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On débriefe pour vous … Jury Duty, faux documentaire et impro sous serment

Jury Duty suit les jurés d’un procès, dans un documentaire… où tout est faux. Tous les protagonistes sont des acteurs – sauf l’un d’eux, qui croit que tout est vrai. 

C’est quoi, Jury duty ? Dans ce documentaire, les caméras nous plongent dans les coulisses d’un procès au civil, dans un tribunal de Los Angeles. De la sélection des jurés – parmi lesquels la star James Marsden – au verdict en passant par les débats, les plaidoiries, les témoignages, les soirées à l’hôtel, etc., on suit le quotidien des membres du jury. Mais tout est faux : l’affaire est fictive, tout est scénarisé et les protagonistes sont tous des acteurs… à l’exception d’un des jurés, Ronald Gladden, persuadé que tout est réel et qui ignore qu’il est au centre d’une vaste supercherie.

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Disponible sur Prime Video, Jury Duty est… quelque chose de particulier : au croisement de la comédie, du documentaire, du mockumentaire, de la satire, de la télé-réalité. Une expérience qui prétend montrer les coulisses d’un procès à travers les yeux du jury, où tout le monde sait qu’il s’agit d’une fiction – excepté l’un des jurés, Ronald Gladden. Il ignore en effet qu’il est au cœur d’un canular, d’une sorte de caméra cachée à mi-chemin entre The Truman Show et The Office  (sur laquelle ont travaillé les créateurs de Jury Duty, Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky). Un peu comme si tous les personnages étaient des acteurs sauf Dwight Schrute, qui penserait vraiment qu’il travaille dans une entreprise qui vend du papier. 

Ronald est un installateur de systèmes d’énergie solaire qui cherche un moyen d’arrondir ses fins de mois. Sur Craiglist, il répond à une annonce proposant de faire partie d’un documentaire suivant le jury d’un procès civil à Los Angeles. Et Ronald est choisi pour rejoindre les autres jurés. Mais ce qu’il ignore, c’est que pendant les 17 jours que va durer le procès (et au cours desquels il va résider dans un hôtel avec les autres membres du jury, sans possibilité de communiquer avec l’extérieur…), il va participer à son insu à une farce, une supercherie extrêmement élaborée. Tout est faux : le procès et tout ce qui se passe a été mis en scène, il y a des caméras cachées partout et les personnes avec lesquelles il interagit (l’accusé, la défense, l’accusation, le juge, les greffiers et ses collègues jurés) sont  des acteurs. 

Jury Duty n’est pas une télé-réalité, pas un documentaire, pas une sitcom, pas une parodie… mais un peu tout cela à la fois, et elle joue avec les codes et limites des différents genres. Il y a des interviews face caméra, de nombreuses intrigues impliquant les acteurs (y compris des fêtes d’anniversaire qui tournent mal, des soirées cocktails qui dépassent le budget et des relations inappropriées entre jurés), les plans classiques du drame judiciaire. L’ensemble est parfois inégal : il y a des moments où l’attention baisse un peu, mais d’autres scènes totalement irrésistibles (comme un repas dans un restaurant mexicain, aussi drôle que gênant).

Ronald Gladden et James Marsden, faux jurés d’un faux procès

Le truc, c’est que le processus devait continuer sans que Ronald ne s’aperçoive de rien, et Jury Duty a nécessité une planification approfondie. Ne sachant pas comment Ronald allait réagir, les scénaristes avaient prévu un plan B, C, D ou même E pour toutes les situations. Et pour mener un tel projet, il fallait donc des acteurs capables d’improviser, de rester en permanence dans la peau de leur personnage, et aussi  suffisamment inconnus pour que Ronald ne les reconnaisse pas. A ce titre, le casting est phénoménal, d’autant que les rôles sont hauts en couleurs. 

Parmi les personnages, citons Todd (David Brown), un inventeur autodidacte qui apporte chaque jour au tribunal une de ses inventions (dont le pantalon avec chaise pliante intégrée) ; Noah (Mekki Leper), inquiet à l’idée de rater ses vacances à cause du procès et qui flirte avec Jeannie (Edy Modica), une autre juré ; une femme (Barbara Goldstein) qui s’endort systématiquement en plein procès ; Shaun (Evan Williams), l’avocat de l’accusé complètement incompétent. Et pour pimenter le jeu, l’un des jurés suppléant n’est autre que James Marsden qui interprète une version exagérée de lui-même : une star égocentrique qui ne cesse de se vanter et imagine que sa célébrité impressionne tout le monde. 

Jury Duty n’aurait toutefois pas eu le même attrait sans Ronald lui-même. D’une part, il est très drôle ; mais  c’est surtout un brave gars et, loin de se moquer de lui, on ne peut que le trouver sympathique et compatir avec lui. Il essaie toujours d’aider et de conseiller ses collègues, il supporte tout avec le sourire, fait preuve d’empathie et de compréhension. Et il prend son travail de juré très au sérieux et fait de son mieux pour accomplir son devoir civique, entouré d’excentriques et d’incompétents dans un système judiciaire dont les défaillances sont portées à leur paroxysme, dans des situations parfois totalement absurdes. 

Il n’est d’ailleurs pas surprenant que Gladden ait presque découvert la supercherie : il a expliqué s’être posé des questions à plusieurs reprises et s’être confié à James Marsden : « Je lui ai dit ‘Mec, je me croirais dans une émission de télé-réalité’. C’était le troisième jour de tournage. (…). Je suis allé aux toilettes et James a couru voir l’équipe technique pour leur dire ‘hé, il faut qu’on baisse d’un ton, il devient méfiant »‘. Ce n’est que dans le dernier épisode que le pot-aux-roses est révélé à Gladden, la série montrant alors au public non seulement les coulisses (comme une sorte de making of) mais aussi la réaction de son héros-malgré-lui.  

Jury Duty emprunte à de multitude de genres différents pour créer un OTNI (Objet télévisuel non identifié). En connivence avec le spectateur, elle place à son insu un pauvre juré dans un procès qui tourne à la farce et devient ainsi une comédie souvent hilarante, parfois touchante, toujours décalée. Portée par des acteurs géniaux qui ne cessent d’improviser sans jamais faillir, c’est une série surprenante, stimulante et résolument différente. Une excellente surprise, qu’on vous recommande fortement.

Jury Duty
8 épisodes de 30′ environ.
Disponible sur Prime Video. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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