Signée Harlan Coben, Safe arrive sur TF1 après sa diffusion sur C8. Fidèle à son style, le romancier précipite son héros – un père à la recherche de sa fille – dans un tourbillon de secrets et de mensonges.
C’est quoi, Safe ? C’est dans une luxueuse résidence près de Londres, fermée et ultra-sécurisée, que vit Tom Delaney (Michael C. Hall). Ce chirurgien élève seul ses deux filles, après la mort de sa femme ; l’aînée, Jenny, ne lui pardonne pas d’avoir été absent lors de son décès. Un soir, la jeune fille se rend à une fête ; elle ne revient pas. Tom part alors à sa recherche, avec l’aide de son meilleur ami Pete (Marc Warren), tandis que l’enquête de police est dirigée par Sophie Mason (Amanda Abbington) – qui est aussi sa maîtresse… Lancé dans une course contre la montre, Tom entre de plain-pied dans les secrets les plus sombres de son voisinage, où chacun a quelque chose à cacher.
On connaît Harlan Coben en tant qu’auteur de thrillers : avec les aventures de Myron Bolitar et des romans comme Ne le dis à personne (adapté au cinéma par Guillaume Canet), l’écrivain enchaîne les best-sellers. Après une première incursion dans l’univers des séries en tant que scénariste et créateur de The Five, il persiste et signe avec Safe, une série en 8 épisodes. Secrets, mystères, rebondissements… et encore des secrets, des mystères et des rebondissements : Safe, c’est du pur Harlan Coben.
Outre le nom du romancier, il est indéniable que la série éveille l’intérêt grâce à la présence de Michael C. Hall. On a l’habitude de voir un scalpel à la main – lorsqu’il découpe ses victimes dans le rôle de Dexter. Héros de Safe, il incarne ici Tom Delaney, personnage typique de l’univers de Coben : un père de famille lambda, veuf, socialement aisé, qui se retrouve emporté malgré lui dans un engrenage et se confronte aux secrets les plus sombres de son entourage et aux zones d’ombre de son propre passé pour sauver l’un de ses proches. C’est un plaisir de retrouver l’acteur, malgré un jeu un peu monotone ; à sa décharge, il est aussi limité par le rôle (nous en reparlerons).
Dans Safe, le déclencheur de l’histoire, l’événement qui met le feu aux poudres, c’est la disparition de Jenny. A l’exception de quelques flash-backs centrés sur Tom et la tragédie de la mort de sa femme, chaque épisode est consacré à son enquête, dans les jours suivant la disparition de sa fille. A partir de là, différents arcs narratifs secondaires se mettent en place, affectant tous les autres personnages, jusqu’à ce que l’ensemble converge (plus ou moins) dans le final.
Dans leur quartier a priori hermétique et sécurisé, entouré de grilles et de barrières, les personnages sont isolés physiquement mais aussi psychologiquement : ils se cachent derrière les murs de la résidence, offrent un visage lisse et conventionnel pour cacher leurs turpitudes et leurs secrets. Comme toujours avec Harlan Coben, on en peut se fier à personne, tout le monde est suspect et a quelque chose à cacher. L’intrigue progresse à chaque fois que les tentatives d’un personnage pour préserver un passé inavouable se heurtent à la nécessité pour Tom de le découvrir. Le spectateur déroule le fil de tous ces mystères en même temps que le héros, en suivant toutefois un processus un peu répétitif (Tom interroge un personnage qui lui cache une information ; Tom insiste et pousse son interlocuteur dans ses retranchements ; celui-ci finit par avouer la vérité. )
Exceptée une intrigue étrangement comique faite d’humour noir autour de l’excentrique famille Marshall, le ton est indubitablement sérieux et dramatique. Chaque épisode s’achève sur une révélation inattendue, un cliffhanger redoutable. Avec une mise en scène sobre et une réalisation rythmée, la série est trépidante, pleine de coups de théâtre et elle s’avère vite addictive Une puis plusieurs disparitions, une enquête pour meurtre, une tragédie passée qui refait surface, un patron de bar sulfureux, des liaisons et des enfants cachés, une professeure (jouée par Audrey Fleurot) accusée de détournement de mineurs, des adolescents qui en savent plus que ce qu’ils veulent bien dire… Il y a énormément de rebondissements, qui vous laissent souvent bouche-bée.
C’est la grande qualité de Safe, mais aussi sa limite : les fans de Harlan Coben seront ravis et retrouveront dans la série tout ce qui les enchante dans ses romans ; pour les autres, cet enchaînement effréné frôle parfois l’improbable. La trame inextricable, la multiplication des fausses pistes et des révélations nuisent aussi à la construction des personnages. En les emportant dans une action sans temps mort et un tourbillon de mystères, Safe se réserve un espace trop réduit pour leur donner une réelle épaisseur (Ce qui n’empêche pas des acteurs aussi talentueux que Mark Warren ou Audrey Fleurot de briller). Et pourtant, même si l’on y adhère pas totalement, Safe rend vite accro. Il faut bien le reconnaître : en tant que thriller, la série fait le job. Et c’est déjà pas mal.
Au final, Safe n’a rien d’exceptionnel ou de grandiose : assez superficielle et un peu répétitive, c’est une série qui se regarde – et s’oublie – tout aussi vite… Elle est pourtant efficace et prenante : lorsqu’on est devant l’écran, ce thriller énergique et tortueux parvient à capter l’attention, au point qu’on est tenté d’enchaîner les épisodes pour découvrir la clé de toute cette histoire. Mais, chut : ne le dites à personne…
Safe (C8 / Netflix)
8 épisodes de 45′ environ.
Disponible en DVD et Blu-Ray