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On regarde ou pas ? Le jour de ma mort, l’excellente surprise de la rentrée

Voilà des surprises comme on en voudrait plus. France 2 proposera à la rentrée « Le jour de ma mort » et on ne saurait que trop vous recommander ce thriller particulièrement réussi.

Une histoire redoutable

Le jour de ma mort est une adaptation libre du roman de Jacques Expert sorti en 2019. Johanne Rigoulot l’a adapté pour la télévision et Jérôme Cornuau en a fait un huis clos absolument redoutable porté par Lula Cotton Frapier absolument PHENOMENALE !

Quand une voyante a prédit à Lisa une mort le 15 août dans la peur et la violence, celle-ci a haussé les épaules.
Pourtant, ce matin-là, alors que le jour se lève sur une ville déserte et écrasée de chaleur, la police est aux abois : le tueur de femmes aux trois victimes frappera à nouveau d’ici à minuit. 
Et Lisa se sent soudain moins sereine… 
D’autant qu’elle en est sûre : un homme s’est introduit dans l’immeuble vide.
Il va faire très chaud, ce 15 août !

A regarder aussi : Bugarach : Lula Cotton Frapier, Lisa Do Couto Teixeira et Fabien Montagner – invités | La loi des séries #774 (vl-media.fr)

Le jour de ma mort : 90 minutes d’apnée émotionnelle

Un petit miracle ! Si on devait résumer ce téléfilm en 3 mots, voilà ceux que l’on choisirait tant c’est une proposition singulière qui ne va pas là où on l’attendait. On évacue les quelques petits scories qui, sans nuire à l’ensemble, éloignent le film de la perfection espérée (à l’image du changement trop brutal dans le comportement de Lisa – format télé de 90 minutes oblige). Et on se concentre sur l’essentiel !

Si le pitch promet une histoire haletante, il ne rend pas totalement grâce au résultat final. Soit un thriller machiavélique en quasi double huis clos.
D’un côté les deux policiers Frédéric Diefenthal (Stanislas Coesens) et Naidra Ayadi (Laurence Petrucci) qui tout en essayant de rassembler les pièces d’un puzzle dont ils n’ont rien, tentent aussi de reconstruire une relation brisée dont on ne découvre les tenants qu’à la toute fin. A de rares exceptions, ils ne quittent jamais leur commissariat si ce n’est à la fin pour tenter d’empêcher le pire.
De l’autre, Lisa, seule, livrée à elle même avec cette prédiction qui tourne telle une épée de Damoclès au dessus de sa tête ; Lisa seule ou presque dans un immeuble déserté pour cause d’été (l’unité de temps est ce 15 août) et qui voit le compte à rebours (fatal ?) s’égrener sur une horloge qu’elle a toujours en tête (et le spectateur aussi).

Et pour faire monter la pression, un travail méticuleux sur le son a été fait. Tant dans la musique des géniaux Thomas Couzinier et Fred Kooshmanian (Zone Blanche) que dans le travail de chef opérateur son Frédéric Gendre, tout nous rappelle un inéluctable compte à rebours qui ne s’arrête jamais. Le travail sur le son ne s’arrête pas à cette notion du « temps » qui passe. Le son a ici une place primordial pour matérialiser tout ce que Lisa entend mais ne voit pas (comme ces bruits sourds contre la porte). Un vrai travail d’orfèvre qui ne laisse le spectateur tranquille, se retrouvant littéralement aux côtés de Lisa dans son appartement !

Lula Cotton Frapier : impériale démonstration

Si l’écriture est délicieusement fine et la réalisation à ce point maitrisée pour faire perdre pied avec la réalité le spectateur plongé dans ce cauchemar éveillé, c’est bien l’héroïne de cette histoire, Lula Cotton Frapier, qui donne corps à ces 90 minutes de tension absolue. On savait la comédienne magnifique dans son jeu depuis qu’on l’a découverte dans Skam, ou pour sa remarquée participation à « La nuit du 12 », mais elle enfonce le clou un peu plus encore avec cette partition littéralement impressionnante.

La comédienne a une façon bien à elle de jouer ou justement de ne pas jouer. Elle est, elle devient littéralement les personnages qu’elle incarne. Dans La nuit de ma mort, elle donne physiquement corps à cette descente aux enfers en incarnant non seulement une jeune femme poursuivi par un danger palpable, mais surtout en jouant avec un côté très « animal » la perte de repère avec le réel de son personnage Lisa. il faut dire qu’elle est parfaitement aidée par la réalisation de Jérôme Cornuau qui amène sa caméra au plus près d’elle et nous permet ainsi de saisir sa plongée progressive dans une sorte de folie … Un comble quand on sait que le scénario a pris soin de nous présenter Lisa comme une jeune étudiante s’intéressant aux maladies neurologiques et coincée chez elle pour préparer un examen qui a posé les germes d’une fatigue mentale déjà très présente quand elle plonge dans cet enfer.

C’est donc à un lent cauchemar auquel on assiste comme si on était à la fois proche de Lisa, mais comme une sorte de « projection » sournoise derrière elle de celui ou celle qui lui en veux. Jamais le spectateur n’est lâché jusqu’à une fin totalement imprévisible (même si on insiste un peu trop dessus quelques minutes avant qu’elle ne survienne). C’est parce qu’on a passé le « cauchemar » avec Lisa que la fin nous laisse à ce point sur le carreau. C’est parfaitement mené de bout en bout !

Le jour de ma mort
2 septembre 2024 à 21.10
France 2

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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