En salles le 3 décembre, Teresa de Teona Strugar Mitevska revisite la figure mondialement connue de Mère Teresa à travers une semaine décisive de sa vie. Le film est porté par la talentueuse Noomi Rapace. Nous sommes allés le voir pour vous, on vous donne notre ressenti.
Calcutta, 1948. Teresa s’apprête à quitter le couvent pour fonder son propre ordre. Elle traverse une semaine où tout vacille. Dans une ville écrasée par la pauvreté et les maladies, elle se heurte à la réalité brute de ce monde qu’elle veut servir. À l’intérieur même du couvent, les certitudes se fissurent : une situation délicate concernant l’une des sœurs vient troubler l’équilibre de la communauté et confronte Teresa à ses propres contradictions.
Avec Teresa, présenté dans la sélection Orizzonti à Venise, la réalisatrice macédonienne Teona Strugar Mitevska propose un film reculé des images pieuses et figées de Mère Teresa. Le long-métrage, porté par une Noomi Rapace intense, se concentre sur une seule semaine de la vie d’Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, en 1948, au moment où elle s’apprête à fonder l’ordre des Missionnaires de la Charité.

Loin des clichés de Teresa
Dans Teresa, Teona Strugar Mitevska s’éloigne radicalement de l’image douce, lumineuse et presque immatérielle à laquelle Mère Teresa est souvent réduite. La réalisatrice le revendique : elle souhaite montrer une femme complexe, ambitieuse, parfois dure, bien loin des représentations figées. « Elle n’est pas vraiment empathique ni douce, mais il se dégage d’elle une puissance », explique-t-elle dans le dossier de presse. Cette dimension est bien confirmée par un choix musical radical.
Et c’est vrai que le film surprend. Nous sommes immédiatement déstabilisés par cette version sombre et froide du personnage, si éloignée de la figure presque sacrée que nous avons tous en tête. Cette ambiance, presque oppressante par moments, brouille nos repères : on ne retrouve pas ce que l’on pense connaître de Mère Teresa, et ce décalage peut désarçonner.
Mais c’est sans doute là que réside la force du film : il impose un regard neuf, brut, qui oblige à reconsidérer l’icône derrière le mythe. Au lieu d’une figure sainte, idéalisée et intouchable, le film montre une femme confrontée au doute, à la stratégie, à la fatigue, à ses propres contradictions. Un choix risqué, mais profondément assumé.
Un film nourri de quinze ans de recherches
Si le film Teresa dégage une telle densité, c’est parce qu’il s’appuie sur plus de quinze ans de recherches. La réalisatrice et sa sœur productrice disposent notamment d’entretiens vidéo précieux avec les quatre dernières sœurs fondatrices de l’ordre. Certains dialogues du film en sont d’ailleurs directement tirés. Le tournage en Inde, avec 400 figurants et une équipe de 300 personnes, confère au récit une dimension quasi documentaire.

Et cette authenticité se ressent à l’écran. Nous sommes frappés par le contraste saisissant entre le froid presque austère du couvent et l’explosion de couleurs et de chaos qui surgit dès que l’on pousse une porte sur les rues de Calcutta. Cette transition brutale donne l’impression de basculer d’un monde à l’autre en un seul plan.
Le film ne détourne pas non plus le regard. On est confronté sans filtre aux réalités de la pauvreté, de la maladie, des corps meurtris. Rien n’est esthétisé, rien n’est adouci. Cette honnêteté rappelle la démarche documentaire, même dans la mise en scène.
Retour en images sur le photocall de TERESA, présenté hier en avant-première à Paris. ✨
— Nour Films (@nourfilms_) November 28, 2025
Un film de Teona Strugar Mitevska, avec Noomi Rapace qui incarne l’icône Mère Teresa.
“Une enquête sur la femme derrière le mythe." La Septième Obsession
Au cinéma le 03 décembre pic.twitter.com/VOu6DMvqoZ
Une atmosphère troublante
Un autre aspect marquant du film réside dans son atmosphère, souvent teintée de folie et de cauchemar. La réalisatrice crée un climat de tension permanente. Certaines séquences semblent flotter dans un entre-deux, entre réalité et hallucination, comme si Teresa elle-même vacillait. Le compte à rebours des sept jours décisifs accentue naturellement le sentiment oppressant.
Cette impression est renforcée par le traitement sonore, particulièrement minimaliste. Les dialogues sont espacés et les silences prolongés. Laisse alors surgir des bruits du quotidien : un craquement, des pas, une porte qui grince. Ces éléments deviennent presque pesants. Nous avons trouvé ces moments d’une intensité inattendue pour un biopic religieux. Ils participent à créer un portrait déroutant. Rendez-vous dans les salles le 3 décembre pour découvrir Mère Térésa sous un nouveau prisme.