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On débriefe pour vous… Orange is the new black (saison 7) libère ses détenues

C’est la fin d’Orange is the new black. Les portes du pénitencier de Litchfield se referment sur une saison émouvante, sous-tendue par une critique sociale virulente.  

C’est quoi, Orange is the new black (Saison 7) ? Après sa libération, Piper (Taylor Schilling) tente de reprendre le cours de sa vie ; sous contrôle judiciaire, elle a cependant du mal à se réinsérer et ne sait pas comment gérer sa relation avec Alex (Laura Prepon), qui purge le reste de sa peine à Litchfield. Et la vie continue pour les détenues, réparties dans les différents blocs de la prison. Entre tensions, traumatismes et affrontements, Taystee (Danielle Brookes), Lorna (Yael Stone), Aleida (Elizabeth Rodriguez), Daya (Dascha Polanco), Red (Kate Mulgrew), Nicky (Natasha Lyonne), Suzanne (Uzo Aduba), Maritza (Diane Guerrero), Blanca (Blanca Flores), Gloria (Selenys Leyva) et leurs codétenues arrivent au terme de leur parcours. Pour le meilleur ou pour le pire… 

En tant que l’une de ses premières productions originales, Orange is the new black est une des séries fondatrices de Netflix ; après sept saisons passées au sein du pénitencier de Lichtfield, l’heure est toutefois venue d’en sortir. Rappelons que la série, créée par Jenji Kohan, est basée sur le livre autobiographique de Piper Kerman, dont elle s’est toutefois rapidement éloignée. 

En traçant les portraits croisés des détenues dans un récit choral, Orange is the new black a vite séduit le public ;  des saisons inégales et une certaine baisse de qualité au fil du temps ont cependant poussé certains spectateurs à l’abandonner en cours de route. Si tel est votre cas, on vous conseille de récidiver le temps de l’ultime saison. Pour se faire, il est bien sûr préférable de connaître les principaux événements des saisons précédentes, mais le résumé proposé par Netflix sur YouTube suffit pour se remettre à jour. Il est alors facile de plonger dans ces treize épisodes, pour découvrir le sort réservé aux héroïnes. 

Ce qui frappe le plus, une fois la saison achevée, c’est en effet la manière remarquable dont elle parvient à  conclure les destins de tous les personnages. Certes, il y a quelques séquences plus légères et une pointe d’humour (notamment dans l’arc narratif dédié à Piper), mais le récit se concentre d’abord sur le drama et les sentiments, sans toutefois verser ni dans le pathos, ni dans l’angélisme, ni dans la noirceur. Que nous ayons fait leur connaissance dès le début ou qu’elles aient rejoint Litchfield plus tard, toutes les détenues ou ex-détenues arrivent au bout de leur parcours, de manière fluide et crédible. 

Difficile d’aborder cette saison sans commettre de révélations intempestives. Évoquons néanmoins Piper, qui a du mal à se réinsérer après sa libération et à maintenir une relation avec Alex, toujours incarcérée et qui subit le chantage d’un surveillant. De son côté, Aleida découvre que sa fille Daya a désormais la mainmise sur le trafic de drogue à Litchfield. La vie de Black Cindy vole en éclats suite à la vengeance de Taystee ; celle-ci, détruite par une condamnation injuste à perpétuité, est au bord du suicide. Impuissante, Nicky assiste à la lente dégradation de ses amies : Lorna plonge dans une sorte de psychose pour surmonter  une tragédie, tandis qu’une Red diminuée n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le sort d’autres personnages sera aussi scellé (Suzanne, Aleida, Pennsatucky, Caputo ou encore l’ex-directrice Fig), tandis que Poussey, Sophia ou même Pornstache reviennent brièvement à l’écran. 

Quel sort attend les détenues de Litchfield ?

L’une des particularités de Orange is the new black a toujours résidé dans la manière dont elle a su enrichir son récit d’une critique sociale. La situation des détenues fait partie intégrante de l’histoire, mais sert aussi à dénoncer des problématiques présentes dans et en dehors du système carcéral – notamment grâce aux multiples flashback racontant la vie de ces femmes avant leur arrestation, la raison de leur incarcération ou de leur comportement une fois emprisonnées. Ces histoires individuelles, amères et  tristes, soulignent généralement leurs difficultés sociales et financières, génératrices d’un contexte criminogène. Cette ultime saison aborde d’autres sujets et devient même plus politique, d’une part en approfondissant la dénonciation de la privatisation du système carcéral américain (déjà abordée précédemment), et d’autre part en évoquant le sort réservé aux sans-papiers. 

Depuis le rachat de Litchfield par la société PolyCon, les détenues font l’expérience directe de la marchandisation du système carcéral. C’est un business comme un autre : PolyCon rogne sur les dépenses, utilise l’espace au maximum, vise le profit au détriment de la réinsertion sociale. Plus encore qu’auparavant, la prison devient un univers froid et déshumanisant, malgré les tentatives de Caputo ou de la nouvelle directrice Tamika qui cherchent à améliorer les choses.

Blanca et Maritza en centre de rétention

En parallèle, la question de l’immigration occupe une place centrale, l’administration Trump (du reste extrêmement sévère sur ce sujet) ayant permis aux entreprises privées de construire et d’exploiter les centres de rétention. L’entrée de PolyCon  dans ce secteur lucratif permet de montrer les aspects les plus cruels du système : les femmes (et même des enfants, livrés à eux-mêmes…) sont séparées de leur famille, enfermées dans des infrastructures en attente d’un procès où elles ont peu de chances d’être défendues par un avocat, dans un système pénal qu’elles ne comprennent pas. En pénétrant dans ce contexte via les histoires de Maritza et Blanca, Orange is the new black a en outre l’immense mérite de donner un visage à une problématique abstraite lorsqu’on ne le voit qu’à travers les brèves de l’actualité. 

En cela, Orange is the new black s’achève en faisant ce qu’elle a toujours fait : donner la parole à des anonymes et individualiser les voix d’une multitude. En traçant les portraits croisés de femmes hétéroclites, embrassant le spectre de toutes les diversités ethniques ou sexuelles, Orange is the new black a dépassé le cadre de la fiction carcérale pour embrasser un propos social et surtout humain.  Malgré quelques errements, cela suffit à en faire une grande série, qui quitte ses personnages sur un adieu digne de ce nom. Remember all their faces, remember all their voices. 

Orange is the new black (Netflix)
Saison 7 – 13 épisodes de 50′ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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