up : une confession à cœur ouvert devant un public… et face à soi-même.

Excellente comédie, Hacks vaut d’abord pour la formidable complicité entre une Jean Smart exceptionnelle et une Hannah Einbinder qui soutient magnifiquement la comparaison. Ce tandem génial bénéficie de dialogues brillants, de scènes rythmées et parfaitement écrites, et du thème puissant de la place des femmes dans le monde du stand-up et plus largement du show-business. Parfois douce, parfois acide, Hacks est un remède contre la morosité. A consommer sans modération.

Hacks
2 Saisons – 20 épisodes de 30′ environ.
Disponible sur Teva (2 épisodes le dimanche soir) et en replay.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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