Après une diffusion au printemps sur France 2, Bardot est disponible sur Netflix depuis le 23 août et fonctionne plutôt bien.
C’est quoi Bardot ? Brigitte Bardot, petite fille du 16e arrondissement de Paris à l’éducation stricte, se trouve laide et se sent mal aimée. Elle va grandir, s’émanciper, braver tous les codes grâce à sa rencontre avec son premier amour Roger Vadim. En 1956 la sortie du film de ce jeune homme, “Et Dieu… créa la femme”, dont Brigitte est l’héroïne, provoque une révolution sexuelle mondiale dont elle devient l’icône.
Bardot assume sa sexualité, ne veut être ni une bonne épouse ni une mère de famille. Elle se permet de choisir ses hommes, de s’habiller et de se déshabiller comme elle l’entend, de dire ce qui lui passe par la tête. Cette liberté sans faille la propulse dans l’œil médiatique et déchaîne autant de haine que d’adoration. Elle devient la muse d’une parenthèse enchantée, d’une époque où les pulsions irrépressibles sont enfin libérées. Elle est la première star française dont l’image franchit toutes les frontières, influence toutes les modes, et crée une onde de choc qui atteint jusqu’aux villages les plus reculés de la planète.
Le destin extraordinaire de cette jeune femme, conte de fées qui vire parfois au cauchemar, dresse aussi le portrait d’une époque : la France de l’après-guerre qui passe du noir et blanc à la couleur, qui se gorge d’insouciance, de plaisir et de soleil dans ce nouveau paradis qu’est Saint-Tropez et dont Bardot devient la déesse.
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L’essentiel
Un The Crown à la française. Voilà comment l’équipe résume l’esprit de cette production chic et soignée de France Télévisions. Les premières années de la carrière de Bardot racontées de son point de vue par le talent d’écriture et de mise en scène de Christopher Thomson et Daniele Thompson qui emmènent leur héroïne jusqu’au tournage de son film avec Clouzot en 1959. Pourquoi cette période ? En quoi est-elle symbolique pour l’actrice ? Outre qu’il s’agit vraiment du moment où Brigitte Bardot devient BB, il n’y a pas d’autre raison que celle de commencer par le début. Bien que la chaîne la présente comme une mini série, on comprend vite qu’en cas de succès, l’histoire se poursuivra sur la décennie suivante. Et l’on continuera d’accompagner Julia de Nunez dans cette exploration de la vie d’une libre, indépendante et qui s’assume. Aux côtés de la jeune comédienne, on retrouvera Victor Belmondo (Vadim) ou encore Hippolyte Girardot et Géraldine Paillhas (pour incarner ses parents).
« À travers le destin extraordinaire de cette jeune femme, conte de fées qui parfois vire au cauchemar, nous faisons aussi le portrait d’une époque, de la France de l’après-guerre qui passe du noir et blanc à la couleur, qui se gorge d’insouciance et de musique. Discothèques enfumées, sable chaud, corps bronzés offerts au soleil dans un nouveau paradis
: Saint-Tropez, dont Brigitte devient la déesse. Et pourtant la guerre d’Algérie fait rage et assombrit les vies de tous de chaque côté de la Méditerranée« , confie Danielle et Christopher Thompson dans le dossier de presse.
Et Bardot créa De Nunez
La série Bardot est une vraie réussite dans la plongée qu’elle opère dans la France des années 50. S’il l’on n’échappe pas aux sauts de puce dans le temp, passant d’une année à l’autre, l’enchainement se fait pourtant de manière assez fluide. La direction artistique est fluide et sublime, tout comme la photographie et le générique est quant véritablement somptueux, teintée d’une ambiance chic à la Hitchcock des années 50. Si le casting a été particulièrement soigné, la réussite même de la série tient entre les mains de Julia De Nunez. Bien plus qu’une actrice incarnant Bardot, elle transcende son personnage et son alter ego fictionnel révèle au grand jour la puissance d’une jeune femme et d’une jeune actrice aussi sublime et intense que l’actrice qu’elle incarne. Julia de Nunez est de tous les plans mais ne fatigue jamais l’image car elle a toujours quelque chose de nouveau à proposer. Sa ressemblance avec BB est d’ailleurs assez perturbante tant les deux femmes se révèlent proches l’une de l’autre. La série dresse le portrait d’une femme prise entre les 4 murs de la célébrité et qui entend bien vivre sa liberté de la manière la plus totale qui soit. Quitte à se priver d’être heureuse ? En tout cas, Bardot y est présentée comme cette femme qui a toute sa vie lutter pour rester libre. Julia De Nunez brûle de 1000 feux et n’est jamais dépassée par son illustre modèle dont les souliers pourrait paraître trop grand. Pour un résultat bluffant, prenant, qui oscille entre le drame et la légèreté d’une époque charnière pour la condition féminine et dont Bardot en fut l’incarnation idéale – sans jamais omettre les aspects plus sombres de la personnalité de cette femme devenue une icône mondiale.