
C’est sans aucun doute l’un des plus gros paris français : une série purement fantastique avec Anaon attendue bientôt sur Prime Video.
Un mois après la mort de sa femme, Max, major de la gendarmerie de Harz en Bretagne, est chargé d’enquêter sur la disparition mystérieuse d’une adolescente. Sa fille, Wendie, tente de reprendre le cours normal de sa vie de lycéenne, mais une série d’évènements étranges et terrifiants vont la pousser, elle et ses amis, à vouloir eux aussi faire la lumière sur ce qui se passe. Alors que son père remonte la piste d’un agresseur en série, la jeune fille comprend de son côté, que quelque chose d’anormal est à l’œuvre : quelque chose de surnaturel, qui pourrait avoir trait au folklore local… et aux terrifiants pouvoirs que Wendie développe et qu’elle cache à son père. Malgré́ le deuil, les secrets et les non-dits chacune de leurs avancées pousse un peu plus Max et Wendie l’un vers l’autre. Et pour obtenir des réponses, ils devront faire famille à nouveau.
L’essentiel
Anaon est sans doute le plus gros pari sur une chaîne hertzienne (France 2 étant coproductrice aux cotes de Prime). Proposer du pur genre, du fantastique assumé est toujours une grosse prise de risque car cela clive l’audience. Pourtant, quelques années après l’incroyable Zone Blanche, une nouvelle grande série fantastique arrive chez nous. Créée par Bastien Dartois (en collaboration avec Sylvain Caron et Elsa Vasseur) et réalisée par le prodige David Hourrègue, Anaon raconte la lente réparation d’un père et sa fille après le décès de la maman, le tout sur fond de créature sortie des temps les plus anciens et des ténèbres.
Avec le succès récent de Rivages (grâce à sa programmation en ligne), on sait qu’il y a une place aujourd’hui pour ce genre de séries dont le public a besoin. Disons le clairement, avec cette nouvelle série, la fiction française frappe très fort avec un projet audacieux, fédérateurs et addictifs. Qu’est ce que ça fait du bien de voir nos séries se porter aussi bien.
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On aime ?
Anaon est bien la claque que l’on attendait. Tant dans l’histoire que dans sa réalisation. On savait que David Hourrègue était un réalisateur capable d’émouvoir dans tous les genres de narration, on en a si besoin était la confirmation à tous les stades de production de la série. Tout dans Anaon a été soigné : de l’écriture qui soigne ses effets et maîtrise son histoire, jusqu’à la réalisation où l’on se surprend dans chaque scène à y voir une photo, un tableau (tant la lumière et la photographie sont réussis), jusqu’à la musique envoûtante au possible que signe une nouvelle fois magistralement Audrey Ismaël. Si l’on regrettera que l’histoire lorgne encore un peu trop vers le polar, c’est bien le seul grief que l’on pourrait trouver à cette série qui du début à la fin semble maîtriser et réussir ce qu’elle touche.
On aime aussi que la série ne fasse pas de détour face au fantastique qu’elle embrasse totalement et parfois même radicalement à l’image des rencontres avec la créature comme la dernière partie de l’ultime épisode qui touche à la fois à un horreur gothique et à de l’émotion pure. Il fallait donner corps à cette univers de légende, la série y parvient sans trop en faire, en nous montrant un monde « entre deux » assez déboussolant même. La série se nourrit de références multiples à des univers passés sans jamais se laisser « bouffer » par ce à quoi elle rend hommage.
Si on a cité la référence à un univers gothique, si le réalisateur se paye aussi quelques clins d’oeil bien sentis aux slashers, on n’oubliera pas qu’il y a du « X-Files » aussi dans certains plans de la série et que, comme Chris Carter dans sa série culte, David Hourrègue et Bastien Dartois (qui ont véritablement travaillé main dans la main) savent comment faire entrer le fantastique dans notre « monde franco-français » qui n’en a pas l’habitude. Nulle besoin de transformer la ville d’Harz en une reproduction d’une ville américaine, quand l’horreur arrive, on y croit sans rechigner là où d’ordinaire le rappel de repères « français » nous fait sortir de l’histoire. Alors oui, on aurait sans doute aimer que la série sorte davantage de sa partie polar pour se concentrer sur la quête des personnages, mais ne boudons pas notre plaisir, on demeure accrocher à l’intrigue de bout en bout.

Emotion, rêve et fantastique, David Hourrègue nous donne tout
Si pour pinailler on a dû reconnaître que la partie polar prend trop de place à notre goût, jamais on en voudra à David Hourrègue de signer ses séries d’une capacité à convoquer le rêve, la poésie et l’émotion dans les plus petits recoins du genre, y compris dans les aspects les plus sombres de ce à quoi il s’attaque. En rêveur, il n’oublie jamais de faire rêver ses spectateurs, de leur donner de l’espoir même comme plus rien ne semble aller, de convoquer de la poésie dans la plus petite parcelle d’un univers cauchemardesque. Si on ajoute à cela qu’il met brillamment en images le souvenir, la nostalgie et la mélancolie d’une époque dévolue pour toucher au plus profond du cœur le spectateur à qui il assène ces émotions, on a alors le combo parfait d’un grand réalisateur qui ne reste jamais prisonnier d’un genre pour mieux les embrasser tous (sans donner la sensation de ratisser large) et nous offrir ainsi un spectacle complet et riche.
Ce grand rêveur poétique qui n’oublie pas le grand spectacle qu’il aime et respecte immensément nous rappelle à des biens égards celui qui pourrait être un modèle pour lui, un certain S….
Mais que serait l’émotion sans les acteurs pour la véhiculer. Guillaume Labbé, pourtant très présent dans la fiction, est parvenu à montrer de nouvelles facettes de son jeu dans Rivages et Anaon. Découverte dans Paris Police 1900, Eugénie Derouand est la magnifique (re)découverte de cette série. Ses magnifique yeux bleus percent la carapace d’un personnage de flic comme on aimerait en voir plus et que l’on aurait aimer voir plus exploité dans la série.

Mais LA pépite de cette série est bien Capucine Malarre, une actrice à la densité de jeu incroyable. Chacune de ses (nombreuses) apparitions à l’écran est juste, posée là où il faut, donnant la bonne émotion, sans jamais en rajouter dans un pathos dans lequel le personnage aurait franchement pu facilement tomber. Magnétique jusqu’au bout des doigts, Capucine Malarre se pose clairement en « guide » d’une série dans laquelle elle a clairement trouvé un cocon où elle peut éclore de la plus belle manière qui soit.
Et « la créature » dans tout ça ?
On en vous dira rien dessus, ni sur ce qu’elle lest, ni d’où elle vient. On ne peut que dire que c’est particulièrement réussi et que sans doute pour la première fois en France, une équipe est parvenue à créer quelque chose à même de rejoindre le bestiaire de la pop culture anglo-saxonne. Un croque-mitaine, un monstre, ou même un tueur masqué, tous ont fini à entrer au panthéon des figures iconiques. Pas dans notre culture, notre ADN, personne ne s’y était frotté avec succès, ici il y a de quoi faire. Faire dans une autre saison, faire dans un film qui « enverrait » ce qu’ils ont créé ailleurs. Mais comme on aime ces personnages, en voir débarquer un chez façon Jeepers Creepers, ça fait plaisir ! Comme la production nous l’a expliqué : « Nous ne voulions triché avec personne d’où notre volonté de montrer vite la créature et de dire : c’est ça qu’est notre série« .
