« Hey vas-y la folie lève la patte et bouge-la de gauche à droite ! » 22 heures, l’ambiance est posée dans le grand bâtiment rouge du bar « à la folie » située dans le 19e arrondissement de Paris. Tous les mois, les amateurs de rap, qui suivent la page Facebook « Chineurs de Rap », s’y retrouvent pour rapper sur scène ouverte.
Pour s’y plonger, rien de plus simple ! Passez les lourdes portes d’entrée, puis prenez sur votre gauche derrière les rideaux gris anthracite. Descendez ensuite les quelques marches pour vous retrouver en contrebas de la salle de restaurant. Vous serez alors isolé par un escalier gris métallique ainsi qu’une large rampe teintée d’une mosaïque de carrés bleus. Vous trouverez alors une multitude d’artistes venus de tous horizons qui s’adonnent au freestyle de rap coincés entre le DJ et les spectateurs qui les encerclent.
« Je viens ici pour me professionnaliser »
« Je fais des open-mic quasiment tous les jours. Par exemple j’en ai fait un hier, avant hier et j’en ai deux de prévus en fin de semaine », témoigne Nastitrik. 22 ans, un cuir vieilli sur le dos, une casquette blanche et des lunettes fumés, il écume les open-mic depuis trois ans maintenant. Régisseur radio le jour, le rappeur du 95 ne le cache pas : il vient ici pour se « professionnaliser ». Alors qu’il a lancé sa compilation « Etat d’urgence volume 1 » en mars 2017, il prévoit de sortir une nouvelle mixtape en 2018. Celle-ci lui permettrait de tourner en « showcase » et ainsi, continuer à progresser dans ce milieu.
Quasi-Modo, l’égérie du groupe « Chineurs de rap », organisateur de l’évènement poursuit la même logique. « Les rappeurs qu’on aiment, on veut les mettre en avant. C’est pour ça qu’on organise un concert avant l’open-mic. Mais c’est aussi grâce à l’open-mic que certains se révèlent à nous et nous donnent envie ensuite de les mettre seul en scène. »
« J’ai ressenti comme une pulsion, j’avais besoin de rapper »
La rappeuse Amnez, 33 ans et gestionnaire logistique est, elle, à la recherche de sensations. Quatre années qu’elle va de gauche à droite présenter sa musique sur des scènes ou des studios de radio. « J’ai passé une semaine en tension, je suis venu ici ce soir spontanément, j’ai ressenti comme une pulsion, j’avais besoin de rapper », confie-t-elle.
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« Je suis là avant tout pour le plaisir et le partage »
Le micro se passe de main en main. DJ GHighDjo balance instru après instru. Le néon vert éclaire le centre de la piste où chante Oxinz entouré d’une cinquantaine de spectateurs : « J’ai arrêté les cours en première et je m’occupe maintenant dans un service civique. » Le rappeur du 94 n’a même pas 18 ans mais vient en open-mic depuis déjà deux ans : « Je suis là avant tout pour le plaisir et le partage, j’écris sans arrêt. » C’est rien de le dire puisque Oxinz a pour projet de sortir deux albums de 14 titres en 2018.
« On vient sur Paris car c’est ici que tout se passe »
C’est alors que débarque une fratrie de trois frères. Leurs flows techniques enflamment la piste. Kelly, 22 ans, « vagabond » comme il se définit, est venu avec ses deux frères Darly Zed, 24 ans, étudiant en comptabilité et Liyo, 17 ans, lycéen. Ils débarquent tout droit de Bruxelles, nouvelle place chaude du rap francophone : « On vient sur Paris car c’est ici que tout se passe. On est là pour acquérir de la visibilité, faire des connexions avec d’autres rappeurs. »
A peine leur prestation finie, Quasi-Modo s’approche d’eux pour prendre contact… et les inviter à faire un prochain concert seul en scène.
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Repérez le prochain évènement et rendez-vous au bar « À la folie » au 26, avenue Corentin Cariou à Paris.[/alert]