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On regarde ou pas ? The cleaning lady, thriller efficace et musclé

Dans The cleaning lady, Elodie Yung incarne une femme de ménage immigrée clandestine qui devient « nettoyeuse » pour la pègre. 

C’est quoi, The cleaning lady ? Thony De La Rosa (Elodie Yung), médecin aux Philippines, est venue aux États-Unis afin de faire soigner son fils de 5 ans, atteint d’une maladie rare et potentiellement mortelle. Alors que son visa a expiré, elle travaille à Las Vegas comme femme de ménage aux côtés de sa belle-sœur Fiona (Martha Millan) pour subvenir aux besoins de son enfant. Un soir, alors qu’elle est sur le point d’être exécutée après avoir assisté à un meurtre, Thony est finalement « recrutée » par le mafieux Arman Morales (Adan Canto) pour « nettoyer » les scènes de crimes et effacer les preuves. Mais lorsqu’elle se retrouve dans le collimateur de l’agent du FBI Gareth Miller (Oliver Hudson), la jeune femme commence à jouer un double jeu dangereux…

L’essentiel

Lancée aux États-Unis en 2022 et déjà renouvelée pour une troisième saison, The cleaning lady est adaptée d’une série argentine de 2017 qui a du reste déjà donné lieu à un remake mexicain en 2021. L’histoire est globalement la même, le changement le plus notable étant l’origine de l’héroïne, cette fois venue d’Asie du Sud-Est. Une modification qui fait sens, puisque c’est Miranda Kwok, scénariste canadienne d’origine chinoise, qui a signé cette adaptation. Et l’interprète du rôle principal n’est autre que la Française Élodie Yung, que l’on a découverte dans Les Bleus premiers pas dans la police avant de la voir incarner Elektra dans Daredevil et The Defenders

On aime

Avec une construction claire et bien structurée, The cleaning lady ne s’embarrasse pas de circonvolutions et nous précipite immédiatement dans l’histoire. Le premier épisode ne laisse aucun répit, il est bourré d’action et surtout d’informations. Une femme de ménage immigrée clandestine, qui était médecin à Manille et dont le fils est gravement malade, est témoin d’un meurtre ; elle est recrutée par la pègre en tant que nettoyeuse de scènes de crimes, découvre que sa belle-sœur trafique de la drogue, sauve la vie de deux personnes, survit à une explosion et est probablement suivie par le FBI. Pas mal, en 45 minutes !

Avec une telle quantité d’éléments, on pourrait frôler la saturation. Or, la série introduit l’ensemble de manière didactique et efficace et le reste est à l’avenant. Malgré des épisodes forcément moins convaincants, elle maintient un rythme enlevé, multiplie les scènes d’action et de tension avec plusieurs intrigues qui se croisent et s’imbriquent en permanence.

The Cleaning lady joue aussi sur le mélange des genres. C’est à la fois une série de suspense, d’action, un drama (avec la maladie du petit Luca), un thriller criminel ; mais elle comporte aussi un aspect romanesque avec la relation amoureuse qui se dessine progressivement entre l’héroïne et le mafieux, une petite touche sociale avec la situation des immigrés clandestins aux États-Unis  et même un humour malicieux bienvenu – par exemple dans les scènes de nettoyage tournées façon Les Experts. Après tout, on est à Las Vegas. 

Reste que l’attrait principal de la série, c’est bien Elodie Yung. Il lui suffit d’une poignée de scènes pour créer un vrai personnage, capable de dureté et de tendresse sans jamais devenir excessivement féroce ou mielleuse. Et on s’attache forcément à cette femme intelligente, bad ass, piégée dans une situation dangereuse, qui tente de sauver son fils et se retrouve en porte-à-faux entre la mafia, sa famille, le FBI… 

On aime moins

The cleaning lady fait partie de ces séries qu’il faut prendre telle qu’elle est, sans chercher à aller plus loin. Elle n’a pas pour objectif de révolutionner le petit monde des séries, juste d’ offrir un bon divertissement, prenant et agréable à suivre. Certains rebondissements sont peu crédibles et l’histoire en elle-même manque d’un sentiment d’authenticité : on voit souvent les ficelles d’un scénario qui bascule parfois dans la facilité. 

En outre, tout va très (trop?) vite. D’abord au détriment de l’approfondissement des personnages, les seconds rôles en particulier restent brossés à grands traits. A fortiori parce que des acteurs comme Adan Canto ou Olivier Hudson ne sont pas à la hauteur de Elodie Yung. Ensuite, au détriment de l’intrigue elle-même qui précipite les événements – l’entrée en scène du FBI, par exemple, survient sans doute un peu trop tôt, rajoutant pour Thony un dilemme supplémentaire sans prendre le temps d’explorer la situation déjà complexe dans laquelle elle se trouve au départ. 

Enfin, il faut aussi accepter que la série joue sur plusieurs tableaux, jongle entre action, drama, romance, thriller, etc.  de façon pas toujours subtile. On sent aussi que les scénaristes mettent tout en œuvre pour exploiter les émotions des spectateurs et tirer sur la corde sensible, sans toujours éviter le sentimentalisme facile ou le politiquement correct. Attendez-vous à au moins un dialogue mélodramatique sur la santé de Luca et à un échange sur le statut juridique de Thony dans chaque épisode… Le sujet sensible de l’immigration aux États-Unis et des difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs clandestins  aurait gagné à être exploré avec davantage de finesse, alors qu’il reste traité ici comme un simple prétexte ou ressort scénaristique. 

On regarde si… on cherche une série rythmée et efficace, avec une histoire prenante dans laquelle on plonge la tête la première ; on n’a pas envie de trop réfléchir ou de se prendre la tête ; on adore Elodie Yung, qui livre une excellente performance (comme d’hab).

On ne regarde pas si…  on veut une histoire complexe qui explore aussi la dimension sociale de son sujet ; on aime les séries subtiles avec une vraie profondeur ; on sait déjà comment nettoyer des tâches de sang ou décoller des morceaux de cervelle d’un tapis.. 

The cleaning lady
2 saisons – épisodes de 42′ environ.
Sur Série Club à partir du 4 Janvier

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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