
Dans Dexter : Original Sin, on retrouve Dexter Morgan au moment où ses pulsions meurtrières prennent le dessus et où il débute son parcours de serial killer.
C’est quoi, Dexter : original sin ? Coup de théâtre : Dexter Morgan (Michael C Hall) n’est pas mort à la fin de New Blood ! Transporté à l’hôpital dans un état critique, il voit sa vie défiler devant ses yeux. Miami, 1991 : Dexter (Patrick Gibson) est un jeune étudiant en médecine qui vit avec son père adoptif Harry (Christian Slater), inspecteur de police, et sa demi-sœur Debra (Molly Brown). Depuis longtemps, Dexter a des accès de violence et des pulsions meurtrières qu’il ne parvient plus à refréner. Harry élabore alors un « code » : les victimes de Dexter seront uniquement des criminels qui méritent, de son point de vue, d’être éliminés, et il devra respecter certaines règles pour ne pas être arrêté. Tout en débutant un stage de médecine légale au sein de la police, Dexter commet ses premiers meurtres – sauf qu’il n’a pas encore tout à fait trouvé son mode opératoire.
En 2006 arrivait sur nos écrans Dexter, légiste de la police de Miami et tueur en série sur son temps libre. Adaptée des romans de Jeff Lindsay, la série sondait l’âme torturée d’un antihéros à son paroxysme tout en parvenant à le rendre sympathique, notamment parce que ses victimes étaient des criminels « pires » que lui. Après Dexter : New Blood en 2021 et avant Dexter : Resurrection (qui sera la… suite de la suite) – voici le prequel : Dexter : Original Sin. Créée par Clyde Phillips (showrunner entre autres des quatre premières saisons de la série originale), la mini-série en 10 épisodes est disponible sur Canal+.
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Retour vers le futur pour les fans de Dexter
Original Sin s’adresse de toute évidence à ceux qui ont vu (et aimé) Dexter. Rien n’empêche les autres de regarder la série qui présente un récit cohérent, mais ils passeront à côté des allusions, références, etc. dont sont remplis les épisodes. Le poids de Dexter est omniprésent, de la voix off de Michael C. Hall aux multiples clins d’œil, en passant par la reprise de la musique de Daniel Licht, le formidable générique, l’humour noir et bien sûr des éléments essentiels déjà vus dans Dexter comme son tout premier meurtre ou le lien entre Harry et sa mère biologique Laura Moser.
On retrouve la plupart des personnages en version jeune. Dexter évidemment (excellent Patrick Gibson, qui adopte certaines expressions ou attitudes de Michael C Hall sans pour autant l’imiter), Harry (Christian Slater), Debra adolescente (Molly Brown), Masuka (Alex Shimizu), Battista (James Martinez – là, on a parfois l’impression de voir un cosplay) ou LaGuerta (Christina Milian). Certes, il y a aussi quelques excellents ajouts comme la cheffe du service médico-légal Tanya Martin (Sarah Michelle Gellar) ou le capitaine Spencer (Patrick Dempsey) – mais rien ne bouleverse fondamentalement l’histoire des origines.

Un prequel entravé par la série d’origine
L’indispensable fidélité au matériau original limite doublement la marge de manœuvre de la série. D’une part, nous savons déjà ce qui va arriver à Harry, quelle carrière suivra Debra, que personne ne va démasquer Dexter mais qu’il ne pourra pas dominer ses pulsions et qu’une longue carrière l’attend (en tant qu’expert légiste et en tant que tueur en série). D’autre part, le titre est explicite : il s’agit d’une origin story, sensée approfondir le passé du personnage .
« Sensée» car la série originale et la webserie Early cuts ont déjà largement exploré le passé du héros, avec des flash-back montrant le traumatisme originel, son enfance et son adolescence (on se souvient d’un Michael C Hall affublé d’une perruque…), sa relation avec Harry, son premier meurtre, l’émergence des pulsions homicides, la manière dont le « code » lui permettait de les canaliser en assassinant uniquement ceux qui le « méritent » et le problème moral évident et essentiel qui en découlait. Or, si une grande partie du passé de notre héros a déjà été racontée au cours de huit saisons, si son histoire a été largement explorée, était-il nécessaire de revenir sur les origines de Dexter Morgan ? Réponse courte : non, mais. Car il y a un mais…
Nostalgie, quand tu nous tiens
Au fil des épisodes, on a énormément de plaisir à suivre Original Sin – en particulier si on a aimé Dexter, la nostalgie y étant certainement pour quelque chose. La série a beau avoir des défauts (par exemple des flash back à l’esthétique douteuse), elle parvient néanmoins à nous accrocher : l’introduction des personnages, la dynamique entre eux, la voix off sarcastique de Dexter / Michael C Hall, l’humour noir décalé, les renvois parfois spectaculaires à Dexter, les intrigues secondaires qui émergent progressivement et quelques coups de théâtre particulièrement réussis suffisent à ce que l’ensemble fonctionne.

En outre, consciente de ses limites, Original Sin ne cherche pas à justifier son existence, pas plus qu’elle ne cherche à « expliquer » Dexter sous un nouvel angle ou apporter des révélations essentielles. Les seuls éléments ajoutés concernent par exemple la mise en place de son mode opératoire si particulier, quelques aspects du passé de Harry, l’adolescence tumultueuse de Debra ou un autre tueur en série qu’on connait bien… Ce qui suffit largement aux fans de Dexter, et donnera peut-être envie aux autres de découvrir la série d’origine.
De par sa nature même et à cause de ce que Dexter nous a déjà raconté du passé de son héros, Original sin a peu de marge de manœuvre pour enrichir ou ajouter quelque chose à l’histoire. De fait, c’est presque un travail archéologique qui déterre des éléments déjà abordés mais moins exploités précédemment Ce prequel était-il nécessaire ? Probablement pas. Est-il divertissant ? Absolument. En particulier si on a aimé la série originale, car c’est un régal de retrouver l’ambiance et plusieurs personnages. Et surtout Dexter, anti-héros complexe et fascinant. Un monstre unique, perturbant, attachant… et apparemment increvable, puisqu’on le retrouvera bientôt dans Dexter : Resurrection.
Dexter : original sin
10 épisodes de 50′ environ. (8 visionnés pour cette critique)
Canal + à partir du 6 Février et sur MyCanal.