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On débriefe pour vous… « Ola cherche sa voie », une femme en quête d’elle-même

Après un divorce auquel elle ne s’attendait pas, l’héroïne éponyme de Ola cherche sa voie va devoir se réinventer et reconstruire sa vie. 

C’est quoi, Ola cherche sa voie ? Mariée à Hisham (Hany Adel) et mère de deux enfants, Ola Abdel Sabour (Hend Sabry) a la vie dont elle a toujours rêvé. Son existence parfaite va pourtant voler en éclats lorsque son mari lui annonce soudainement qu’il veut divorcer. Le choc est violent pour Ola, perdue après tant d’années consacrées à sa famille. Malgré ses doutes et son sentiment de vide, elle n’a pas d’autre choix que de reprendre sa vie en main.

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C’est actuellement la série Netflix la plus regardée dans le monde arabe : Ola cherche sa voie,  une comédie égyptienne légère mais moins futile qu’il n’y paraît. Il s’agit de la suite de la série Ayza Atgawez (Je veux me marier) sortie en 2010, dans laquelle Ola cherchait désespérément à se marier. On la retrouve aujourd’hui à la veille de ses 40 ans, alors qu’elle a réalisé son rêve : elle a épousé Hicham avec qui elle a deux beaux enfants dont elle s’occupe à plein temps. 

Sauf que le rêve en question se brise lorsque Hicham annonce soudainement à Ola qu’il veut divorcer. Récemment victime d’une crise cardiaque, il a pris conscience qu’il n’était pas heureux et il souhaite changer de vie. Ola est complètement désemparée : elle qui a renoncé à travailler pour se consacrer à son foyer se retrouve confrontée au regard des autres, au jugement de sa mère qui  lui demande ce qu’elle a fait de mal, à l’angoisse de la solitude et aux affres de la dépression. Mais sous l’impulsion de sa meilleure amie Nasrine, Ola tente de reprendre sa vie en mains. Elle s’inscrit sur des sites de rencontres et décide surtout de se consacrer à ce qu’elle faisait avant de se marier – la fabrication artisanale de cosmétiques.

Finding Ola, un divorce à l’égyptienne

Ola cherche sa voie est avant tout une comédie sympathique, avec une touche fraîche et un humour subtilement décalé. Les procédés n’ont rien de particulièrement original (Ola s’adresse au spectateur face caméra, sa meilleure amie est délicieusement libérée, un beau gosse fait irruption dans sa vie…) mais ils rendent l’histoire légère et agréable à suivre. Il y a aussi quelque chose de tendre dans la manière dont la série accorde toute son attention à cette héroïne charmante, pleine de doutes mais aussi de détermination, de sorte qu’on s’intéresse vraiment à elle et à son histoire. 

Le titre de la série pose toutefois d’emblée son idée directrice : c’est une quête personnelle. L’histoire du processus de (re)construction d’une femme qui jusque là, n’avait envisagé son existence qu’à travers son rôle d’épouse et de mère. Après ce divorce traumatisant, Ola est plongée dans l’inconnu : sans homme à ses côtés, contrainte de trouver une source de revenus alors qu’elle a quitté son emploi pour devenir femme au foyer, elle est aussi confrontée à une crise existentielle et un vide identitaire.  

Lorsque Ola commence à reprendre sa vie en mains, c’est un véritable voyage introspectif et à un face-à-face troublant avec elle-même qui commencent. Le parcours sera semé d’embûches  (surtout pour une quadragénaire divorcée au Moyen-Orient), mais Ola pourra compter sur le soutien de ses amis et de sa famille, sur l’appui de son ex-mari avec qui elle est restée en bons termes, sur la chance… et surtout sur sa force intérieure et sa capacité de résilience. Progressivement, elle prend conscience de ses désirs et de ses aspirations, de sa valeur en tant que personne à part entière. Elle envisage aussi la possibilité que la fin de son mariage, loin de signifier la fin de sa vie comme le lui assène sa mère au début, marque le début d’une nouvelle étape. Et une nouvelle étape peut-être encore plus stimulante autant professionnellement que personnellement.

Ola et sa mère, deux générations mais des parcours pas si différents

La série est indéniablement féministe, d’abord avec ce portrait à 360 degrés de Ola (formidable Hend Sabry) mais aussi avec celui de sa mère (Sawsan Badr). Deux femmes de générations différentes, avec des conceptions de la vie tout aussi divergentes, mais qui vont toutes les deux se remettre en question et comprendre qu’être une épouse n’empêche pas de  réaliser ses rêves, qu’avoir des enfants ne veut pas dire renoncer à sa carrière, à 40 ou 60 ans. 

Cette idée – une héroïne qui s’épanouit et qui conquiert pas à pas son indépendance financière et sentimentale – n’est pas inédite. Au cours des six épisodes d’une cinquantaine de minutes, le parcours de Ola est parfois prévisible et exceptée sa mère, les personnages secondaires (les enfants, le mari ou l’amie) ne sont pas aussi bien développés qu’ils auraient pu l’être. Mais l’histoire de Ola n’en demeure pas moins charmante et le propos pertinent.  

Si dans cette série égyptienne, le contexte socio-culturel est important, il n’est pas non plus écrasant. Loin de stigmatiser spécifiquement la sujétion ou la dépendance d’une femme dans le cadre familial et social au Moyen-Orient, Ola cherche sa voie dessine surtout un beau portrait de femme. Une héroïne comme tant d’autres, qui cherche qui elle est vraiment après des années à se définir et être définie uniquement en tant qu’épouse et mère. Or, l’idée d’une femme qui s’épanouit en dehors de la sphère conjugale ou familiale est un thème universel : il n’y a pas si longtemps, certains se demandaient qui allait garder les enfants si une candidate était élue à la présidence de la république française… 

Si elle n’a rien de fondamentalement original, Ola cherche sa voie est une comédie délicieuse qui met à profit son humour et sa fraîcheur pour faire passer un beau message. Sans marteler son propos mais avec délicatesse, elle montre le chemin d’une héroïne attachante qui doit refaire sa vie et… trouver sa voie, en dehors du schéma socialement établi. Ou comment la vie peut basculer pour le pire ou pour le meilleur, entre séparation brutale et liberté retrouvée.

Ola cherche sa voie.
6 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Netflix. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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