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On débriefe pour vous … Sweetpea, de victime à tueuse en série

Dans Sweetpea, Ella Purnell incarne une jeune femme malmenée par la vie, qui va laisser exploser sa rage et se venger. 

C’est quoi, Sweetpea ?  Dans la petite ville anglaise de Carnsham, la jeune Rhiannon (Ella Purnell) mène une existence morne, marquée par des traumatismes d’enfance et un passé de harcèlement scolaire. Dans le journal local où elle travaille comme secrétaire, personne ne la remarque et son patron (Jeremy Swift) lui a donné le surnom condescendant de Sweetpea. Tout le monde l’ignore, personne ne l’écoute et Rhiannon se laisse marcher dessus. Mais elle est exaspérée, et elle fantasme en dressant la liste de personnes qu’elle aimerait tuer. Le retour dans sa vie de sa tortionnaire du lycée Julia (Nicôle Lecky) et une série de déconvenues vont lui faire perdre le contrôle… et commettre un meurtre. Tandis qu’une inspectrice (Leah Harvey) enquête, Rhiannon se sent libérée d’un poids et prend confiance en elle. Au point d’envisager de recommencer à tuer…

Créée par Kirstie Swain d’après le roman de CJ Skuse, Sweetpea s’inscrit dans la lignée de Dexter ou You. A savoir un thriller avec un héros – ou anti-héros – apparemment inoffensif qui se révèle être un tueur en série passant inaperçu, caché sous le couvert de l’anonymat et de la banalité  Dans la série disponible sur Paramount, il s’agit d’une femme, incarnée par l’excellente Ella Purnell (Yellowjackets, Fallout), et l’invisibilité du personnage est au cœur de l’intrigue.

La série développe en six épisodes le parcours de Rhiannon, cette jeune femme surnommée Sweetpea (qu’on pourrait traduire par « mon cœur » ou « ma douce »), une jeune femme timide et ignorée de tous, qui finit par trouver sa voie et une certaine confiance en elle – sauf que c’est en assassinant diverses personnes, généralement assez antipathiques. 

Dexter au féminin

C’est une manière un peu simpliste de résumer Sweetpea, mais il y a un fond de vérité. Comme dans Dexter, notre protagoniste est un tueur / tueuse en série avec lequel / laquelle nous sommes amenés à sympathiser, malgré ses actions moralement répréhensibles. Outre la voix off qui nous permet d’avoir accès aux pensées de Rhiannon et une bonne dose d’humour noir à l’Anglaise, le premier épisode nous montre tout ce qu’elle a vécu, tout son passé douloureux, de manière brutale jusqu’à en être inconfortable à regarder. 

Abandonnée par sa mère quand elle était petite, méprisée par sa sœur, victime de harcèlement quand elle était au lycée, elle doit affronter la mort de son père – la seule personne sur qui elle pouvait compter – et elle risque de perdre sa maison. Dans son travail de secrétaire dans un journal local, personne ne la remarque, ses collègues masculins la traitent comme un meuble, son patron ne se souvient même pas de son prénom. Partout, tout le temps, elle est ignorée, méprisée, maltraitée psychologiquement, humiliée. 

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Avec Rhiannon, méfiez-vous des apparences

Cela suffirait à ce qu’on prenne son parti. En outre, sa première victime n’est pas quelqu’un de sympathique. Sans rien dévoiler, on n’est pas loin de penser qu’elle a bien mérité ce qui lui arrive. De sorte que le meurtre est en quelque sorte « acceptable », et qu’on tremble pour Rhiannon à mesure que l’inspectrice chargé de l’enquête semble se rapprocher d’elle. 

Sweetpea se démarque toutefois nettement et trouve vite son style. Avec en particulier un tournant inattendu, qui oriente l’intrigue dans une direction insoupçonnée et trompe les attentes du spectateur. Par exemple Julia – au départ, le personnage le plus détestable de l’histoire – prend progressivement une dimension différente. Elle n’est pas seulement la brute sadique du lycée, la femme parfaite à qui tout réussi ou la pimbêche antipathique qu’on pensait… De la même manière, la relation amoureuse de Rhiannon avec son crush réserve bien des surprises. 

Un « coming of rage »

Dans le rôle de Rhiannon, Ella Purnell est parfaite. Avec ses grands yeux hypnotiques, elle transmet toute la peur et l’anxiété qu’on peut ressentir face au tyran qui a fait de notre vie scolaire un enfer,  même lorsqu’on est adulte. Mais aussi la colère, la honte et la frustration d’être invisible et ignoré, les conséquences de petits et grands traumatismes sur l’estime de soi. 

Fragile, peu sûre d’elle et incapable de s’imposer, Rhiannon a réprimé toutes ses frustrations jusqu’au moment où la proverbiale goutte d’eau fait déborder le proverbial vase. Elle va a lors prendre – à sa manière – sa vie en mains : c’est presque par accident qu’elle devient une meurtrière, mais son geste instinctif est le premier pas vers une vengeance sanglante contre ceux qui l’ont ignorée, maltraitée, utilisée. Une vengeance contre le monde entier. 

Le crime est son affaire…

Tuer un de ses bourreaux en toute impunité lui donne l’assurance qui lui manquait, le courage de se rebeller, de se faire entendre, de solliciter un poste de journaliste face à des reporters masculins, d’aborder le mec qui lui plaît, de se confronter à Julia. Sans doute n’est-ce pas une coïncidence si les hommes de la série sont soit stupides, soit méchants. La véritable adversaire de Rhiannon, c’est une autre femme : l’inspectrice qui la traque, qui elle aussi doit lutter pour s’imposer et se faire entendre. 

On a parfois un doute sur ce que la série veut nous dire. Il y a une forte composante féministe, une ambiguïté sur les notions de bien et de mal, une histoire de rédemption… Même si en l’occurrence, la rédemption passe par le meurtre, grâce auquel cette jeune femme répare à sa manière tous les torts qu’elle a subis. Finalement, le slogan original de la série résume parfaitement les choses : il s’agit d’un « coming of rage ». Une variante de « coming of age » ou de récit initiatique plein d’humour, de suspense, de colère accumulée. 

Sweetpea, c’est une histoire de vengeance : celle d’une jeune femme ignorée, malmenée et humiliée, qui va prendre un couteau et sa vie en mains. Drôle et sanglante,  c’est une série prenante et étrangement réjouissante. Méfiez-vous de l’eau qui dort – et des jeunes femmes effacées.

Sweetpea
6 X 45′ environ.
Disponible sur Paramount+

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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