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5 éléments pour comprendre l’échange d’espions « illégaux » remis à la Russie 

Deux espions « illégaux » et leurs deux enfants ont été remis aux autorités russes dans le cadre du plus grand échange de prisonniers depuis la chute de l’URSS.

Le jeudi 1er août a marqué un tournant historique. La Russie et plusieurs pays occidentaux ont échangé au total 26 prisonniers, dont un couple d’espions « illégaux » et leurs deux enfants. Arrêtés en Slovénie, pays où ils opéraient, le couple avait pris la nationalité argentine avec leur deux enfants. Les deux mineurs ne savaient rien de la vraie profession de leurs parents et ignoraient leur origines russes. Cette histoire montre à quel point l’espionnage n’a pas de limites.

1- Les espions « illégaux », c’est quoi ?

Nés dans les années 1930 sous Staline, ils ont beaucoup été utilisés pendant la guerre froide. On pourrait croire que cette pratique est sortie tout droit d’un film et pourtant les espions illégaux existent encore aujourd’hui.

À la différence de leurs homologues qui sont postés « officiellement » pour une période limitée sous couverture diplomatique dans des ambassades ou consulats, les espions « illégaux » sont immergés dans le pays cible plusieurs années sous une identité volée. À noté également que ces espions ne bénéficient pas de protection. Chargés de collecter des informations, ils doivent devenir de véritable comédiens.

2- Des fausses identités

Depuis 12 ans, Artiom Doultsev et Anna Doultseva, les deux espions illégaux vivaient sous une fausse identité. Pour créer cette fausse identité crédible que l’on appelle une « légende » prend du temps. Dans le cas de ces deux espions illégaux remis aux autorités russes, tout deux ont pris un nouveau nom et prénom ainsi qu’une nouvelle nationalité.

Artiom Doultsev devient Ludwig Gisch, un citoyen autrichien né en Namibie d’une mère argentine. Quant à Anna Doultseva, elle prend le nom de Maria Rosa Mayer Munos, une mexicaine née en Grèce. Cette Maria a réellement existé, mais est décédée près de 30 ans auparavant dans un petit village grecque. La petite Maria n’avait que quelques semaines. Il est fréquent que les identités reprises par les espions « illégaux » soient des enfants défunts.

3 – Une vie parallèle

Pour mener a bien leur mission, les espions doivent se créer une vie pour rentrer dans les clous de la société sans éveiller les soupçons. L’Argentine devient alors leur pays dit de « rodage ». En y entrant séparément avec de faux papiers à la frontière du Mexique et de l’Uruguay, ils se retrouvent par « hasard » à Buenos Aires. De là, les deux espions construisent leur idylle amoureuse et font deux enfants. Ils obtiennent alors la nationalité argentine et se marient. Maintenant que leur fausse identité est solide, ils rejoignent leur destination finale : la Slovénie.

En 2017, ce pays de l’espace Schengen les accueille avec un visa touristique. Un choix stratégique car le pays se trouve au coeur de l’union européenne et leur permet de se déplacer partout en Europe sans craindre les frontières. Pour mener a bien leur mission, Artiom crée une fausse entreprise d’informatique et sa femme se fait passer pour la créatrice d’une galerie d’art en ligne opérant dans toute l’Europe. Dans la capitale slovène, Ljubljana, on trouve aussi le siège de l’agence européenne qui gère le marché de l’énergie (ACER), qui est un aspect essentiel des tensions entre la Russie et l’UE.

4 – La mission

Une fois « activé », les deux espions russes avaient plusieurs mission selon les services de sécurité occidentaux. Artiom et Anna étaient chargés de collecter des informations, recruter des futurs agents et retranscrire des ordres aux espions légaux, qui sont plus surveillés. Mais les deux agents du SVR, les services de renseignements extérieurs de la Russie, se sont fait démasquer.

Le couple d’espions « illégaux » communiquait avec la Russie grâce à des ordinateurs équipés de système qui permettaient cette communication. Ni la Slovénie, ni les Etats-Unis n’ont réussi à les piéger. Mais le 22 février 2022, tout bascule. Lorsque la guerre en Ukraine éclate, la famille effectue un aller-retour suspect de la Slovénie à Buenos Aires pour un renouvellement de passeport. C’est là que le service de contre-espionnage européen lance l’alerte contre eux. De là, le couple a été condamné par la justice slovène à un an et demi de prison, a indiqué le tribunal de Ljubljana, une peine équivalente au temps déjà passé en détention. Le tribunal a également ordonné leur expulsion du territoire national.

« Les accusés, qui se sont présentés sous les noms de Ludwig Gisch et de Maria Rosa Mayer Munos, ont plaidé coupable » lors d’une audience tenue secrète et se sont vu infliger une peine pour « espionnage et falsification de documents », selon un communiqué.

5 – L’échange de prisonniers

Bouquet à la main, Vladimir Poutine attend Artiom et Anna et leurs enfants sur le tarmac de l’aéroport Vnoukovo, à Moscou. Le jeudi 1er août, les deux espions et leurs enfants ont retrouvé leur terre natale. À la petite fille de 12 ans et à son frère de 9 ans, Poutine adresse un « Buenas noches« . Les enfants qui ne parlent qu’espagnol ignoraient tout de leur vraie origine, pensant qu’ils étaient argentins. Lors d’une déclaration ce vendredi 2 août, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a indiqué que les deux enfants du couple ignoraient tout de la vie parallèle de leurs parents. Ce dernier a également confirmé leur appartenance aux services secrets russes.

C’est le plus grand échange de prisonniers depuis la chute de l’URSS en 1991. Journalistes, opposants, espions…vingt-six prisonniers ont été échangés entre la Russie et plusieurs pays occidentaux ce 1er août. Le Kremlin a récupéré 10 russes dont la famille Doultsev.

Cet échange marque le grand retour des espions russes selon le media The Economist qui affirme dans une enquête que « les espions russes sont de retour et plus dangereux que jamais ».

À lire aussi : Qui sont ces deux espions russes, libérés par la Slovénie dont les enfants pensaient être argentins ?

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