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On regarde ou pas ? Infiltré(e), la nouvelle série d’Audrey Fleurot

Après le carton HPI, Audrey Fleurot retrouve avec Infiltré(e) l’équipe à l’origine de la série Un village français. Pour un thriller enlevé sur fond de sans papiers à Marseille.

C’est quoi Infiltré(e) ? Après la mort de la baby-sitter de son fils causé par l’UBH, une drogue de synthèse qui commence à inonder le marché, le commissaire MAX VERNET (Thierry NEUVIC) convainc sa hiérarchie de monter une infiltration, seul moyen de remonter une filière de production et de distribution aussi mystérieuse que dangereuse. Pour ce faire, il oblige AURELIE (Audrey FLEUROT), mère célibataire et chimiste dans la police, à proposer ses services au réseau dirigé depuis Marseille par le charismatique JESUS (Sumaï CARDENAS) en prétextant pouvoir améliorer le produit…

L’essentiel

Six ans après le bouleversant final de la série Un village français, Audrey Fleurot est l’héroïne d’une nouvelle mini série écrite par Frédéric Krivine, réalisée par Jean-Philippe Amar et produite par Emmanuel Daucé, la fine équipe qui a donné vie à la vie de ce village sous l’Occupation. La comédienne retrouve Thierry Neuvic dans une série toute en tension dont la narration se raconte sur deux tableaux différents (dans un premier temps) : tandis que l’infiltration se prépare loin de Marseille, on y découvre comment la vie des jeunes trafiquants s’organise sur place, entre enfants isolés et réseaux de deal, gravitant autour de « Jésus », le chef d’une bande bien plus obscur qu’il n’y paraît. La seconde partie de la série bascule dans une histoire bien plus sensible qu’il n’y paraît au premier abord pour aboutir à un climax très réussi dans l’ultime épisode.

A lire aussi : On a vu pour vous … la fin de Un village français, meilleure série française ? (vl-media.fr)

On aime ou pas ?

Infiltré(e) c’est dans sa première partie, deux séries en une. Il y a la formation d’Aurélie pour infiltrer le réseau, mais aussi ses doutes, ses craintes et les manipulations de tous. De l’autre, la vie de la bande organisée sur Marseille, la manière dont ce duo de caïd gère les enfants isolés et comment leur « aura » se construit petit à petit. Puis, les deux univers se rejoignent et la tension devient plus commune – Aurélie parviendra-t-elle à donner le change ? – mais en étant efficace. On retrouve ici Audrey Fleurot telle qu’on l’appréciait dans Un village français ou Engrenages, plus « posée » et à fleur de peau (alors qu’elle paraît plus dans l’excès dans HPI). On apprécie aussi beaucoup la manière dont sa relation avec Jésus se bâtit et comment elle devient même un triangle quand elle s’interpose entre Nikita (même si on regrettera que le format mini série ne demande des accélérations permanentes dans la manière d’envisager l’histoire, ses enjeux et ses twists). Comme l’explique très bien Frédéric Krivine : « le dispositif de l’infiltration permet une dramatisation de tous les instants, puisque pour sauver son fils une femme presque ordinaire, interprétée par Audrey Fleurot, va vivre sous une fausse identité, dans un mensonge permanent, qui menace sa vie, son entourage et son équilibre psychique« . Pour palier à ce temps court de la mini série, Frédéric Krivine a raconté à chaque épisode un des aspects de l’infiltration (ce qui nous rappelle la manière dont à chaque saison du Village français, il nous racontait un des aspects de l’Occupation).

La partie sur Marseille est de loin la plus réussie. On ira pas jusqu’à dire qu’elle se suffit à elle-même mais presque tant elle est paraît riche et que tout son potentiel n’est pas exploitée. Elle contient à la fois les éléments de narration, forts, mais aussi la part de faits de société nécessaire, en nous racontant de l’intérieur comment ses enfants livrés à eux-mêmes survivent. Elle nous présente aussi le destin particulier d’un homme que la vie a brisé et qui reconstruit dans la violence et les trafics. La partie « infiltration » est à bien des égards prenantes mais plus classiques dans ce qu’elle raconte. Mieux, en voyant le final, on se dit qu’elle pourrait servir de « pilote » à une série centrée sur Max (Thierry Neuvic).

Infiltré(e) nous marque pour la partition et l’interprétation de certains comédiens. Visage d’ange, cœur de démon, Sumaï Cardenas est en « Jésus » l’une des révélations de la série et associé à sa « Maria », ils pourraient former un duo explosif sur Marseille. On regrette d’ailleurs que la jalousie de la jeune fille ne soit pas plus exploitée, notamment vers la fin. Reste que Charlie Paulet, pourtant très jeune, est une révélation bouleversante de cette série. Elle donne du corps et de l’âme à son personnage tragique au possible.
Enfin, si Nikita paraît dans un premier temps assez basique, son évolution au fil de la série gagne en intensité jusqu’à un épisode final assez déroutant (la prestation de son interprète Bogdan Zaphir n’y pas étrangère).

On regrette que la série ne choisisse pas entre un polar classique mais assumé, et une histoire davantage sombre et tortueuse (ce qu’elle devient vers la fin). Le potentiel d’histoires à raconter, notamment en s’y attardant davantage, va bien au delà des 6 épisodes. En accélérant, la narration prive ses personnages d’une subtilité plus prononcée et des failles qu’on aurait aimé voir davantage exploitées. Le plaisir est constant grâce à l’efficacité de l’écriture sérielle de Frédéric Krivine et de la réalisation enlevée de Jean-Philippe Amar, mais les regrets sur certaines parties ne s’effacent pas pour autant. Sans doute, de notre point de vue, manque-t-il 2 épisodes de plus pour davantage creuser ces pites.

Infiltré(e)
6 épisodes de 52 minutes
Dès le 25 septembre 21h10

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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