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On débriefe pour vous… The Sandman, une superbe adaptation

On plonge dans les bras de Morpheus pour visiter le Royaume des Rêves dans The Sandman, adaptée des comics signés Neil Gaiman. 

C’est quoi, The Sandman ?  Morpheus (Tom Sturridge) est une créature immortelle et intemporelle, qui règne sur le royaume des rêves et des cauchemars. En 1916, il est fait prisonnier par le mage Burgess (Charles Dance) et dépossédé de ses attributs : son casque, son sac de sable et son rubis. En son absence, son royaume tombe en lambeaux et l’humanité part à la dérive, malade d’un sommeil ou d’un éveil ininterrompus. Un siècle plus tard, Morpheus parvient à s’échapper.  Avec l’aide de sa fidèle bibliothécaire Lucienne (Vivienne Acheampong) et de son corbeau Matthew, il part à la recherche des objets qui lui ont été dérobés mais il doit aussi réparer les dommages qu’a entraîné sa captivité.

A lire aussi : Qui est Neil Gaiman, l’homme derrière « The Sandman » ?

Il y a des œuvres plus difficiles à adapter que d’autres ; The Sandman en fait indéniablement partie. Série de comics lancée par DC dans les années 1930, elle a été reprise par Neil Gaiman à partir de 1989 pour un total de 11 tomes. Au-delà de l’histoire elle-même, Gaiman a offert une réinvention complète en mélangeant références littéraires (William Blake, John Milton et Dante) et pop-culturelles, esthétique gothique, archétypes mythologiques allant des divinités africaines aux dieux nordiques en passant par la Bible et de grands thèmes philosophiques. Comme Gaiman l’a expliqué, tirer un film de son Sandman, ce serait comme « essayer de mettre l’océan dans un verre ».

Après plusieurs tentatives d’adaptation  (auxquelles Gaiman lui-même s’était opposé), c’est sous forme de série que The Sandman arrive sur Netflix grâce à David S. Goyer (scénariste de Batman Begins et Man of Steel) et Allan Heinberg (créateur des comics Young Avengers et scénariste du film Wonder Woman), cette fois avec le soutien de l’auteur. Une grande partie du matériau d’origine est reprise fidèlement, avec toutefois des modifications qui permettent à cet « océan» d’être contenu dans un « verre » plus grand de dix épisodes.

Morpheus et Rose, quelque part entre rêve, cauchemar et réalité

Morpheus, aussi connu sous le nom de Dream, est un être aussi vieux que le temps lui-même, une version personnifiée des rêves et des cauchemars sur lesquels il règne depuis son royaume. Il fait partie d’une famille de représentations anthropomorphiques des forces qui régissent l’univers, les Éternels, parmi lesquels Death, Desire ou Despair. Un jour, en 1916, Morpheus est fait prisonnier par un mage et reste captif pendant plus d’un siècle. Lorsqu’il parvient à se libérer, il découvre que son royaume tombe en ruines, que plusieurs de ses rêves et cauchemars sont partis, que l’humanité toute entière a été impactée par son absence, mais aussi que les attributs qui lui confèrent ses pouvoirs (un casque, un sac de sable et un rubis) lui ont été volés.  Il va donc devoir remédier à la situation, en commençant par récupérer les objets disparus en voyageant dans différentes dimensions et différentes époques. Un périple au cours duquel il croisera notamment la magicienne Johanna Constantine (Jenna Coleman) ou Lucifer (Gwendoline Christie ).

Les six premiers épisodes – qui reprennent le premier volume de la saga, Préludes nocturnes – sont essentiellement consacrés à la recherche des fameux objets ; les quatre suivants (basés sur La maison de poupée) se centrent sur Rose Walker (Vanesu Samunyai), une jeune fille à la recherche de son petit frère disparu et qui, à son insu, a la capacité « d’absorber » les rêves et les cauchemars des autres, ce qui fait d’elle une sorte d’arme de destruction massive.  C’est sans doute là que la série s’affaiblit un peu : le basculement se fait de manière un peu brutale, le nouvel arc narratif est légèrement en-deçà et on perd en outre quelque chose de l’atmosphère incroyable des premiers épisodes. 

Ambiance gothique et onirique, la grande réussite de The Sandman

Car ce qui frappe dès les premières secondes, c’est l’esthétique de la série avec cette obscurité prégnante, gothique et terrifiante. Des caves froides du domaine du mage Burgess  aux rêves qui jalonnent la saison en passant par les incursions dans le royaume de Morpheus, il y a très peu de scènes qui ne soient pas impressionnantes. C’est beau, riche, magnifique… et certainement très cher en termes d’effets spéciaux. 

Parmi un casting solide, certains acteurs tirent leur épingle du jeu. On citera Boyd Holbrook dans le rôle du Corinthien, un cauchemar échappé du royaume de Morpheus ; Kirby Howell-Baptiste, magnifique Death ou encore Gwendoline Christie en Lucifer. Quant à Tom Sturridge, il campe un  Morpheus convaincant : s’il est parfois plus apathique que laconique, son personnage reste fascinant avec sa personnalité mystérieuse, son arrogance, sa voix profonde et son look gothique, l’acteur parvenant en outre à montrer son évolution subtile au fil des épisodes.  

The Sandman est aussi magnifique dans la manière dont elle reprend les grands thèmes du comics. Une grande partie de l’histoire concerne la relation du héros avec l’humanité, le lien entre l’humain et le spirituel : la vision de Morpheus est celle d’une entité supérieure, presque divine, et il s’interroge sur l’être humain et ses particularités. Pourquoi avons-nous peur de la mort ? (sublime sixième épisode) Quel rapport entretenons-nous avec l’inéluctabilité du temps qui passe ? A quoi servent les rêves ? Peuvent-ils avoir un impact sur la réalité ? Ce sont des histoires individuelles qui parlent de la vie, de la mort et de toutes les croyances que l’on se crée entre les deux. Des histoires tristes, mélancoliques ou d’horreur mais toujours traversées par l’espoir et l’amour – ces forces qui nous dépassent et nous permettent de nous relever après la désillusion, l’échec ou le deuil.

D’après une œuvre foisonnante dont l’adaptation tient de la gageure,  The Sandman réussit l’exploit de nous en offrir une version non seulement fidèle au matériau d’origine mais aussi à son esprit. Intelligente, prenante et stimulante, la série jouit en particulier d’ambiances délicieusement dérangeantes, d’une mise en œuvre spectaculaire et d’un sous-texte d’une grande richesse. Malgré quelques légers défauts, The Sandman est une adaptation dont les fans de Neil Gaiman… n’auraient osé rêver. 

The Sandman.
10 épisodes de 50′ environ. 
Disponible sur Netflix. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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