La série Anatomie d’un divorce décortique la vie de son héros Toby Fleishman après son divorce, façon drame bourgeois à la Woody Allen.
C’est quoi, Anatomie d’un divorce ? Toby Fleishman (Jesse Eisenberg), médecin new-yorkais de 41 ans, vient de divorcer. A la dérive, il tente de s’adapter et de surmonter son mal-être en enchaînant les rencontres d’un soir, et il renoue avec Libby (Lizzy Caplan) et Seth (Adam Brody), ses amis qu’il avait perdus de vue. Mais un jour, alors qu’il a la garde de ses deux enfants pour le week-end, son ex-femme Rachel (Clare Danes) ne revient pas les chercher. Désemparé, Toby doit réorganiser son quotidien et il raconte à Libby comment son mariage a tourné au désastre.
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L’essentiel
Anatomie d’un divorce, c’est d’abord un best-seller publié en 2019 par Taffy Brodesser-Akner. C’est elle-même qui signe cette adaptation en mini-série de huit épisodes, disponible en France sur Disney+. Une histoire simple et banale en apparence – l’échec d’un mariage et de la vie après le divorce – décortiquée dans tous ses aspects et toutes ses facettes, où une rupture fait basculer le destin de plusieurs personnages. Et en premier lieu celui de Toby Fleishman, dont l’histoire nous est racontée entre flash-back et récit au présent par son amie Libby en voix off .
Toby Fleishman, 41 ans, vient juste de divorcer après 15 ans de mariage. Installé dans son nouvel appartement, il est profondément ébranlé même s’il semble vivre la situation comme une libération. Finies les disputes avec son ex Rachel, il n’a plus à supporter ses amis snobs, il peut renouer avec ses propres amis qu’il avait délaissés et il se jette à corps perdu dans les appli de rencontres et les relations d’une nuit. Tout semble parfait – jusqu’à ce que son ex-femme soit injoignable et ne rentre pas d’un stage de yoga. Désemparé et en colère , Toby se retrouve avec ses deux enfants Hannah et Solly sur les bras, à devoir jongler entre son rôle de père et son travail de chef de service à l’hôpital…
On aime
Sur le papier, Anatomie d’un divorce a quelque chose de Philip Roth ou Jonathan Franzen ; à l’écran, on flirte avec du Woody Allen ou Kramer contre Kramer. Outre le cadre new-yorkais, il y a surtout le ton qu’adopte la série. La narration en voix off permet une distanciation qui autorise un regard presque clinique sur la situation de Fleishman dont le mariage, le divorce, les relations d’un soir, la vie familiale ou professionnelle sont disséquées, souvent avec une bonne dose d’ironie et des répliques ciselées qui font mouche.
Le personnage de Fleishman (avec même le phrasé rapide de l’excellent Jesse Eisenberg) ne déparerait pas dans un reboot du film Manhattan : un homme issu d’une classe aisée, un névrosé en pleine crise de la quarantaine, bourré de complexes et peu sûr de lui, qui s’interroge sur sa réussite sociale, ses relations sentimentales et sur le sexe. Et dans cette tragédie très bourgeoise, la série porte sur lui un regard sans grande compassion, même (et peut-être surtout…) quand il essaie de se donner le beau rôle.
Portée par des acteurs remarquables (mention spéciale à Clare Danes, impeccable), l’histoire nous est racontée en voix off par Libby, qui nous rapporte les confidences que lui fait Toby. C’est un élément essentiel, car le regard est ainsi doublement biaisé. C’est la version de Toby, qui se présente comme une victime face à une Rachel froide, carriériste voire hystérique (dans les flash-back) puis submergée par les problèmes lorsqu’elle a pris la tangente (dans le présent). Mais c’est aussi la version de Libby, qui interprète l’histoire à travers le spectre de sa propre vie personnelle – celle d’une desperate housewives de banlieue frustrée qui s’ennuie. Une subjectivité qui n’est pas évidente au premier abord, mais qui affleure progressivement – jusqu’aux deux derniers épisodes dont on ne dira rien, mais où elle devient fondamentale.
On aime moins
Anatomie d’un divorce est bien écrite, rythmée et intelligente… pour peu que l’on adhère précisément à l’idée d’un drame bourgeois qui raconte, observe et analyse. Les hauts et les bas (surtout les bas) des relations de Toby, Libby et dans une moindre mesure Seth et Rachel sont jalonnés de réflexions plus générales sur le mariage, le sexe, la famille, le travail, l’estime de soi et la manière dont on se retrouve, à quarante ans, à des années-lumière de la vie dont on rêvait vingt ans plus tôt. C’est donc une série bavarde qui joue avant tout sur la réflexion et l’introspection, passe à la moulinette les sentiments et le comportement de ses différents personnages et qui s’appuie beaucoup sur les ressorts psychologiques, les traumas et les prises de conscience.
Au fil des huit épisodes qui composent la série, Anatomie d’un divorce a parfois tendance à étirer la narration et souffre de quelques longueurs ou de scènes inutilement récurrentes – comme si on insistait parfois lourdement sur certains aspects. Jusqu’à ce que tout s’accélère dans les deux derniers épisodes, mais au prix d’une rupture totale. On bascule alors en quelque sorte dans une autre histoire, en se focalisant sur autre chose (et notamment sur Libby, mais pas seulement… ) et si l’idée est pertinente, le changement est abrupt et laisse un peu perplexe au début.
On regarde si… on aime les séries qui se focalisent sur les personnages et leurs ressorts psychologiques ; on a envie d’un drame pertinent derrière sa banalité ; on a envie de voir ce qu’aurait pu donner The affair à la sauce Woody Allen.
On ne regarde pas si... on préfère les séries où l’action prime sur l’introspection ; les états d’âme de quadra en crise nous passent au-dessus de la tête ; on aime les histoires racontées de façon objective, où on ne remet pas tout en question.
Anatomie d’un divorce.
8 épisodes de 50′ environ.
Le 22 Février sur Disney+.