Deux ans après la fin de Profilage, TF1 propose la nouvelle série de Fanny Robert et Sophie Lebarbier, Vise le cœur, portée par Claire Keim et Lannick Gautry.
C’est quoi Vise le cœur ? Julia Scola, commandante de police respectée et expérimentée, doit faire face à l’hostilité ambiante après le témoignage décisif qu’elle a apporté dans une affaire de viol mettant en cause certains de ses anciens collègues. C’est dans cette atmosphère électrique qu’elle et son équipe enquêtent sur la disparition inquiétante d’une femme au domicile de laquelle on a retrouvé beaucoup de sang… et un loup. Comment a-t-il atterri dans la cave d’une maison de banlieue sans histoire ? Qu’est-ce que la présence de ce loup signifie ? Pour Julia, répondre à ces questions, c’est retrouver leur victime… s’il n’est pas trop tard. Mais comment avoir les idées claires quand Novak, son meilleur ennemi d’enfance, le grand amour de sa vie, fraîchement nommé commissaire, débarque armé de son charme ravageur après vingt ans de silence ?
L’essentiel
Après 10 ans de Profilage et une mini série prenante, L’homme que j’ai condamné (M6), Sophie Lebarbier et Fanny Robert signent leur retour à la tête d’une série avec Vise le cœur en réunissant à l’écran Claire Keim et Lannick Gautry (déjà réunis par le passé dans Nom de Code : Rose) dans une histoire redoutablement efficace.
Pour faire simple : imaginer que la narration dramatique de This is us rencontre le polar psychologique efficace de Profilage et cela donne une série qui vit grâce à ces deux lignes narratives qui se suivent et se répondent. D’un côté, comme dans This is us, les flashbacks sur la vie de Julia et Novak, enfant ou ado, permettent de mieux comprendre ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, détails que parfois seul le spectateur connaît (en plus du personnage concerné). De l’autre, les enquêtes policières à forte dominante psychologique (comme dans Profilage) de ce binôme atypique reliées par un point commun : elles répondent toutes aux peurs ou aux traumas des enfants (ce qui est aussi par ricochet, le sujet des flashbacks de Julia et Novak). A la différence d’autres polars qui usent avec parcimonie du feuilletonnant, Vise le cœur est une vraie série feuilletonnante où tous les éléments se trouvent imbriquer les uns dans les autres et il faut voir chaque épisode dans l’ordre attribué pour en saisir tout l’intérêt. Car ici, la partie la plus intéressante n’est pas forcément celle que l’on croit.
De plus, avec cette série, TF1 fait le pari d’un univers relativement sombre, malgré ce que dit l’affiche de la série qui est bien plus lumineuse.
On aime
Vise le cœur est une série réussie car elle reprend le meilleur de Profilage soit des épisodes « concept » (comme le second qui évoque des enlèvements qui pourraient être liés à des OVNIS … ou pas) forts qui nous tiennent en haleine. A ce meilleur de Profilage, elle y ajoute la vraie réussite de la série que sont les flashbacks, brillamment écrits et mis en scène pour les rendre addictifs. Au point qu’en un seul épisode, ils deviennent la marque de fabrique de la série. Ils ne cessent de réserver leur lot de surprises et de twists, un peu comme le faisaient ceux de This is us ou encore ceux de Lost. Grâce à ces flashbacks, la série prend une dimension drama qu’elle n’avait pas et hausse son niveau d’un coup (sans ça, on aurait eu une nouvelle série policière plus classique).
Il convient de saluer le très bon travail opéré par le casting dans le choix des jeunes acteurs qui campent Julia et Novak enfant ou ado, et qui sont tous remarquables de ressemblance mais aussi dans leur jeu (Marina Giroud Griscelli (Julia 9 ans), Victor Valverdé (Novak 9 ans), Philippine de Fabry (Julia 18 ans) pour qui on a eu un gros coup de cœur, et Axel Naroditzky (Novak 18 ans)).
On aime aussi
Le casting de la série qui matche vraiment bien. En premier lieu, on tient à souligner l’excellente partition que joue Raphael Ferret (le papa de Julia « jeune ») tout en complexité et qui peut ici vraiment démontrer à quel point il est un excellent comédien (comme au meilleur de Profilage avant que son personnage ne devienne plus caricatural). Idem pour Lannick Gautry qui trouve avec Novak un rôle qui le met davantage en valeur, loin du « beau gosse mystérieux » auquel on le cantonne un peu trop souvent. Novak lui va comme un gant et l’aspect cabotin du personnage qui d’ordinaire peut agacer, fonctionne ici très bien. Et enfin Claire Keim, très loin de l’image toujours classe, bien apprêtée dans laquelle on la voit souvent. Très souvent ! Elle trouve ici un rôle plus dur, plus rugueux, presque badass qui lui permet d’explorer une palette de jeu bien plus importante.
On aime moins
Visiblement pensée comme une mini série, Vise le cœur devrait revenir, en cas de succès, pour une saison 2. Et on a du mal à voir ce que la série pourrait raconter sans tomber dans quelque chose de plus banale. En effet, si le 6ème épisode ouvre la voie à une possible suite, on peine à voir quoi tant la trajectoire des personnages semblent arriver à son terme. Or, comme on l’a dit, c’est leur passé qui semble le plus intéressant et il ne peut pas contenir trop de mystères. Que faire donc et que raconter ? Réponse après la diffusion des 6 épisodes de la saison 1.
De plus, il serait utile de renouveler un peu le modèle des séries policières qui peinent à proposer autre chose qu’un binôme d’enquêteurs secondé par une équipe d’adjoints, même si dans le cas présent (Noémie Chicheportiche, Zinedine Soualem et Waly Dia), ils sont totalement efficaces et à leur place. Dans Vise le cœur, Julia et Novak sont tellement présents à tous les niveaux de la narration qu’ils se suffisaient à eux même.
On regarde si … on veut continuer à apprécier le tournant que prend la fiction française de TF1 depuis quelques années, avec des séries plus travaillées, plus sombres mais qui n’oublie jamais pour autant d’être efficace et de penser au public qui va les regarder.
On ne regarde pas si … on fait une overdose de séries policières que l’on ne cesse de voir en boucle sur toutes les chaînes.
Vise le cœur
6 épisodes de 52 minutes
Diffusion dès le 1er septembre 2022 sur TF1
Déjà sur SALTO