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On regarde ou pas ? Shantaram, un criminel en quête de rédemption à Bombay

Dans Shantaram, Charlie Hunnam incarne un braqueur de banque qui se cache à Bombay après s’être échappé d’une prison australienne. 

C’est quoi, Shantaram ? Dans les années 1980, Lin (Charlie Hunnam) s’évade de la prison de Melbourne où il était détenu pour un braquage ayant coûté la vie à un policier. Avec un faux passeport, il quitte l’Australie  pour Bombay et, dès son arrivée, il se lie d’amitié avec Prabhu (Shubham Saraf), un jeune homme qui va l’accueillir dans le bidonville où il vit. Il fait aussi la connaissance de plusieurs expatriés impliqués dans toutes sortes de trafics, dont le Français Didier (Vincent Perez), la mystérieuse Karla (Antonia Desplat) qui ne le laisse pas indifférent et un baron du crime local (Alexander Siddig).  Alors que  Lin fait profil bas et tente de refaire sa vie en ouvrant un dispensaire dans les bidonvilles, la police australienne n’a pas renoncé à le traquer…

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L’essentiel

Ce n’était qu’une question de temps avant que Shantaram soit adaptée à l’écran. Librement tirée du roman éponyme paru en 2003, lui-même librement inspiré de la vie de son auteur Gregory David Roberts, l’histoire a été envisagée pour le grand écran à plusieurs reprises, Johnny Depp ou  Russell Crowe étant pressentis pour interpréter Lin. C’est finalement Charlie Hunnam (le Jax de Sons of anarchy) qui hérite du rôle, dans une série disponible sur Apple TV+.

Transposer Shantaram à l’écran a pourtant tout d’une gageure. D’abord parce que le livre, best-seller vendu à 6 millions d’exemplaires, est un pavé d’un millier de pages qui raconte le parcours de l’alter-ego de l’auteur, dans une succession d’aventures allant de la prison de Melbourne aux bas-fonds de Bombay en passant par la guerre en Afghanistan, son rôle de médecin dans les bidonvilles et ses relations avec la pègre locale. Ensuite, parce que l’histoire se double du questionnement spirituel voire philosophique du héros, faisant de son récit une sorte de voyage initiatique. Et enfin parce que la série elle-même a connu bien des difficultés : changement de showrunner, épidémie de Covid, mousson et budget initial de 55 millions de dollars largement dépassé. 

Le projet a néanmoins abouti et selon Charlie Hunnam, la série dans sa totalité pourrait comporter 30 à 40 épisodes. De fait, la première saison (soit 12 épisodes d’environ 1 heure chacun) s’achève sur ce message : « à suivre… »

On aime

Tentaculaire, foisonnante, rythmée, frénétique : Shantaram est une série d’aventures pleine de rebondissements, d’action et de tension. L’histoire de Lin, ex-junkie et braqueur de banque en fuite dans l’Inde des années 80, est de celles qui vous emportent dans un tourbillon et vous plonge dans les dédales sordides des bidonvilles, le monde interlope des trafiquants, le café où se retrouvent les criminels expatriés, les rues poussiéreuses de Bombay, les vieux palais coloniaux. 

On y croise toute une galerie de seconds rôles, du plus naïf au plus dangereux : le candide Prabhu, la sulfureuse Karla, l’escroc français Didier, les macs et trafiquants Sebastian et Maurizio, la prostituée Lisa, le baron du crime Khader Khan et son homme de main… Autant de personnages que côtoie Lin, interprété par un Charlie Hunnam suffisamment convaincant pour qu’on y croit (malgré un accent australien parfois forcé).

Il y a un souffle épique, une atmosphère prégnante qui passe du sordide à l’exotique, une tension permanente à mesure que l’on tremble pour Lin, ce héros qui court le risque d’être démasqué et rattrapé par son passé (que l’on découvre dans des flash-back), mais aussi menacé par le monde dangereux dans lequel le plonge sa condition de fugitif.  Un héros, aussi, bourrelé de culpabilité et de remords – quand ironiquement Shantaram signifie « homme de paix ». 

On aime moins

Tentaculaire, foisonnante, rythmée, frénétique : Shantaram a les défauts de ses qualités. Le récit juxtapose des arcs narratifs qui semblent secondaires avant de les relier à l’intrigue principale, en abandonne certains pendant plusieurs épisodes avant de les ramener à l’écran, de sorte qu’on peut trouver la narration chaotique et difficile à suivre.  

La série a choisi de se concentrer sur l’action, mais sans renoncer totalement à l’arrière-plan philosophique. Malheureusement, les digressions morales apparaissent de manière ponctuelle voire incongrue au détour d’une réflexion en voix off de Lin – et elles sont souvent d’une naïveté déconcertante. De sorte que ce Shantaram ne fait qu’effleurer des notions telles que le sentiment de culpabilité, la rédemption, le destin ou la paix intérieure. 

On retrouve aussi à l’écran deux défauts inhérents au livre. D’une part, l’image de Lin comme un héros idéaliste, en atténuant sa responsabilité ou en trouvant des excuse faciles s à ce fugitif ex-junkie, braqueur  impliqué dans un meurtre ; d’autre part, des clichés perpétuant les stéréotypes et idées reçues sur l’Inde (un journal de Bombay a même qualifié le roman et la série de « fantasme pour touristes occidentaux en quête de spirituel »…)

On regarde si… on est prêt à se laisser emporter dans le parcours tumultueux de Lin, au cœur d’un Bombay sombre et violent ; on est fan de Charlie Hunnam, très impliqué dans le rôle ; on a envie d’une série pleine de rebondissements, d’action et de multiples intrigues.

On ne regarde pas si… on veut une transposition littérale du roman, la série prenant naturellement beaucoup de liberté ; on aime les séries pétillantes style Bollywood plutôt que La cité de la joie ; on cherche une série courte et facile d’accès.

Shantaram.
10 épisodes de 55′ environ.
Apple TV+.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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