Sorti depuis quelques jours dans les salles, Le Menu est délicieux jeu macabre, sorte de croisement « Dix petits nègres » et Top Chef. A déguster !
C’est quoi Le menu ? Un couple se rend sur une île isolée pour dîner dans un des restaurants les plus en vogue du moment, en compagnie d’autres invités triés sur le volet. Le savoureux menu concocté par le chef va leur réserver des surprises aussi étonnantes que radicales…
L’essentiel
Le menu est de ces films qui auraient pu passer inaperçu mais que vous voulez voir une fois la bande annonce visionnée. Réalisé par Mark Mylod (un habitué des plateaux télé), le film est porté par une distribution 5 étoiles : Ralph Fiennes, Anya Taylor-Joy. Judith Light, ou Janet McTeer, pour un délicieux jeu de massacre culinaire qui aurait pu être imaginé par la Reine du Crime, Agatha Christie. Le film est découpé en 2 parties : le début, exposition des caractères (plus que de simples personnages) extrêmes à souhait et qui font du bien dans ce qu’ils disent de notre société ; et une seconde partie plus radicale, oscillant entre le polar et le survival culinaire. L’ambiance va crescendo jusqu’à un final certes un peu décevant mais qui ne parvient pas à faire oublier le plaisir passé à cette table. On en reprendrait bien un peu car à la différence de Anya Taylor-Joy, on a pas eu les yeux plus gros que le ventre.
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On aime
La comparaison avec le roman culte d’Agatha Christie que nous opérions plus haut n’est pas tellement fortuite. Beaucoup d’éléments dans le film peuvent nous y renvoyer. Comme le départ à bord d’un bateau, et qui emmène chaque convive sur une île isolée et où l’on comprend vite qu’aucun d’eux n’est vraiment « clean ». D’ailleurs, la première partie du film slalome de table en table pour mieux présenter les travers de chaque convive, ainsi que son attitude dédaigneuse pour le lieu et le maître des lieux. Puis la soirée bascule dans une forme de grand guignol qu’on ne parviendrait pas à décrypter, tous ne révélant incapable de différencier le vrai du faux. Et au milieu, le chef Slovik qui marque le tempo tel un métronome avec ses claquements de main. Ralph Fiennes est comme d’habitude très à l’aise avec ses rôles pour le moins ambigüe, ici un chef qui a visiblement une revanche sociale à prendre. Face à lui, les personnages comme le public ne savent jamais si ce qu’on voit fait partie d’un « tout » ou si le plan est bien terrifiant qu’on ne l’aurait imaginé.
On aime aussi quand l’histoire « vrille » sur un face à face Fiennes / Joy où le plus fort n’est pas forcément celui ou celle que l’on croit. « On va tous mourir ce soir« , assène l’un des personnages en cours de soirée de manière très stoïque, comme résigné à devoir mourir à table. C’est du thriller mâtiné d’un humour noir délicieux qui fait du bien et qui permet de ne jamais vraiment pouvoir prévoir le coup suivant ! Visuellement superbe (y compris dans les plats), le film est porté par une musique envoûtante qui martèle l’inexorable vers laquelle se dirige chacun des personnages. Même si on aurait préféré une fin plus réussie et sans doute encore plus radicale, la critique sociétale qui soutent suffit à considérer le film comme une véritable réussite. L’ambiance et la thématique ne sont pas sans rappeler d’ailleurs L’ultime souper (1995) qui montrait aussi qu’un bon dîner est l’endroit parfait pour dire des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire !