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On débriefe pour vous … The haunting of Hill House, l’horreur tapie en chacun de nous

Sensation de ces dernières semaines, la série d’horreur The Haunting of Hill House s’appuie sur les classiques du genre pour sonder les traumatismes qui hantent ses personnages.

C’est quoi, The haunting of Hill house ? Dans les années 1980, la famille Crain emménage dans la vaste demeure de Hill House. Très vite, des faits étranges surviennent, affectant les enfants en particulier. Lorsqu’un événement traumatisant se produit, le père fuit la maison avec ses cinq enfants… Vingt ans plus tard, Steven (Michiel Huisman) est devenu un écrivain à succès, spécialisé dans le paranormal. Un appel de sa sœur jumelle Nell (Victoria Pedretti) et une nouvelle tragédie le renvoient à Hill House, où toute la famille va devoir affronter le passé et la noirceur de ce qu’ils ont vécu entre les murs de la sinistre maison.

Depuis le 12 octobre dernier, The Haunting of Hill House fait frissonner les spectateurs de Netflix. Série d’horreur créée et entièrement réalisée par Mike Flanagan, elle est très librement adaptée du roman éponyme de Shirley Jackson, paru en 1959 et qui a déjà fait l’objet de deux films  (La maison du Diable en 1963 et Hantise en 1999). Très librement, parce qu’il s’agit plutôt d’une réinvention qui reprend l’ambiance du roman pour raconter les événements survenus à l’intérieur de Hill House, et surtout les conséquences sur ceux qui les ont vécus.

Au départ, c’est une histoire classique de maison hantée. La famille Crain emménage dans une demeure au milieu de nulle part, avec l’intention de la retaper pour la revendre. Très vite, la petite Nell est en proie à d’horribles cauchemars et visions où apparaît une femme terrifiante au cou tordu ; les murs résonnent de bruits étranges ; surviennent d’autres manifestations; une pièce est impossible à ouvrir… Un soir, le père Hugh emmène précipitamment ses enfants hors de la maison, les jette dans la voiture et quitte la résidence – sans la mère Olivia. Des années plus tard, les enfants devenus adultes sont réunis par une nouvelle tragédie et retournent à Hill House pour affronter le passé.

Que cache la chambre rouge ? (Question subsidiaire : faut-il l’ouvrir ?)

Les cinq premiers épisodes sont consacrés au vécu respectif des cinq enfants à Hill House et la manière dont cette période traumatique affecte leur vie d’adultes. Dépressive, Nell (Victoria Pedretti) continue d’être hantée par la Dame au cou tordu ; Shirley (Elizabeth Reaser), directrice d’une entreprise de pompes funèbres, est obsédée par l’idée de tout contrôler ; Luke (Oliver Jackson-Cohen) a sombré dans l’alcool et la toxicomanie ; Theo (Kate Siegel), pédopsychiatre, semble avoir des capacités psychiques ; Steven (Michiel Huisman) tente d’exorciser son vécu en écrivant des livres. Tous sont poursuivis par les fantômes de Hill House et apportent une réponse différente au traumatisme.

A partir du sixième épisode, la  famille est réunie après la mort de Nell et les points de vue se mélangent, toujours entre passé et présent. Chaque fois qu’un fait survenu à  Hill House est révélé, la série montre immédiatement ses répercussions sur un des personnages, l’enrichissant d’une strate supplémentaire. Le jeu d’écho fonctionne très bien, notamment grâce aux transitions – une phrase ou un objet assure la continuité, faisant basculer la scène du passé au présent ou vice-versa.

Retour à Hill House pour la famille Crain

Subtile et élégante, la réalisation de Hill House atteint son apogée dans un cinquième épisode brillant, qui marque un point de bascule entre horreur pure et drama psychologique. Longs plans séquences, regards subjectifs et caméra qui suit les personnages, attention portée aux détails les plus infimes, scènes d’horreur réussies sans pour autant verser dans le sensationnalisme facile… La série prend son temps pour approfondir contexte et personnages,  s’appesantit sur des détails ; tout a son utilité, donne une signification particulière et essentielle à l’histoire. Dans cette habitation sombre et gothique, pleine de couloirs, de sous-sols et de pièces secrètes, tout concourt à créer une atmosphère oppressante, à distiller un sentiment d’inquiétude. A cela s’ajoute une interprétation convaincante, avec des acteurs qui prennent leurs personnages à bras le corps. Tous méritent d’être applaudis – y compris les enfants, saisissants de naturel.

Hill House, une série déconseillée avant d’aller dormir

On ne s’est guère étendu sur l’histoire, pour ne pas risquer de gâcher le plaisir du spectateur. Celui-ci trouvera certainement Hill House effrayante : on sursaute à cause de certaines séquences d’horreur et on est tenté de vérifier sous le lit que la Dame au cou tordu ne s’y cache pas… Mais la série tient surtout éveillé parce qu’elle en appelle à des craintes primales et terriblement humaines. Hill House cache des fantômes, mais aussi les souvenirs et les non-dits qui hantent la famille Crain. C’est là, lorsqu’elle confronte ses personnages à leur passé et qu’elle mélange horreur et drama psychologique, que la série prend tout son sens.

Finalement, ce que met en scène Mike Flanagan, c’est un drama familial. Presque un This Is Us gothique ou un Six Feet Under horrifique. L’horreur  cristallise les peurs et les angoisses des personnages. Sans la composante surnaturelle, reste l’histoire d’une famille face à la douleur, au deuil, à la colère, à la culpabilité. La peur reste bien présente, mais lorsque s’achève le dernier épisode, on est moins effrayé qu’ému. Parce que derrière les spectres et le paranormal se cachent des peurs intimes et des drames quotidiens qui rendent Hill House si effrayante, plus terrifiante dans ce qu’elle suggère que de dans ce qu’elle montre. A l’image du titre du dernier épisode, Silence lay steadily : dans Hill House, la terreur n’est pas un cri. C’est un murmure.

The Haunting of Hill House est une série d’horreur glaçante, peut-être moins en raison de séquences impressionnantes (bien qu’il y en ait) que du drama pesant qu’elle raconte. Mettant à profit les codes du genre, c’est moins l’histoire d’une maison hantée que celles de personnages en proie à des hantises bien plus redoutables. Peu importe la solidité des murs qu’ils ont érigés autour d’eux,  leurs traumatismes reviennent les hanter : les fantômes ne sont pas dans Hill House, ils sont tapis à l’intérieur d’eux-mêmes. The Haunting of Hill House (Netflix)
10 épisodes de 60′ environ.
Disponible depuis le 12 Octobre.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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