Dans The Resort, nouvelle série produite par le créateur de Mr Robot, on accompagne un couple en crise dans une enquête plus complexe qu’il n’y paraît.
C’est quoi, The Resort ? Emma (Cristin Milioti) et son mari Noah (William Jackson Harper) arrivent dans un hôtel de luxe à Cancun pour célébrer leur dixième anniversaire de mariage… et tenter de raviver la flamme. Lors d’une excursion, Emma tombe par hasard sur un vieux téléphone portable, abandonné depuis des années : il appartient à Sam (Skyler Gisondo), un jeune homme porté disparu. Avec sa petite amie Violet (Nina Bloomgarden), ils se sont volatilisés en 2007 juste avant qu’un ouragan ne dévaste la station balnéaire, effaçant tout indice et laissant l’affaire irrésolue. Découvrir ce qui est arrivé à Violet et Sam devient une obsession pour Emma, qui entraîne son mari dans une enquête beaucoup plus dangereuse et perturbante que ce qu’ils pensaient.
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L’essentiel
Lancée l’été dernier aux États-Unis, The Resort arrive sur Canal+ et MyCanal. Produite par Sam Esmail (Mr Robot), la série a été créée par Andy Siara, scénariste du film Palm Springs qui en reprend plusieurs aspects comme le cadre idyllique, une double chronologie, un mélange des genres de plus en plus prégnant au fil des épisodes et Cristin Milioti dans le rôle principal.
Au cours des huit épisodes, on suit un couple en vacances à Cancun qui se retrouve par hasard à enquêter sur la disparition de Sam et Emma, survenue 15 ans plus tôt. Un mystère jamais résolu qui va obséder nos deux héros, déterminés à découvrir ce qui est arrivé au jeune couple (et à fuir leurs propres problèmes conjugaux.) Au fil de leur enquête, en interrogeant le personnel de l’hôtel ou les habitants, ils vont aussi comprendre si leur mariage mérite d’être sauvé… ou non. Mais dans les deux cas, ils n’ont aucune idée des secrets très perturbants que cache l’hôtel.
On aime
The Resort est une série prenante dès les premières minutes. D’abord, son format joue en sa faveur : les épisodes d’une demi-heure sont ponctués de sauts dans le temps fluides et dynamiques, d’une période à l’autre et d’un couple à l’autre. En outre, la tension des scènes du passé est accentuée par la menace qui plane sur la station balnéaire et le compte à rebours – nous savons qu’un ouragan va tout dévaster. A mesure que le récit passe du présent au passé et vice-versa, on découvre l’histoire de Sam et Violet au même rythme que Emma et Noah. La mise en scène parvient à faire communiquer efficacement les deux plans temporels, donnant l’impression d’une proximité de plus en plus forte entre les deux couples en créant une mise en parallèle intrigante.
La série sait aussi jouer avec différents genres. Elle passe du drame à la comédie, du suspense au mystère. Ce qui commence comme une banale comédie romantique bascule rapidement dans l’enquête avec ses rebondissements, les situations et dialogues apportent constamment une petite touche d’humour, et soudain on tombe dans quelque chose d’autre – impossible à dévoiler sous peine de gâcher tout le plaisir mais disons que la petite série légère prend une dimension presque métaphysique. La série parvient à insuffler une curiosité croissante à chaque nouvelle révélation et elle déroule son histoire avec suffisamment d’habileté pour emmener le spectateur exactement là où elle le veut.
Avec en tête d’affiche une Cristin Milioti (How I met your mother) toujours brillante dans les rôles entre comédie et drama et un William Jackson Harper qui nous avait manqué depuis The good place, le casting fonctionne parfaitement. Notamment parce que les deux acteurs sont accompagnés par des comédiens tout aussi formidables dans les rôles secondaires – dont Nick Offerman (The last of us) et Skyler Gisondo (Santa Clarita Diet), dont la présence s’intensifie au fur et à mesure que les flash-back de 2007 se répètent.
On aime moins
On l’a dit, The Resort commence comme une petite comédie romantique matinée d’une enquête à suspense – ou l’inverse. Jusqu’au quatrième épisode, qui change complètement la donne en basculant dans tout à fait autre chose. Ce basculement est inattendu et extrêmement déstabilisant, parce qu’il survient de manière brutale et sans aucun signe avant-coureur. Ce qui peut perdre le spectateur qui a une idée bien arrêtée du type de série qu’il va regarder. A chacun de voir s’il se laisse convaincre par le choix du scénariste ou s’il décroche complètement à partir de ce moment-là.
Et le choix d’ajouter une autre dimension à l’histoire – et cette dimension là, en particulier – ne plaira pas à tout le monde. Pas seulement en raison du changement de registre en lui-même, mais parce que la série devient alors moins légère, aborde des thèmes plus sérieux. On ne tombe jamais dans le drama et The Resort conserve jusqu’au bout sa touche d’humour, mais l’enquête menée par Emma et Noah et le sort de Sam et Violet soulève un certain nombre de réflexions et ouvre des perspectives auxquelles on ne s’attendait vraiment pas.
On regarde si… on est attiré par un cross-over entre Only Murders in the Building ,White Lotus et A la poursuite du diamant vert ; on aime se laisser surprendre et déstabiliser ; on ne part pas en vacances mais on n’a rien contre un séjour virtuel à Cancun.
On ne regarde pas si… on aime les séries carrées qui s’inscrivent dans un genre et y restent fidèles jusqu’au bout ; on n’a pas envie de se prendre la tête avec des questions complexes quasiment philosophiques ; on ne part pas en vacances et on n’a aucune envie de voir des gens bronzer à Cancun.
The Resort
8 épisodes de 35′ environ.
A partir du 12 Juillet sur Canal+ et MyCanal