Raylan Givens is back ! Plusieurs années après la fin de Justified, le marshall est de retour dans City Primeval.
C’est quoi, Justified : City Primeval ? En route pour conduire sa fille Willa (Vivian Olyphant) en colonie de vacances, Raylan Givens (Timothy Olyphant) arrête deux criminels qui tentaient de lui voler sa voiture. Lorsqu’il découvre que ceux-ci sont recherchés dans le Michigan, il décide de les ramener à Détroit. Mais le juge devant lequel il a témoigné est tué par balles, et ses supérieurs chargent alors Raylan de collaborer avec la police locale pour résoudre l’affaire. Son chemin va croiser celui d’un certain Clement Mansell (Boyd Holbrook), un dangereux psychopathe qui se rêve en star du rock, chante à tue-tête Seven Nations army des White Stripes et laisse dans son sillage une jolie traînée de cadavres.
L’essentiel
De 2010 à 2015, Justified a suivi le marshall Raylan Givens en plein cœur du Kentucky où il affrontait de nombreux criminels aussi extravagants que dangereux. Huit ans après la fin de la série, Givens revient sur nos écrans dans une mini-série (?) sous-titrée City Primeval, dont les huit épisodes sont disponibles sur Disney+.
Raylan Givens – sorte de shérif des temps modernes qui se comporte presque comme s’il était dans un western, avec son Stetson sur la tête et sa propension à dégainer – est né de l’imagination du grand écrivain Elmore Leonard. Mais si City Primeval est elle aussi basée sur un livre de l’auteur, Givens n’apparaît pas dans le texte. Le pari consiste donc à transposer le héros dans cette nouvelle histoire, face à un nouvel antagoniste et dans un nouveau contexte.
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On aime
Avec le matériau de départ signé Elmore Leonard, City Primeval s’appuie sur une histoire bien construite, avec de multiples rebondissements – attentat à la voiture piégée, mafia albanaise, petit carnet noir contenant les noms des personnalités corrompues de la ville, règlements de compte, tentatives d’extorsion… Mais l’ambiance, le ton sont complètement différents : loin du néo-western policier rempli d’humour et d’ironie dans un environnement rural, c’est un récit plus classique, un polar noir urbain nettement plus sombre. Qu’on adhère ou pas, c’est un choix audacieux, qui permet à la série de proposer quelque chose d’autre.
Reste que regarder City Primeval, c’est avant tout l’occasion de retrouver Raylan Givens, un vieil ami dont on n’avait plus de nouvelles. Toujours magnifiquement interprété par le génial Timothy Olyphant, notre marshall débarque dans un contexte auquel Justified ne nous a pas habitués. Cela fonctionne précisément parce qu’on le découvre dans ce nouvel environnement où il fait figure d’outsider. Et s’il est toujours égal à lui-même avec son côté franc tireur capable de contourner la loi si la situation le justifie, Givens a mûri, il a changé et on sent parfois chez lui une certaine lassitude. La relation avec sa fille Willa (parfaitement jouée par la fille de l’acteur) enrichit aussi le personnage en le montrant dans un rôle inédit.
Autour de lui gravitent les nouveaux personnages comme Sandy (Adelaïde Clemens), la petite amie de Mansell ; le vieux criminel Sweetie (Vondie Curtis Hall), propriétaire d’un bar miteux ; Carolyn Wilder (Aunjanue Ellis), avocate à l’éthique discutable, et surtout Clement Mansell. Interprété par l’excellent Boyd Holbrook, voilà un antagoniste comme on les aime dans Justified, avec une touche d’excentricité qui ne fait toutefois jamais oublier que c’est avant tout un dangereux psychopathe avec lequel il ne faut pas plaisanter.
On aime moins
Sans la présence de Givens, bien malin qui pourrait affirmer qu’il s’agit d’une suite de Justified. Pas seulement parce qu’on ne retrouve pas les autres personnages emblématiques qu’on a tant aimés (ou détestés. Ou aimé détester.), pas uniquement parce que le Kentucky des rednecks a laissé la place à la ville de Detroit, mais surtout parce que City Primeval n’a pas ou rarement l’humour, le détachement ou les dialogues comiques de Justified.
Même chose avec les personnages secondaires. Certes, ils sont bien écrits et les acteurs sont bons… mais excepté Mansell, il leur manque la touche Justified : ce côté extravagant voire délirant, cette originalité qu’on aimait tant chez ses méchants – comme Dickie, Wynn Duffy ou Dewey Crowe, pour n’en citer que quelques-uns.
Enfin, tous les arcs narratifs ne fonctionnent pas de la même manière, la série se perd parfois dans des détails avec une baisse de régime en milieu de saison. Sans compter que la résolution de l’intrigue principale est beaucoup trop rapide, trop expéditive – on reste sur sa faim.
La fin
Même si on n’en dévoilera rien, un mot sur la fin de Justified : City primeval, marquée par le retour d’un personnage emblématique. Elle est à la fois magistrale… et frustrante. Magistrale, parce que c’est précisément CETTE scène-là que les fans espéraient ; frustrante parce qu’elle exacerbe toutes les réserves qu’on pouvait avoir sur ce revival. En trois minutes (montre en main), on laisse Detroit derrière nous, le personnage qu’on retrouve fait passer Clement Mansell pour un guignol et la séquence éclipse quasiment tout le reste de la série. C’est comme si, après une longue première partie d’un tribute band des Rolling Stones, Mick Jagger déboulait sur scène cinq minutes avant la fin du concert. On n’attend plus qu’une seule chose : que Justified passe aux choses sérieuses, dans une suite de la suite…
On regarde si… on veut des nouvelles de Raylan Givens ; on aime les polars en général et ceux de Elmore Leonard en particulier ; on est fan de Justified (la dernière scène va vous faire hurler de joie).
On ne regarde pas si… on veut du Justified pur et dur, même ton et même ambiance ; on aime les intrigues simples et carrées qui ne se perdent pas dans des circonvolutions ; on n’a pas envie d’avoir Seven nations army dans la tête pendant trois semaines.
Justified : City primeval
8 épisodes de 48′ environ.
Disponible sur Disney+