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On débriefe pour vous … Ted Lasso (saison 3), coup de sifflet final ?

Malgré des défauts, la troisième saison de Ted Lasso referme un chapitre avec la bienveillance et l’optimisme qui sont devenus sa marque de fabrique. 

C’est quoi, Ted Lasso (Saison 3) ? Promu en Premier League, l’AFC Richmond fait face aux moqueries des spécialistes qui lui prédisent la dernière place dans le classement. Pas de quoi démoraliser le coach Ted Lasso (Jason Sudeikis), même s’il doit faire face à la trahison de son protégé Nate (Nick Mohammed) devenu l’entraîneur du club rival de West Ham, et gérer ses angoisses récurrentes. De son côté, Roy (Brett Goldstein) s’adapte à son nouveau poste d’entraîneur adjoint, tandis que Keeley (Juno Temple) vient d’ouvrir sa propre agence de relations publiques. Face à la pression, aux rivalités et dans un nouveau championnat, l’équipe parviendra-t-elle à déjouer les pronostics ? 

On aimerait bien crier « temps mort », maintenant que la troisième saison de Ted Lasso s’est achevée en mettant potentiellement un point final aux aventures de ce coach sportif américain catapulté à la tête d’une équipe de soccer anglais. Potentiellement, car le doute plane encore sur le futur de L’AFC Richmond sur Apple TV, la  plate-forme n’ayant rien confirmé officiellement tandis que  plusieurs indices laissent à penser qu’un spin off pourrait voir le jour. Ted Lasso, c’est un peu la série de Schrödinger : elle existe et elle n’existe plus. 

En attendant, Ted Lasso et ses amis sont arrivés au bout de leur parcours ensemble : cette saison  met un point final à de nombreux arcs narratifs, donne une conclusion à tous les personnages et particulièrement à son héros. Elle nous offre surtout une fin fidèle à ce que la série a toujours été : une happy place pleine de jolis sentiments, d’optimisme et de leçons de vie, avec un message positif et bienveillant.

A lire aussi : Ted Lasso, un yankee entraîneur de foot anglais

Il faut cependant reconnaître que cette saison n’avait pas très bien commencé. Avec des épisodes de presque 60 minutes (contre moitié moins, les saisons précédentes), la série a tiré sur la corde et a considérablement perdu en rythme, autant dans les dialogues que dans ses intrigues. Car paradoxalement, malgré l’extension des épisodes, Ted Lasso n’a pas développé ses arcs narratifs de façon convaincante, passant d’une situation à l’autre de façon abrupte. Même si les rebondissements et les choix des personnages sont justifiés, ils sont souvent trop soudains et manquent de contexte. A l’image du parcours de Nate, ex-protégé de Ted passé au club ennemi de West Ham dans ce qui ressemblait à une trahison. Cette orientation était intéressante, les ressorts psychologiques du personnages pertinents, mais la série n’a pas su gérer cet antagoniste et a donné l’impression de ne l’avoir emmené du « côté obscur » que sous prétexte d’orchestrer sa « rédemption » de façon plutôt factice. 

Beard, Roy et Ted, entraîneurs de l’AFC Richmond

Malgré toutes les réserves et critiques objectivement valables, Ted Lasso continue pourtant de nous enchanter. La série aborde des sujets sensibles comme le racisme, l’homophobie dans le sport, la dépression… mais toujours dans un registre purement comique, avec de grands moments d’humour teintés de tendresse et d’émotions. En particulier à partir du sixième épisode, sorte de parenthèse enchantée lors d’un déplacement de l’équipe à Amsterdam, à partir duquel la magie opère à nouveau. Et quelle magie ! Ce bref intermède aux Pays-Bas nous a donné quelques-unes des plus belles scènes de la série, a permis à chaque personnage de briller, a renoué avec ce mélange d’humour et de tendresse qui font l’essence de Ted Lasso

Car Ted Lasso est restée la série feel good qui nous a accueillis chaque semaine sur Apple TV pendant trois saisons. Impossible de ne pas avoir le sourire devant la bromance entre Jamie et Roy, de ne pas être ému par  la peur du rejet de Colin, de ne pas être touché lorsque l’équipe vient aider Sam dans son restaurant, de ne pas jubiler quand joueurs débattent d’une comédie romantique, de ne pas éclater de rire lorsque Roy fête son anniversaire…Et on est ému par l’évolution de Ted lui-même, jusqu’à sa décision dans l’avant-dernier épisode. 

Alors bien sûr, on ne va pas nier que Ted Lasso – la série et le personnage – appartiennent à un univers totalement utopique. Poussés par Ted, tous les personnages dépassent leurs traumatismes, leurs contradictions et leurs failles – qu’il s’agisse de l’agressivité d’un ex-footballeur bourru, des crises de panique d’un entraîneur, d’une vie consacrée à détruire celle de votre ex… Tous se remettent en question, évoluent,  deviennent une meilleure version d’eux-mêmes avec les autres et grâce à eux. Et grâce à la méthode Lasso (ou la méthode Richmond…), condensée en deux phrases iconiques pour les fans : believe et be a goldfish. Ne jamais perdre espoir et ne pas rester englué dans ses erreurs et ses déceptions. Regarder vers l’avenir avec confiance et affronter ses faiblesses pour se réinventer. Essayer encore et encore, comme l’a écrit Samuel Beckett : « Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux ».

Roy Kent et Jamie Tartt, la bromance dont on avait besoin

Et au final, peu importe que Richmond remporte ou non le championnat : au-delà du  résultat sportif, l’AFC Richmond a gagné parce que Ted Lasso, avec sa moustache à la Ned Flanders, a changé leur vie. La bienveillance, la confiance en les autres et en l’avenir et une attitude positive : parfois, ça fonctionne. On peut voir ce credo comme une preuve de naïveté voire de mièvrerie, mais c’est ce qui fait de Ted Lasso une série presque transgressive dans sa joie et son optimisme. 

Avec cette saison imparfaite mais néanmoins aussi réjouissante que les précédentes, Ted Lasso  apporte une conclusion, un aboutissement à l’histoire du coach joué par Jason Sudeikis. Mais peut-être pas de l’AFC Richmond. A plusieurs reprises, les producteurs et acteurs ont clairement indiqué que la fin de Ted Lasso  ne signifiait pas  nécessairement la fin de l’histoire et on devine clairement que la porte est ouverte pour plusieurs spin off potentiels. En attendant, c’est avec le même bonheur qu’on a chaussé les crampons avec Ted pour (sans doute) la dernière fois, d’un coup d’envoi maladroit jusqu’à un magnifique coup de sifflet final. 

Ted Lasso
Saison 3 – 12 épisodes de 55′ environ.
Sur Apple TV+.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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