Les 1er et 8 juillet prochain, France 3 rediffuse la saison 1 de Origines avant une saison 2 repensée. Mais c’est bien Origines?
Origines c’est quoi? Généalogiste professionnelle et «chasseuse d’héritiers» dans le cadre d’une succession, Margot Laurent recherche une femme disparue depuis 1962. Seule piste : une carte postale où figure une grande maison, celle des Manin. Sur place, la quinquagénaire dynamique tombe sur un meurtre : la fille du patriarche vient d’être assassinée. Les deux événements sont-ils liés ? Le commissaire chargé de l’enquête, une vieille connaissance de Margot, lui demande d’apporter son aide au jeune capitaine Arthur du Plessis, récemment muté de Paris. Ce dernier collabore à contrecœur avec cette «civile» de vingt ans son aînée. [youtube id= »liqHR4G46cY »]
Un casting vraiment soigné. Le duo Micky Sébastian/ Julien Baumgartner fonctionne très bien. Elle apporte son sourire et sa douceur qui contraste avec la dureté des enquêtes; il apporte une présence et un flegme qui lui vont bien. Les deux se marient très bien, aucun ne marche sur les pieds de l’autre, chacun a une place parfaitement définie. A leurs cotés, Maud Forget en jeune recrue de la police est la partie fraîcheur de l’équipe, on aurait juste aimé qu’on lui donne un peu plus à jouer que ça n’est le cas dans ces 6 épisodes. Christian Rauth passe d’enquêteur dans Navarro à commissaire dans Origines et ça lui va plutôt bien. Et n’oublions pas Soeur Astrid pour seconder Margot dans ses recherches. Oui oui une bonne sœur comme partenaire d’enquête. Une pure fiction? Une grosse fantaisie? Le couvent dont on parle dans la série serait inspirée de l’abbaye de Saint-Wandrille de Fontenelle, une confrérie de bénédictins située en Haute-Normandie, confrérie de moines copistes. Un personnage qui relève quand même un peu du gadget tant il y a un côté un peu systématique dans le fait qu’elle ait réponse à tout mais ce n’est finalement pas très grave.
Une ambiance so british. En prenant place dans un petit village, les auteurs ont réussi à instaurer une ambiance que l’on retrouve dans des romans d’Agatha Christie ou dans certaines séries britanniques comme Barnaby. Et n’en doutons pas, on est très vite emporté par une atmosphère pleine de mystères. La musique signée Alex Jaffray du générique achève de nous emporter et nous permet de pleinement apprécié les histoires qui nous sont proposées.
Le gros point fort de la série ce sont ses enquêtes. J’ai souvent reproché aux séries françaises de manquer d’imagination dans la conception des crimes, ce n’est pas le cas ici. Double avantage. Les épisodes commencent toujours par un crime plutôt « original » (un corps momifié d’enfant retrouvé dans une armoire ou un homme sauvé d’une tentative de suicide, qui prétend être mort depuis 250 ans et qui oublie chaque jour ce qu’il s’est passé la veille). Autre force, la série ne se termine jamais comme on pense et chaque épisode sait nous entraîner dans une direction que l’on attendait pas, interrogeant au passage le passé de notre pays (les camps d’internement pour mineur dans les années 30, la guerre d’Indochine ou le sort des Antillais qu’on a fait venir en France dans les années 70). En ça, la série nous rappelle bien naturellement un peu Cold Case, même si elle n’en a pas encore la finesse. Mais elle partage avec elle de replacer l’humain au cœur de ses intrigues. Le passé, notre passé, a une influence sur chacun d’entre nous et c’est ce que raconte la série.
Mais alors que la saison 2 de Origines devait débuter (plus d’un an après la diffusion de la saison 1), on apprenait via un communiqué en octobre dernier du Groupe 25 Images (Association de réalisateurs de films de télévision) et co-signée par AAFA (Actrices et Acteurs de France Associés) que l’héroïne de la série, Micky Sébastian était virée de la série: « Nous, créateurs de fiction, venons d’apprendre avec stupeur l’éviction de la comédienne principale d’une série, six jours avant un tournage prévu pour quatre mois et après deux années de développement de la saison 2. La décision, vraisemblablement venue de la direction de la fiction de France 3, est tombée la veille du tournage comme un couperet, interrompant brutalement le travail de toute une équipe, une centaine de personnes.
Si nous, créateurs, sommes préparés au verdict parfois sévère du public et à ses conséquences, le mépris de certains responsables diffuseurs, ne saurait remplacer l’absence de cohérence et le manque d’éthique qui nous font douter du bien fondé-même de cette éviction […] Cela fait bien longtemps, au fil des rumeurs et au gré des fantaisies proches d’une forme de tyrannie, que l’on constate des évictions brutales et arbitraires. Les cibles en sont des auteurs – scénaristes, réalisateurs et compositeurs –, des artistes, des producteurs, des créateurs, les privant,du fait même de ces méthodes, de leur liberté d’expression et de leur légitime droit au travail. »
Il a été très difficile depuis d’en savoir plus sur les raisons véritables de cette éviction mais on sait que c’est la comédienne Vanessa David (WorkinGirls) qui reprendra le rôle principal d’une série dont la production de deuxième saison aura été des plus chaotiques.
Crédit: France 3