Un an après avoir été primé au Festival de la Fiction TV, le téléfilm A la folie arrive (enfin) sur M6 avec Alexis Michalik et Marie Gillain. A ne pas rater !
C’est quoi A la folie ? Au beau milieu d’un cocktail entre amis, Anna poignarde son compagnon Damien. Elle est mise en examen pour tentative de meurtre, mais l’affaire est incompréhensible : Anna n’a aucun passé de violence, et ne donne aucune explication à son geste. Noé, en charge de l’enquête, veut comprendre : pièce par pièce, il va reconstituer sous nos yeux le puzzle de l’emprise d’un pervers narcissique sur sa victime. Avec l’aide d’une avocate déterminée, ils vont révéler le vrai visage de Damien. Parviendront-ils à sauver Anna ?
L’essentiel
Si on ne peut pas dire qu’il y ait une grande politique volontaire en matière de fictions françaises sur M6, la chaîne fait parfois de vrais paris, loin des histoires qu’elle a souvent tendance photocopier, avec les mêmes thématiques, voire les mêmes actrices. Mais on trouve quelques fois des fictions qui sortent du lot, à l’image de cet unitaire A la folie. Tellement bien que la chaîne, comme souvent, a attendu longtemps avant de le diffuser (il a été primé en septembre 2021 à La Rochelle). Ecrit par Eléonore Bauer et Guillaume Labbé, il est adapté d’une pièce, Quitte moi si tu peux, écrite et interprétée par Eléonore Bauer et qui raconte une partie de son histoire.
A la folie raconte sur le même modèle que la pièce le processus d’emprise que subit une jeune femme incarnée par Marie Gillain, de la part d’un pervers narcissique que campe Alexis Michalik. Le film réalisé par Andrea Bescon et Eric Métayer démarre au moment où Anna craque pour ensuite remonter au début de l’histoire, puis le combat judiciaire qui s’en suit.
On « aime »
Terriblement d’actualité, on ne parlera pas ici d’aimer l’histoire mais d’aimer son traitement. Le scénario est parfaitement écrit de manière à ce que le spectateur qui n’a jamais vécu ce drame puisse le comprendre et se mettre à la place de la victime. Tout le processus qui conduit cette femme à se retrouver coupée des autres sans s’en rendre compte, est fait d’une manière extrêmement intelligente, sans pathos, sans en faire trop. Simplement en montrant quelque chose qui peut paraître imperceptible. Car à la différence d’un mari qui frappe sa femme et laisse des traces sur le corps, le pervers raconté dans cette histoire (et qui est malheureusement très répandu) laisse des traces de « coups » sur le psyché et c’est bien plus difficile à percevoir. D’un certain point de vue, A la folie réussit bien mieux à mettre en image le processus de l’emprise que le film du même nom avec Odile Vuillemin ne le faisait. La réussite de ce film tient aussi dans le fait que les personnages ne sont pas tous manichéens (à la manière du juge d’instruction que joue Hubert Delattre et qui, a priori, ne semble pas vouloir entendre et comprendre), le tout jusqu’à un final ambigüe au possible et qui ne ressemble pas véritablement à un « happy end ».
On aime aussi
Outre son écriture tout en pudeur, on retiendra aussi l’incroyable prestation du casting très réussi de ce film. Bien sûr Marie Gillain en charge de camper la victime de cette emprise et qui laisse petit à petit transparaître avec une certaine justesse la chute progressive de son personnage puis sa remontée. Face à elle, on souligne évidemment l’excellente performance – car c’est bien de ça dont il s’agit – d’Alexis Michalik, parfaitement bien choisi pour le rôle et qui lui donne corps de la meilleure manière qui soit : il est à la fois charmeur et glaçant, voire touchant, parfois les 3 à quelques secondes d’écart. Ce choix primordial permet à lui seul de saisir comment on peut se laisser emporter par une personnalité aussi complexe. Face à lui, on retiendra aussi la très forte prestation de Nicole Ferroni, impeccable en avocate au phrasé si maîtrisé, assez proche de sa personnalité par moment. Là une prestation réussie !
On regarde si … on veut comprendre un véritable fléau qui touchent tant de femmes dans nos sociétés et que l’on doit tous comprendre pour mieux comprendre.
On regarde … et puis c’est tout !
A la folie
Mardi 6 septembre 21h10
Sur M6